La slow fashion : un mode de production plus éthique et écologique
Tout savoir sur ce modèle de production durable, qui limite les conséquences néfastes de l’industrie textile.
Table des matières
La slow fashion : définition
La slow fashion est un ensemble de pratiques visant à produire de façon plus responsable. Ce mode de production, qui peut se traduire par “mode ralentie”, favorise une consommation plus sobre, qui se veut éthique et durable.
La slow fashion vise ainsi à produire des textiles ou objets de meilleure qualité, fabriqués dans de bonnes conditions, à partir de matières premières plus écologiques. L’ensemble du cycle de vie (ACV) d’un produit est étudié pour avoir l’impact le moins négatif possible, aussi bien sur l’humain que sur l’environnement : design, utilisation des ressources, conditions de fabrication et fin de vie.
Mais ce mouvement promeut aussi des manières de consommer alternatives : seconde main, réparation, recyclage, upcycling (réutilisation d’un déchet pour créer un nouveau produit de qualité) ou encore DIY (Do It Yourself ou “fais-le toi-même”).
Les marques slow fashion
Même si toutes les marques que nous référençons prétendent à une production slow fashion car fabriquent localement, en voici quelques unes qui vont encore plus loin :
- Vent de voyage qui récupère des toiles de voiliers pour en faire des sacs.
- Le Lin d’Ariane qui confectionne dans son atelier du linge de maison (torchons, serviettes, plaids, etc.) à partir de lin, une plante peu exigeante.
- 1083 qui essaye au maximum de réaliser toutes les étapes de production de ses jeans en France, pour réduire son bilan carbone.
- Mon Sapin Durable qui emploie du bois durable des Landes pour fabriquer ses sapins de Noël réutilisables.
- Laines Paysannes qui maîtrise toute la chaîne de fabrication de ses vêtements : de la tonte à la confection !
- Émilie Prose qui réalise des pièces de prêt à porter féminin (jupes et robes) à la demande.
D’où provient la slow fashion ?
Une réponse à la fast fashion
La slow fashion est apparue comme une réponse à la fast fashion, avec son obsolescence programmée et l’hyperconsommation qu’elle érige en modèle. La mode jetable est apparue dans les années 90 et son modèle domine effectivement l’industrie textile actuellement. Elle valorise une production de masse à bas prix et de piètre qualité, faisant de l’industrie de la mode l’une des plus polluantes au monde.
- Elle recourt à des matières premières fossiles issues de la pétrochimie (polyester, polyamide, acrylique…) ou bien de cultures intensives gourmandes en eaux et produits chimiques (coton conventionnel).
- Elle utilise des substances nocives pour l’homme et l’environnement (colorants, teintures…).
- Cette fabrication intensive se fait majoritairement dans des pays dont les usines utilisent des énergies polluantes (charbon, gaz…).
- Les textiles parcourent des milliers de kilomètres tout au long de leur cycle de vie, depuis les différentes usines de fabrication et transformation jusqu’aux étagères des magasins.
- Le lavage de certaines fibres, notamment le polyester, constitue une source de pollution supplémentaire. Des microparticules de plastiques trop fines pour être filtrées finissent leur vie dans les océans.
- En fin de vie, les produits sont jetés, les invendus éliminés, conduisant à un véritable gaspillage, mais aussi à une pollution supplémentaire (incinération, décharges à ciel ouvert).
Ainsi, si notre tendance actuelle de production se poursuit, le secteur émettra en 2050 près de 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre.
N’oublions pas que les conséquences humaines (sanitaires et sociales) de la fast fashion sont également problématiques.
En rupture totale avec ces dérives, la slow fashion se veut plus vertueuse à tous les niveaux : environnemental, humain et économique. L’expression aurait été inventée par la professeure, autrice et consultante anglaise Kate Fletcher en 2007, dans un article pour le magazine The Ecologist.
En France, le concept reste encore peu connu, mais cela n’empêche pas les consommateurs d’en appliquer certains principes lors de leurs achats : favoriser la qualité, la durabilité ou encore le made in France.
Un concept qui valorise le "moins, mais mieux"
La slow fashion valorise la modération. Elle propose un ralentissement dans notre manière de consommer, avec comme crédo « moins, mais mieux ». Ce mode de production invite à se poser les bonnes questions avant achat : ai-je vraiment besoin de ce vêtement ou de cet objet ?
