Comprendre facilement ce qu'est l'économie circulaire
L'économie circulaire cherche à répondre aux enjeux économiques, écologiques et sociaux actuels, dans la manière de produire et de consommer.
Table des matières
Définition : qu'est-ce que c'est l’économie circulaire ?
L’économie circulaire est un ensemble de pratiques ayant pour objectif de proposer un modèle de production et de consommation plus durable. Elle s’oppose à l’économie classique « jetable », qui se base sur un modèle linéaire énergivore, polluant et non pérenne : extraction des ressources → fabrication des produits → consommation → élimination.
L’économie circulaire vise à subvenir aux besoins actuels des humains sans compromettre ceux des générations futures. Elle s’inspire des écosystèmes naturels, qui fonctionnent de façon cyclique, en réutilisant les ressources disponibles sur place.
Les origines de ce modèle
Les premières théories évoquant un modèle d’économie circulaire remonteraient aux années 70.
Elles seraient issues d’un rapport rendu par le Club de Rome, un groupe de réflexion constitué de scientifiques, économistes, fonctionnaires et industriels de différentes nationalités. Ce rapport, nommé « The Limits To Growth » (les limites de la croissance), parlait déjà d’une raréfaction des ressources naturelles, qui impacterait la société si les habitudes n’étaient pas changées. Il évoquait aussi le problème de gestion des déchets entrainant de la pollution.
Quelques décennies plus tard, l’approche « Cradle to Cradle » du chimiste allemand Michael Braungart et de l’architecte-designer américain William McDonough s’inscrit parfaitement dans le modèle d’économie circulaire. Il privilégie en effet l’écoconception et la réutilisation.
Il faudra attendre les années 2000 pour que l’expression « économie circulaire » soit davantage popularisée.
Mais d’autres sources attribuent la paternité du concept de ce système cyclique à des auteurs comme l’économiste Kenneth Boulding, dans un livre paru en 1966.
Comment fonctionne l'économie circulaire ?
L’économie circulaire prend en compte la nécessité de changer notre modèle actuel, développé après les révolutions industrielles, puis généralisé avec la mondialisation. Celui-ci conduit en effet à la raréfaction des ressources : celles utilisées comme matières premières, notamment les minéraux (sable, gravier, argile…), les combustibles fossiles (pétrole, gaz…) et les métaux, mais aussi les énergies nécessaires à la production (eau, électricité…). Ce modèle polluant participe également au dérèglement climatique, en générant des gaz à effet de serre.
Pour pallier cela, l’économie circulaire cherche à mieux produire, à limiter la consommation et le gaspillage des ressources naturelles. Ces enjeux sont logiquement économiques et environnementaux, mais aussi sociaux. Elle met en avant le partage des produits (location, prêt), la réparation, la rénovation, le recyclage et l’upcycling. Le but est de continuer à valoriser les matériaux tout au long de leur cycle de vie, afin de prolonger leur durée d’utilisation, de réduire les besoins en nouvelles matières premières et la production de déchets. Schématiquement, elle s’inscrit dans une boucle vertueuse.
Le principe d’économie circulaire s’articule autour de 3 domaines et de 7 piliers fondamentaux.
Les 3 domaines de l'économie circulaire
- La conception : l’offre de biens et services proposée par les acteurs économiques.
- La consommation : la demande et le comportement des acheteurs.
- La gestion des déchets.
Les 7 piliers
- L’approvisionnement durable.
Privilégier les ressources renouvelables, aussi bien au niveau des matières premières, que des énergies nécessaires à la production. Prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux de leur extraction et de leur utilisation. Employer efficacement ces ressources en limitant les déchets et en les gérant de la façon la plus vertueuse possible pour l’environnement. - L’éco-conception.
Penser un produit ou un procédé de façon durable tout au long de son cycle de vie et ce avant même sa fabrication. Evaluer ses conséquences sur l’environnement. - L’écologie industrielle et territoriale.
Mettre en place des réseaux d’entreprises et de collectivités pour mutualiser les ressources (collaboration) : produits, énergies, compétences, infrastructures, etc. Privilégier les échanges. S’inspirer là encore du modèle des écosystèmes naturels, qui optimise chaque ressource sur un territoire donné. - L’économie de la fonctionnalité.
Préférez l’usage à la possession de produits, mettre en valeur les services plutôt que les biens. L’exemple souvent énoncé dans ce cadre est celui de la mise à disposition de moyens de transports, comme les vélos en libre-service ou le covoiturage. - La consommation responsable (pour devenir ces fameux « consomm’acteurs »).
Faire évoluer les comportements de tous les consommateurs, privés et publics, afin qu’ils soient sensibilisés à l’impact de leurs choix et de leurs achats, tant au niveau environnemental que social. - L’allongement de la durée d’usage.
