C'est quoi l'ACV ? Voici la bonne définition
L'analyse de cycle de vie, acronyme "ACV", a pour objectif de définir les impacts environnementaux d'un bien ou d'un service et de quantifier son potentiel de réchauffement climatique exprimé en kgCO2eq.
Table des matières
Définition ACV
Le terme « ACV » signifie Analyse de Cycle de Vie. Cela consiste à évaluer les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service tout au long de sa vie, de sa création à sa fin de vie : “du berceau à la tombe”. L’ACV est davantage utilisée pour calculer l’empreinte carbone des produits et biens de consommation, de la paire de chaussures au jeans, à la voiture électrique en passant par la construction d’un nouveau bâtiment.
L’Analyse de Cycle de Vie est la première étape de l’éco-conception. Elle permet de tester différentes hypothèses (de matières premières, modes de transport, pays de transformation…) pour savoir lesquelles sont les moins impactantes pour l’environnement. Par exemple, pour savoir s’il est préférable de fabriquer un t-shirt en coton biologique ou en polyester recyclé, du seul point de vue de l’empreinte écologique, l’ACV permettra d’avoir une donnée objective.
Lors de la réalisation d’une ACV, tous les “flux intrants et sortants” sont comptabilisés de manière exhaustive, selon les 4 grandes étapes de conception : 1/ les matières ; 2/ les process de fabrication ; 3/ l’utilisation du produit fini ; 4/ sa fin de vie. Autrement dit, on évalue l’impact carbone :
- de l’extraction des matières premières
- des transports pour extraire et acheminer les matières premières, des transports pour acheminer les produits finis, pour leur mise en déchèterie ou revalorisation, etc.
- des énergies utilisées pour fabriquer le produit (énergies fossiles, énergie renouvelables ou décarbonées),
- de son potentiel recyclable ou de sa mise en décharge (incinération ou enfouissement), etc.
Chaque flux est caractérisé par son unité fonctionnelle laquelle varie selon les matériaux utilisés. L’unité fonctionnelle est, elle-même, définit par une quantité, une unité de mesure et une durée de vie estimée.
Les résultats de l’ACV permettent d’estimer plusieurs impacts environnementaux, le plus regardé est sa contribution au changement climatique. Il s’exprime en kilogrammes équivalent de CO2 (kgCO2eq). Les autres impacts environnementaux sont l’eutrophisation des milieux aquatiques, l’appauvrissement de la couche d’ozone, les besoins en eau ou encore l’épuisement des ressources.
Le concept d’Analyse de Cycle de Vie est né dans les années 90 mais il n’a été formalisé que dans les années 2000, avec le développement et la publication d’une méthode permettant d’uniformiser la réalisation d’ACV, via la norme internationale ISO 14040:2006. La normalisation de la méthode permet de comparer les ACV entres elles.
Est-ce que l'ACV - Analyse de Cycle de Vie - est obligatoire ?
L'ACV dans le secteur de la mode et des chaussures
D’abord annoncé au 1er janvier 2023, puis au 1er janvier 2024, l’affichage environnemental, notamment dans le secteur de la mode et du textile a finalement été repoussé après une phase d’expérimentation commencée en 2021. En effet, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC – n° 2020-105 du 10 février 2020), prévoyait à l’article 15 d’instaurer un affichage environnemental alors seulement volontaire. Puis cet article a été annulé au profit de l’article 2 de la loi Climat et Résilience portant la lutte contre le dérèglement climatique (n° 2021-1104 du 22 août 2021).
Cet article 2 de la loi Climat et Résilience prévoit une nouvelle expérimentation concernant l’affichage environnemental des produits de consommation, dont les vêtements, chaussures et accessoires. Cette expérimentation initiée dès 2021 doit durer 5 ans. Ensuite, il faudra attendre la compilation des données, puis la publication des résultats pour espérer un nouvelle loi instaurant des critères actés. Actuellement seuls trois critères ont été annoncés : la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre ; des atteintes à la biodiversité et la consommation d’eau, mais il est possible que l’expérimentation ouvre la voie à de nouveaux paramètres, notamment sociétaux. Pour ce faire, le Ministère de l’environnement est accompagné de l’Ademe – Agence de maitrise de l’énergie, familière des ACV, pour l’aider à définir une méthodologie.
Toutefois, dans le secteur de la mode et du textile, il est de plus en plus fréquent de voir apparaître l’empreinte carbone d’un vêtement ou d’un accessoire, certaines marques ayant déjà anticipé cette loi et d’autres ayant la volonté d’être transparentes vis-à-vis de leur écoresponsabilité.
L'ACV des produits alimentaires
Egalement concernés par la succession de la loi AGEC, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, et la loi Climat et résilience, les produits alimentaires doivent faire l’objet d’un affichage environnemental sur le même principe que le Nutriscore. Cet affichage environnemental aurait les mêmes objectifs que pour le secteur du textile et de l’habillement, informer les consommateurs de l’impact environnemental des produits qu’ils consomment.
L’expérimentation menée a permis de voir émerger des propositions telles que le Planet-Score réalisé par l’Institut technique de l’agriculture bio (Itab) et soutenu par plusieurs ONG, dont l’UFC-Que Choisir, l’association de défenses des consommateurs. Le Planet-Score prend en compte plusieurs indicateurs :
- l’impact des pesticides et des antibiotiques sur la santé humaine et l’environnement ;
- l’impact des modes de production sur la pollution de l’air et de l’eau ;
- l’impact des modes de production sur la biodiversité terrestre et marine ;
- le stockage du carbone par les prairies ;
- la déforestation importée, par exemple par les achats de soja utilisé dans l’alimentation animale ;
- la saisonnalité des productions (impact des serres chauffées sur la consommation d’énergie) ;
- le transport de denrées par avion ;
- l’emballage ;
- l’irrigation ;
- l’origine des différents ingrédients ;
- l’impact du mode d’élevage sur le bien-être animal.