L’objectif est que l’acte d’achat redevienne conscient et non plus impulsif. L’idée est de recréer du lien avec les pièces que nous achetons, en ne les considérant plus comme des produits jetables et éphémères. La slow fashion vise aussi à nous réapprendre cette philosophie : soigner notre dressing et chérir les pièces que nous avons. Là encore, cette vision est en totale rupture avec la fast fashion et son marketing agressif, valorisant la surconsommation.
Pour conclure, il n’est donc pas question d’arrêter totalement de consommer : nous avons besoin de nous vêtir et le processus d’achat participe à une sensation de plaisir. L’idée est simplement de le faire de façon plus raisonnée.
Les différentes utilisations de la slow fashion
La slow fashion concerne donc la mode. Elle rejoint sémantiquement d’autres mouvements, comme la slow food (réponse à la fast food) ou le slow working.
Nous pouvons la retrouver dans de nombreux domaines de notre quotidien :
- les vêtements pour femmes, hommes et enfants (pantalons, jupes, robes, shorts, pulls, vestes, t-shirts, manteaux, sous-vêtements…) ;
- le linge de maison (housses de couette, draps, taies d’oreiller, plaids…) ;
- la décoration (tenture, objets…) ;
- la maroquinerie (sac à main, sac à dos, portefeuilles, pochettes, valises…) ;
- les accessoires (lunettes, bijoux…).
Actuellement, ce sont surtout de petites marques qui proposent des produits slow fashion, plus rarement de grandes entreprises ou groupes industriels. Sur notre site, les marques appliquent toutes au moins un des principes de la slow fashion, puisqu’elles ont fait le choix de produire en France.
Quels sont les avantages de la slow fashion ?
Des produits de qualité
C’est l’un des arguments mis en valeur par le modèle de la slow fashion : miser sur des produits durables, de grande qualité, qui vont pouvoir être conservés pendant de nombreuses années.
L’idée est aussi que ces produits puissent être facilement réparés ou avoir une seconde vie.
Une plus grande transparence
Les marques qui se revendiquent du mouvement slow fashion ont généralement à cœur de communiquer sur leurs choix de production et sur les étapes de fabrication.
- Pourquoi telle matière a été privilégiée (durabilité, réutilisation, matière première locale…) ?
- Pourquoi la confection est effectuée dans tel atelier (soutien aux populations détentrices d’un savoir-faire spécifique, valorisation de l’économie locale, choix d’une usine appliquant des pratiques écoresponsables…) ?
Cette transparence permet de mieux décortiquer le prix de vente d’un produit et permet au consommateur de comprendre la totalité des coûts de production nécessaires à la conception.
Une démarche qui se veut plus écologique
En essayant de réduire au maximum son empreinte carbone, la slow fashion se veut écoresponsable.
Tout d’abord, le choix des matières premières est primordial. Oubliez les fibres fabriquées à partir de pétrole, connues pour avoir un trop fort impact environnemental. Le coton bio, le lin, le chanvre, le lyocell ou encore le bois sont privilégiés. Si les matières ne sont bio-sourcées (issues de sources vivantes renouvelables), elles proviennent du recyclage (polyester, cuir…) ou de l’upcycling. Les procédés de fabrication sont aussi étudiés pour être moins polluants, par exemple en privilégiant le tannage végétal pour le cuir.
Contrairement à la fast fashion, qui peut sortir de nouvelles collections de vêtements presque toutes les semaines, la slow fashion renouvelle moins souvent ses pièces. En produisant en plus petite quantité et de façon limitée, les marques réduisent la quantité d’énergie utilisée et l’impact carbone de leurs collections. Certaines font même le choix de ne produire qu’en pré-commande (à l’instar de Carrousel France par exemple) : les clients s’engagent à acheter avant la conception, afin que seuls les produits réellement vendus ne soient fabriqués.
Les transports sont également optimisés. La slow fashion cherche à relocaliser la production et à privilégier les circuits courts. Elle favorise la fabrication en France, ou au moins en Europe. En préférant le local, elle réduit l’impact carbone des transports du lieu de production vers le lieu de commercialisation. Cela peut aussi passer par le choix de transports plus longs, mais moins polluants, comme le voilier au lieu de l’avion.