Permettre la réparation, la rénovation, le réemploi… Tout ce qui prolongera la vie d’un produit. La revente sur le marché de l’occasion et le don s’inscrivent également dans ce cadre. - La gestion des déchets.
Créer une nouvelle matière première en utilisant des ressources déjà disponibles : recyclage, upcycling, tri ou encore compostage.
Un exemple concret d'économie circulaire avec le jean infini de 1083
Le jean ‘Infini’, fabriqué en France par la marque 1083, est un parfait exemple d’économie circulaire.
Il est confectionné à partir de polyester recyclé, issu de déchets plastiques. Mais il est également recyclable : cela est possible grâce à l’utilisation d’une seule et même matière pour l’ensemble des composants de ce pantalon, de la toile aux étiquettes, en passant par les boutons. La consigne payée au moment de l’achat du jean incite les consommateurs à opter pour le recyclage en fin de vie.
Enfin, les jeans ont été écoconçus : ses propriétés antibactériennes permettent au de rester propre plus longtemps, ce qui réduit le nombre de lavages, et donc la consommation d’eau et d’énergie.
Qui est concerné par le modèle d'économie circulaire ?
Pour que le modèle d’économie circulaire réussisse, la collaboration et l’implication de tous est nécessaire.
Cela inclut :
- les entreprises et industries productrices de biens et services, ainsi que les commerces ;
- les gouvernements, les politiques publiques et locales (régions, préfectures, municipalités…) qui mettent en place les législations nécessaires pour encadrer ou favoriser la transition ;
- les associations et organisations non gouvernementales, pour leurs actions de sensibilisation ;
- les consommateurs qui achètent.
Le collectif est ainsi valorisé face à l’individuel. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place des actions (apprentissage), mais aussi de faire évoluer certaines disciplines (ingénierie, logistique, droit, marketing, sociologie…).
Un concept inscrit dans les nouvelles volontés politiques
La loi en France
Le modèle est devenu un objectif national depuis la loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Elle a pour but d’accélérer la transition vers un mode de production / consommation plus durable et propre ces prochaines années, appelé « croissance verte ».
La loi inclut 5 grands axes.
- La fin du plastique jetable : objectif 0 plastique d’ici à 2040, favoriser le vrac pour réduire les emballages, installer des filtres à microfibres de plastique sur les lave-linge neufs, obligation pour les établissements publics de se doter de fontaines à eau, etc.
- La sensibilisation et l’information des consommateurs : méthodes d’affichage (logo unique facilitant le tri par exemple), communication (sur les produits contenant des perturbateurs endocriniens, l’émission de gaz à effet de serre due à la consommation de données internet et mobiles), etc.
- La lutte contre le gaspillage : création de fonds pour le réemploi solidaire, interdiction de détruire les invendus non alimentaires, fin de l’impression systématique des tickets de caisse, vente des médicaments à l’unité, etc.
- La lutte contre l’obsolescence programmée : mise en place d’un indice de réparabilité, facilitation de la réparation, allongement de la garantie légale de conformité, etc. Pour rappel, l’obsolescence programmée désigne un produit conçu sciemment pour avoir une durée de vie réduite et encourager le rachat. Il s’agit d’un véritable outil du modèle économique linéaire.
- L’amélioration des méthodes de production : responsabiliser les industriels, encourager la production de biens respectueux de l’environnement, etc.
Une feuille de route « économie circulaire » s’engage ainsi à de nombreuses réductions pour ces prochaines années, concernant la consommation de ressources, la quantité de déchets non dangereux mis en décharge et les émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, elle cherche à augmenter la part de plastiques recyclés et à créer des emplois pour répondre aux nouveaux métiers qui découlent de ce modèle.
Au sein de l'Union Européenne
L’Union Européenne s’engage elle aussi dans une transition vers une économie circulaire.
Cela fait partie des priorités soumises à un plan d’action global présenté en 2020 dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe et faisant suite à plusieurs actions déjà mises en place depuis 2015. Il est en cohérence avec les objectifs français, incluant notamment l’extension de l’écoconception, la promotion de la réparation et l’harmonisation des systèmes de tri sélectif.
Quels sont les avantages de l’économie circulaire ?
L’engagement vers un nouveau modèle économique doit répondre à nos enjeux actuels, qu’ils soient environnementaux, économiques ou sociaux. L’économie circulaire cherche à offrir une solution suite à plusieurs constats :
- partout dans le monde, les ressources naturelles se raréfient, ce qui impacte leur prix et peut conduire à des risques d’instabilité économique et géopolitique ;
- le changement climatique impacte les écosystèmes (perte de biodiversité notamment), mais aussi les activités et infrastructures humaines, ce qui altère la qualité de vie et la santé des populations ;
- les inégalités sociales concernant l’accès aux ressources, aux emplois et aux services de base se creusent davantage.
