L'éco-score : qu’est-ce que c’est ?
Tout ce que vous devez savoir sur cet indicateur, qui vous aidera à choisir des produits et services à faible impact environnemental.
Table des matières
Définition de l’éco-score
L’éco-score est un système de notation, chargé d’évaluer l’impact environnemental des produits de consommation et des services.
Il permettra aux consommateurs de savoir quels sont ceux qui ont un impact faible sur les écosystèmes et, à l’inverse, quels sont ceux qui ont un impact élevé, afin de faire leurs achats en conscience. C’est l’ADEME (l’agence de la maîtrise de l’énergie et de la transition écologique) qui est chargée de créer ce système.
La différence entre l’éco-score et d’autres systèmes de notation (Nutri-Score et Origine Score)
Le Nutri-Score s’intéresse à la valeur nutritionnelle des produits alimentaires. Par sa lettre (notation de A à E), il indique le rapport entre les nutriments à privilégier (fibres, protéines, légumes et légumineuses…) et les nutriments à éviter (matières grasses saturées, sucre, sel…). Mis en place en 2017, il repose sur une démarche volontaire des industriels. Peu pertinent sur les produits bruts (le miel est naturellement sucré ou le sel est salé), il l’est davantage pour comparer des plats cuisinés ou des biscuits.
L’Éco-Score reprend ce modèle, il se base également sur 5 catégories représentées par des lettres et des couleurs, allant de A (vert) à E (rouge). Le A représente les choix les plus pertinents, quand le E représente ceux à éviter.
Enfin, d’ici 2025, le gouvernement envisage de mettre en place un « Origine Score« . L’objectif est d’indiquer l’origine des aliments utilisés dans la composition d’un produit transformé, incluant notamment la proportion d’ingrédients français. L’information concernant l’origine des produits n’est, à ce jour, obligatoire que pour les produits bruts. Cela permet par exemple de connaître l’origine de l’huile utilisée dans une mayonnaise ou de la farine qui a permis de confectionner la pâte d’une pizza.
Les origines de l’Éco-Score
Dans un rapport de juin 2020, la Convention citoyenne pour le climat évoquait la mise en place d’un score carbone. Celui-ci devait permettre d’identifier l’impact environnemental d’un produit.
La loi climat et résilience d’août 2021 qui en a résulté veut ancrer l’écologie dans la vie des Français. Elle inclut donc la création d’un étiquetage environnemental permettant de mesurer l’impact des produits et services : l’éco-score.
« Un affichage destiné à apporter au consommateur une information relative aux impacts environnementaux ou aux impacts environnementaux et au respect de critères sociaux d’un bien, d’un service ou d’une catégorie de biens ou de services mis sur le marché national est rendu obligatoire », selon l’article L.541-9-11 du Code de l’environnement.
L’objectif est d’uniformiser ce système après une période de tests. Plusieurs expérimentations ont déjà été effectuées ces dernières années, basées sur différentes méthodes de calcul.
Un premier éco score a tout d’abord été lancé en 2021 par des acteurs de l’alimentation comme La Fourche, Yuka, FoodChéri ou Marmiton. Autre indicateur concurrent : le planet-score, lancé fin 2021 et utilisé à ce jour par plus de 200 entreprises, distributeurs et marques (Lidl, Intermarché, Biocoop…). Il affiche également une notation de A à E, mais ajoute 3 curseurs supplémentaires : pesticides, biodiversité et climat.
L’ADEME s’est donc servie de ces expérimentations pour créer son nouveau système de calcul.Un collectif de plusieurs acteurs du numérique ont été consultés pour le développement de cet indicateur harmonisé : Quantis (cabinet de conseils en stratégie environnementale), EVEA (cabinet de conseils en ACV et éco-conception), WWF (ONG œuvrant pour la préservation des régions et des espèces sauvages menacées), Zero Waste (association sensibilisant à la réduction de déchet et au gaspillage), Citeo (entreprise spécialisée dans le recyclage) et Veolia (entreprise de gestion de l’eau, de l’énergie et du recyclage).