En termes d’affichage, le Planet-Score s’inspire du Nutri-Score, avec une note sur 100 traduite par une lettre de A à E.
L'ACV dans le secteur du bâtiment
L’objectif est de faire évoluer les modes constructifs pour ne plus avoir de bâtiments tout béton. Le seuil de l’impact carbone a pour ambition de décroitre à des pas de temps défini (seuil 2022, seuil 2025, seuil 2028 et seuil 2031), obligeant à recourir à des matériaux biosourcés (bois, chanvre, paille…), des matériaux géosourcés (pisé, brique de terre crue, pierre) et des matériaux issus du réemploi.
Comment faire une ACV ?
Il y a deux façons d’aborder une étude ACV. La première est de la réaliser en interne, ce qui pose la question de l’impartialité de la réalisation d’une telle étude. L’entreprise est à la fois juge et partie. La seconde est de passer par un tiers, de déléguer la réalisation de l’analyse de cycle de vie à un autre organisme.
Pour les produits et services de grandes consommations, l’Ademe – Agence de maitrise de l’énergie – met à disposition une base de données publique, officielle et en accès libre, de facteurs d’émission et de jeux de données d’inventaire qui s’appelle Base Empreinte®. Elle permet de réaliser un bilan carbone ou ACV. Elle peut également être utilisé dans le cadre de l’éco-conception.
Dans le secteur du bâtiment, étant donné que l’ACV est obligatoire avec un seuil à respecter, on doit passer, à la fois par la base de données réglementaire INIES, administrée par l’Association HQE, et utiliser un logiciel agréé qui permet de formaliser la saisie des données et l’exploitation des résultats.
Quels sont les avantages de l'ACV ?
Un impact environnemental objectivé
Le principal et majeur avantage de réaliser une Analyse de Cycle de Vie est d’avoir une vision objective et documentée de l’impact environnemental d’un bien ou service.
Elle permet de faire des choix concrets et éclairés dans le process de conception d’un produit en testant différentes hypothèses d’origine de fabrication, différentes hypothèses de matières premières ou de choix des modes de transport. Cette étape s’appelle d’ailleurs l’éco-conception.
Une comparaison des impacts environnementaux de produits similaires
Dans la continuité de l’éco-conception, l’ACV permet de comparer l’impact environnemental de deux produits similaires. Par exemple, il est possible de comparer les impacts environnementaux d’une voiture électrique, de type citadine, avec son équivalent à moteur thermique.
Les limites sont la disponibilité des données et l’échelle de comparaison. Si on reste dans le thème de comparer des véhicules électriques avec des véhicules à moteur thermique, on doit comparer ce qui est comparable au risque d’avoir des données qui tendent vers les extrêmes et d’avoir une conclusion absurde du genre : “les voitures électriques ne sont pas plus écologiques que les voitures thermiques, car l’empreinte carbone du SUV électrique grande taille (type Q5 d’Audi ou X5 BMW) est plus élevée qu’une voiture citadine à essence (type trois portes et deux sièges avant).”
Quels sont les inconvénients et limites de l'ACV ?
Légitimité des ACV
Une ACV réalisée en interne par l’entreprise (qui vend le produit), ou en externe (déléguée à un organisme spécialisé dans la réalisation d’ACV), ne se traite pas de la même façon. D’un côté, il y a un possible conflit d’intérêt, d’être juge et partie, de l’autre un organisme tiers évalue indépendamment un produit.
Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas tenir compte des ACV réalisés par les marques elles-mêmes. Comme pour tous les autres messages qu’elles véhiculent, on s’assure qu’elles sont en mesure de le justifier, en expliquant leur méthode, leur sourcing, les lieux de fabrication, etc.
Le coût de l'ACV
Le coût est toujours le nerf de la guerre et faire une dizaine d’ACV par un organisme tiers peut vite représenter un coût non négligeable qui devra être imputé sur le prix final du produit. Ainsi il est tout à fait compréhensible que les marques préfèrent réaliser elles-mêmes leur ACV, une fois formée à la bonne méthodologie.
Néanmoins, on reste vigilant à ce que cela ne soit pas un outil de greenwashing.
L'obligation de l'ACV
Pour le moment, toute entreprise est encouragée à réaliser l’ACV de ses produits ou services. Toutefois cela reste une démarche volontaire, non obligatoire.
Avec l’expérimentation menée par la loi Climat et Résilience d’avoir un affichage environnemental, nous aurons peut-être d’ici quelques années un éco-score obligatoire sur les vêtements, les chaussures et les aliment.
La compréhension de l'ACV et son équivalence en kgCO2
Il n’est pas rare de lire le poids carbone, en kgCO2eq, sans avoir plus d’information ou de point de comparaison. Une valeur brute donnée telle quelle.
Par exemple, savez-vous à quoi correspond une paire de basket dont la contribution au changement climatique est évaluée à 10kgCO2eq ?
L’Ademe – Agence de maitrise de l’énergie – met à disposition un outil pour comparer les quantités de CO2eq. Ainsi 10kgCO2 correspond à 46 km effectués en voiture (à moteur thermique), à 1,4 repas carné ou encore à la fabrication d’1,6 t-shirt en coton (sans indiquer le pays de fabrication). Bien que cet outil manque de précision, il permet d’appréhender les ordres de grandeur.
Contenu rédigé par Élodie Lapierre
Depuis plus de 10 ans, je suis chargée d’études en santé environnementale. J'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française.