Enfin, la réduction des déchets et le soin porté aux emballages fait aussi partie des enjeux permettant à la slow fashion de s’imposer comme un mode de production plus écologique.
Un modèle plus éthique
La slow fashion cherche aussi à remettre l’humain au cœur des préoccupations. Elle valorise une production dans des conditions sociales et sanitaires décentes, dans le respect des droits des travailleurs : salaire minimum, protection sociale, horaires encadrés, etc.
Mais cela concerne aussi le respect des animaux : les conditions de traitement et de vie se veulent plus responsables.
Certaines marques peuvent choisir de délocaliser leur production dans des pays plus éloignés, pour valoriser un savoir-faire ancestral ou la production raisonnée d’une matière première spécifique. Dans ce cas, le but est d’appliquer les bonnes pratiques du commerce équitable, et non de reproduire les dérives de la fast fashion : manque de sécurité, salaires de misère, exploitation, travail des enfants, etc.
Des nombreux labels de qualité
Les marques de slow fashion utilisent principalement des labels promouvant une démarche plus respectueuse de l’environnement et de l’humain.
On peut citer par exemple :
- Oeko-Tex et GOTS, qui attestent de l’absence de certaines substances nocives dans les produits finaux ;
- Fairtrade Max Havelaar, qui garantit aux producteurs un prix d’achat rémunérateur ;
- FSC et PEFC, qui permet une meilleure traçabilité des fibres de bois ;
- Origine France Garantie, qui assure qu’un produit est majoritairement fabriqué en France.
- Entreprise du Patrimoine Vivant qui est attribué aux entreprises possédant un savoir-faire artisanal ou industriel exceptionnel.
- SloWeAre qui évalue l’engagement eco-responsable des marques de mode.
Une philosophie qui pousse les autres marques à évoluer
Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir consommer mieux. Les grandes entreprises ont bien compris que cette volonté ne pouvait pas être ignorée, c’est pourquoi beaucoup d’entre elles tentent d’être plus responsables. En ce sens, la slow fashion fait petit à petit changer les mentalités.
Notons toutefois qu’il n’est pas toujours évidemment pour le consommateur de s’y retrouver. Si certaines marques semblent réellement vouloir s’engager dans des pratiques plus vertueuses, il existe encore de nombreux cas de greenwashing (avoir un discours écologiste de façade sans application concrète en faveur de la planète).
Quels sont les inconvénients et limites de la slow fashion ?
Des produits neufs plus chers à l’achat
Du fait de choix de production qui se veulent plus éthiques et écologiques, les produits issus de la slow fashion sont nettement plus chers à l’achat que ceux produits en fast fashion. En fabriquant de manière raisonnée, en rémunérant de façon viable tous les intermédiaires, en choisissant des matières premières moins bon marché et en privilégiant la qualité, il est nettement plus difficile de réduire les coûts et d’obtenir des tarifs avantageux.
La slow fashion représente donc un véritable investissement sur le long terme, mais qui n’est pas forcément accessible à toutes les bourses.
Notons que ce constat ne s’applique qu’aux produits neufs : les articles de seconde main ou l’upcycling sont des manières économiques de consommer, qui s’inscrivent tout à fait dans la philosophie de la slow fashion.
Une offre de produits nettement plus limitée
Un mode de fabrication moins massif induit un panel de produits plus restreint. Il est par exemple plus difficile de trouver certaines tailles de vêtements, comme les “plus size”.
Les vêtements de slow fashion étant fabriqués pour durer, ils ne répondent pas aux modes ou tendances éphémères. En cela, ce sont des pièces considérées comme des basiques de la garde-robe, des intemporels. Ils peuvent donc être vus comme plus « ennuyeux », avec un style moins affirmé (couleurs, motifs…), puisque intrinsèquement fait pour être plus classique.
Des habitudes de consommation à faire évoluer
Enfin, le principal frein à la slow fashion est difficile à déconstruire : il s’agit de nos propres modes de consommation. Notre société a en effet pris l’habitude de pouvoir acheter des t-shirts à 5€, de bénéficier constamment de réductions (soldes, ventes privées, codes promo…), de consommer de façon frénétique et compulsive. De même, lorsqu’un vêtement est abîmé (troué ou taché), il est plus facile de le remplacer que de le faire réparer.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.