Comment est-il calculé ?
L’Éco-Score pour les produits alimentaires prend en compte différents indicateurs et facteurs pour obtenir une notation sur 100. Cette dernière sera ensuite traduite par un équivalent sous forme de lettre de A à E.
Le socle de base : l’ACV
Pour obtenir un calcul le plus pertinent possible, l’éco-score doit prendre en compte l’ensemble du processus de fabrication d’un produit. Il se base ainsi sur l’ACV : l’analyse du cycle de vie. Elle est souvent résumée par l’expression « du berceau à la tombe ». L’ACV est établi grâce aux données de la base Agribalyse, conçue par l’ADEME et l’INRAE.
Cela inclut :
- les matières premières utilisées (culture, élevage…) ;
- la fabrication (transformation, réfrigération, emballage…) ;
- la distribution et la commercialisation ;
- l’utilisation, la consommation ;
- la fin de vie (gestion des déchets, recyclage) ;
- les transports nécessaires tout au long de ces étapes.
L’ACV se base sur une même catégorie de produits afin qu’ils bénéficient tous du même calcul pour être comparés in fine : tous les yaourts natures ou toutes les moutardes par exemple.
Rappelons que chaque nouveau produit fabriqué a forcément un impact environnemental, puisqu’il est consommateur de ressources et d’énergies. L’objectif est de quantifier les préjudices portés à la planète, qui vont impacter la qualité de l’air, de l’eau, les ressources naturelles, la biodiversité et la santé humaine. Parmi les autres impacts retenus, citons les émissions de gaz à effet de serre, la destruction de la couche d’ozone, l’émission de particules fines, la radioactivité, la pollution de l’eau douce, l’épuisement des ressources non renouvelables ou encore l’eutrophisation (accumulation de nutriments créant des pollutions des écosystèmes aquatiques).
Les indicateurs complémentaires
Ensuite, l’éco-score va prendre en compte d’autres données, qui vont fonctionner sous forme de bonus et de malus. Des points sont donc ajoutés ou soustraits, afin de pouvoir comparer des produits d’une même catégorie ayant une ACV similaire, mais une démarche de production à l’impact environnemental différent.
Ces indicateurs sont regroupés en 5 catégories.
- Le système de production (bonus). Il valorise l’agriculture biologique par rapport à l’agriculture conventionnelle. Cette catégorie inclut la captation de CO2, les effets positifs sur le sol ou encore l’impact négatif de l’utilisation de produits phytosanitaires. Il note également les certifications auprès de labels, comme AB, Demeter, Fairtrade, HVE, Label Rouge ou encore Bleu Blanc Coeur.
- L’approvisionnement local (bonus). L’ACV ne prend en compte qu’un mix de provenance moyen et non l’origine réelle des ingrédients. Cette catégorie permet d’ajouter la provenance de tous les ingrédients et valorise ceux de proximité, qui nécessitent moins de transports.
- La politique environnementale du pays de production (bonus et malus). Cela inclut la gestion des rejets issus de la production, les énergies produites, la protection de la biodiversité, etc.
- La circularité des emballages (malus). Les emballages fabriqués à partir de matières premières recyclées sont valorisés, contrairement à ceux issus de ressources non renouvelables, non recyclables et étant générateurs de nanoparticules. La réduction des emballages est également prise en compte : le recyclage est préféré à l’incinération ou à l’enfouissement. L’origine, tout comme la fin de vie des emballages, est ainsi étudiée.
- Les espèces menacées (malus). Cela inclut la surpêche (épuisement du stock de certaines espèces de poissons) et la déforestation (utilisation de l’huile de palme notamment, qui participe à la disparition de nombreux animaux).
Pour conclure, l’éco-score se calcule donc de la façon suivante : ACV + bonus – malus.