L’impact environnemental
En favorisant une meilleure gestion des déchets, le principe d’économie circulaire vise à réduire les pollutions et les émissions de gaz à effets de serre, pour préserver la biodiversité, les paysages et habitats. Les déchets transformés en ressources permettent aussi de mieux protéger les matières premières naturelles.
Par exemple, une bouteille fabriquée à partir de matières recyclées permettrait de réduire de 70 % les émissions de gaz à effet de serre, en comparaison avec une bouteille fabriquée à partir de nouvelles matières premières. Cette économie se constate également pour d’autres ressources, comme l’aluminium, le papier, le verre ou le textile.
(source : document « La loi anti-gaspillage dans le quotidien des français »
L’impact social
L’économie circulaire cherche à préserver des emplois et à en générer de nouveaux, pérennes et non délocalisables. Le modèle permet de créer de nouvelles activités et de maintenir les filières industrielles actuelles.
La France s’est donnée pour objectif la création de 300 000 emplois en tout, dans des secteurs comme la réparation ou le recyclage. À titre de comparaison, 1 tonne de déchets recyclés permettrait de créer 10 fois plus d’emplois qu’1 tonne enfouie.
L’impact économique
À l’échelle des collectivités, les estimations du gouvernement annoncent plus de 500 millions d’euros d’économies par an. Cela serait possible, entre autres, grâce à la création de nouvelles filières liées au réemploi et au principe de « pollueur-payeur », qui vont transférer la responsabilité aux industriels, mais aussi à l’application de mesures de lutte contre les dépôts sauvages.
Au niveau national, les lois s’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire visent, grâce au recyclage et au réemploi, à tendre vers une meilleure résilience et autonomie. Cela ne peut se faire qu’en réduisant la dépendance de la France aux importations de matières et en subissant moins les risques de fluctuation de prix (notamment pour tous les matériaux liés au pétrole).
Pour les entreprises
S’engager dans un modèle d’économie circulaire est initialement plus coûteux mais il s’amortit avec le temps et s’avère plus efficace sur le long terme, notamment grâce à l’optimisation des ressources et la baisse de coûts liés au traitement des déchets. Cela ouvre également la voie à de nouvelles opportunités de croissance et d’innovation, qui peuvent être génératrices d’emplois, mais aussi améliorer la qualité de vie des populations.
Enfin, ce modèle permet de bénéficier d’une meilleure image et réputation, autant auprès des investisseurs que des clients ou employés. L’entreprise s’impose en effet comme un acteur de la transition écologique.
Quelles sont les limites du modèle d'économie circulaire ?
La transition vers un nouveau modèle économique connaît forcément plusieurs limites, au point qu’elle est parfois même considérée comme utopique.
Des limites sociales et financières
Il s’agit tout d’abord de faire évoluer les modes de consommation profondément ancrés dans les habitudes des populations depuis des décennies. Cela demande des actions de sensibilisation, d’apprentissage et du temps.
Les modes de production doivent nécessairement évoluer en parallèle, ce qui demande également des engagements financiers, notamment pour adapter les infrastructures, former les employés et trouver de nouvelles compétences.
Pour que la boucle vertueuse puisse être mise en place, toutes les parties prenantes doivent s’engager, agir à leur échelle et, surtout, coopérer et partager. Cela inclut les industriels, les associations, les entreprises, les acteurs du secteur public, ainsi que tous les types de consommateurs. Or, notre société est plutôt basée sur un modèle concurrentiel et individuel.
Enfin, l’économie circulaire nécessite une approche systémique (globale), en intégrant aussi les transports, la logistique, les flux de marchandises et de personnes, ce qui se révèle complexe.
Des limites technologiques
L’économie circulaire peut se heurter aux limites technologiques actuelles : il est par exemple encore difficile de se passer de certaines matières premières fossiles, comme le pétrole.
Évoquons également les limites du recyclage, qui fait pourtant partie des piliers de l’économie circulaire. Les modes de recyclage actuels restent énergivores et demandent une logistique qui peut se révéler polluante (transports notamment). Ils rencontrent aussi des difficultés techniques, avec la complexité à valoriser certains matériaux (ceux obtenus sont souvent de moins bonne qualité) ou à recycler ceux constitués d’alliages ou composites (plusieurs matériaux très différents). Les produits ne peuvent pas non plus être recyclés à l’infini, puisque leur qualité s’altère au fur et à mesure. En cela, l’écoconception répondrait mieux aux enjeux sur le long-terme : 80 % de l’impact environnemental d’un produit serait en effet déterminé lors de sa phase de conception.
Enfin, de façon théorique, on considère qu’une économie en boucle totalement fermée est impossible : il y a forcément des pertes de ressources (dissipation de matières et d’énergies), ainsi que des matériaux irrécupérables.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.