Quels produits sont concernés ?
L’éco-score sera tout d’abord testé sur les produits alimentaires : fruits et légumes, viandes et poissons, céréales, boissons, eau, plats préparés, gâteaux, fromages, desserts, etc. L’alimentation fait, en effet, partie des secteurs ayant la plus grande empreinte carbone dans notre pays, après les transports et le logement. Elle représente 22% des émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique (source : notre-environnement).
Mais l’éco-score devrait ensuite être généralisé à d’autres catégories de produits, notamment à l’industrie textile, que l’on sait également très importante en termes de production de gaz à effet de serre. Un affichage environnemental avait déjà été expérimenté en 2021, avant d’être modifié par la loi climat et résilience. Le nouveau calcul, qui se veut plus complet, prendra notamment en compte la consommation d’eau, la durabilité des textiles, les conditions de fabrication, l’utilisation de produits chimiques, les rejets de microplastiques, l’utilisation de matières recyclées ou la prise en compte de la biodiversité. Sa mise en place de façon obligatoire pourrait se faire en 2025, sans que cela soit confirmé. En attendant, un simulateur non définitif, permettant de calculer le coût environnemental d’un textile, existe déjà. Toutefois, il donne pour le moment un équivalent en points qu’il est difficile de se représenter concrètement sans axe de comparaison ou informations complémentaires.
Enfin, cet indicateur devrait aussi pouvoir s’appliquer aux services.
L’application de l’indicateur devra toutefois se faire sous réserve de sa compatibilité avec le droit européen.
Quels sont les avantages de l’éco-score ?
Un affichage simple
L’Éco-Score, comme il devrait apparaître sur les produits, permet une lecture claire et rapide. En utilisant un système de lettre et de couleur, il permet d’identifier en un coup d’œil l’indice des produits. De plus, les consommateurs sont déjà habitués à consulter le Nutri-Score, qui reprend le même graphisme.
Éclairer les consommateurs
L’Éco-Score a pour objectif d’informer les consommateurs. En connaissant l’impact environnemental d’un produit, ils peuvent ainsi faire le choix, en conscience, de privilégier ceux dont l’impact est le moins nocif pour la planète. C’est un outil pédagogique d’aide à la décision, qui permet de comparer les produits et de donner plus de pouvoir aux clients.
L’idée est donc d’inciter à privilégier les produits de consommation considérés comme plus écologiques, qui utilisent le moins de ressources et génèrent moins de pollution.
Sont ainsi mis en valeur :
- les produits bio ;
- les produits bénéficiant d’un label de qualité ;
- les produits locaux et de saison ;
- les produits qui ne sont pas sur-emballés ;
- les produits qui ne contiennent pas d’ingrédients impactant la biodiversité (poissons d’espèces menacées, huile de palme).
Cela fait écho à une vraie demande des Français : 74% demandent à obtenir plus d’informations sur l’impact environnemental et sociétal des produits (source : ADEME).
Offrir un outil aux industriels
L’Éco-Score a aussi pour ambition d’aider les industriels à évaluer leur impact environnemental de manière pertinente. Cela n’est pas forcément évident à l’heure actuelle, puisque la démarche demande un investissement financier, afin de procéder à des audits. Elle ne permet pas, non plus, forcément d’obtenir un résultat permettant de se comparer à la concurrence. L’éco-score permet, pour sa part, de mettre facilement le doigt sur les domaines dans lesquels s’améliorer.
Faire évoluer les méthodes de production
Enfin, l’Éco-Score vise à améliorer les méthodes de production. En imposant cet indicateur, le gouvernement oblige les fabricants de produits qui auront une mauvaise notation à assumer leurs choix.
Mais l’objectif est aussi de faire évoluer tous les métiers de l’industrie agro-alimentaire (et de l’industrie textile également à l’avenir), incluant les agriculteurs, les éleveurs, les producteurs, les fabricants, les transporteurs et les distributeurs. Chacun est encouragé à opter pour une façon de produire plus durable est écologique.
Globalement, le but est de contribuer à la préservation des ressources, à la baisse des émissions de gaz à effet de serre et à la préservation du vivant pour les prochaines générations.
Quelles sont les limites de l’Éco-Score ?
Des étiquettes déjà (trop) riches en information
Les produits alimentaires affichent déjà de nombreuses données sur leur packaging : marque, logo, arguments marketing, ingrédients, valeurs nutritionnelles, DLUO ou DLC, labels éventuels, consignes de tri, informations concernant les allergènes, etc.
L’ajout d’une nouvelle donnée peut donc rendre l’ensemble difficilement lisible et demander une analyse chronophage aux consommateurs pour chaque produit.
Privilégier la nutrition ou l’écologie
Dans certains cas, le choix peut se révéler complexe. Pour caricaturer : faut-il bannir un guacamole à partir d’avocats du Mexique avec un bon score nutritionnel, mais un mauvais score environnemental ?
Des produits qui auront 2 notes opposées pourront, au lieu d’éclairer le consommateur, lui compliquer la tâche.
S’ajoutent à cela d’autres informations issues d’applications qui permettent de scanner des produits pour décrypter leur composition, à l’instar de QuelProduit (UFC-Que Choisir) ou de Yuka.
L’obtention des données
Obtenir des données permettant de calculer l’ACV et l’Éco-Score n’est pas forcément évident. Cela nécessite que les fabricants fassent preuve d’une grande transparence concernant toute leur chaîne de production : nature et origine des matières premières, fournisseurs, lieux de production, etc.
La collecte de toutes ces informations demande beaucoup de temps, notamment celles inhérentes à la durabilité d’un produit. Leur gestion nécessite également des outils dédiés, de préférence automatisés.
Un affichage difficile à rendre obligatoire
Actuellement, le Nutri-Score n’est pas obligatoire, puisqu’il se heurte à la législation européenne. Il n’y a donc pas de pénalité en cas de non-affichage. Les fabricants des produits les moins bien notés n’ont donc pas d’intérêt à l’afficher (source : Ouest France). Notons que des discussions semblent en cours pour imposer un logo d’informations nutritionnelles obligatoire sur tous les emballages de l’UE. Toutefois, elles sont ralenties par le lobbying de certains grands groupes.
Si l’Éco-Score est basé également uniquement sur une démarche volontaire, ce qui semble être prévu au moins pendant les premiers temps, il perdra une partie de ses avantages. Les fabricants n’auront pas l’obligation de faire évoluer leurs méthodes de sourcing et de production pour espérer être mieux notés. Instaurer une obligation d’affichage semble pour le moment compliqué.
Le nom d'Éco-Score ne sera pas conservé
L’Éco-Score officiel n’est donc pas encore dévoilé et déployé, mais nous savons d’ores et déjà que ce nom ne sera pas gardé.
L’Ifoam Organics Europe (la fédération européenne de l’agriculture bio) et son équivalent français ont saisi le tribunal judiciaire de Paris en 2023. Leur but était d’empêcher l’utilisation de cet affichage, qui représenterait, selon eux, une tromperie pour le consommateur. Ils dénoncent en effet l’amalgame fait avec les produits issus de l’agriculture biologique. Le mot « éco » pourrait en effet créer une confusion, puisqu’il est normalement réservé aux produits bios dans le règlement européen. De plus, le logo sous forme de feuille peut rappeler celui du label AB (sources : Challenges, UFC Que Choisir).
Début juin, une médiation a abouti à un accord entre les différentes parties : les marques « éco score » et « éco-score » devront être abandonnées d’ici fin 2024. La marque Eco-score® déposée par l’ADEME va donc être retirée de l’INPI.
À ce jour, nous ne savons pas quel nouveau nom prendra l’indicateur environnemental.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.