Le polyamide (nylon) : ses avantages et inconvénients
Tout savoir sur cette matière synthétique, dont le nylon fait partie.

Table des matières
Le polyamide : définition
Le polyamide est une fibre synthétique issue de la pétrochimie, assimilée au plastique. Il existe plusieurs types de polyamides, dont l’un des plus répandus est le polyamide 6.6, plus connu sous l’appellation « nylon ».
Cette matière artificielle a été créée par un chimiste américain en collaboration avec l’entreprise DuPont, devenue l’un des plus grands groupes industriels de chimie (également détentrice du brevet du téflon). Elle a été mise sur le marché dans les années 30, entre autres pour proposer une alternative à la soie.
Où est produit le polyamide ?
Les pays d’Asie-Pacifique sont les plus gros producteurs et exportateurs mondiaux de polyamide.
L’Europe est également un acteur notable du marché : en 2013, le continent a produit 1,9 tonne de polyamides (type 6 et 6.6). Cela représentait près de 25% de la production mondiale, qui s’élevait alors à 7,7 tonnes.
Quelles sont les étapes de fabrication du polyamide ?
Le polyamide est fabriqué à partir de pétrole. Les procédés de fabrication varient selon le type de polyamide, mais résultent tous d’une succession de réactions chimiques, impliquant l’utilisation de produits toxiques.
Pour faire simple, dans le cas du polyamide dédié à l’industrie textile, les fibres sont issues de polymères (plusieurs petites molécules chimiques liées entre elles pour n’en former qu’une). Elles sont obtenues en mélangeant deux composants qui génèrent une réaction de solidification. Cette matière subit ensuite plusieurs étapes de chauffage et d’étirement, afin d’obtenir des filaments fins, longs est résistants (filage). Ces fils sont ensuite lavés et mis en bobine.
Le procédé de fabrication se rapproche de celui du polyester, mais cette dernière fibre se révèle moins élastique.
Les différentes utilisations du polyamide
C’est en premier lieu pour la confection de toiles de parachutes aux Etats-Unis que le polyamide a été utilisé dès les années 40. Après la seconde guerre mondiale, le polyamide envahit l’Europe avec l’innovation des bas en nylon sans couture.
Les polyamides sont désormais utilisés dans de nombreuses industries et permettent la fabrication aussi bien de produits du quotidien que de matériaux techniques, notamment avec le Kevlar®, réputé plus résistant que l’acier.
Le polyamide dans l’industrie textile
Selon une étude du WWF parue en 2011, la part de polyamides dans les fibres synthétiques utilisées dans l’habillement était de 9%. Le secteur fait partie des importants débouchés pour le polyamide.
Son imperméabilité en fait une matière prisée pour la confection de vêtements d’extérieurs : coupe-vent, trench, parkas, vêtements sportswear, doublures, ou encore bonnets et gants.
Le polyamide peut être utilisé seul, ou mélangé avec d’autres fibres synthétiques ou naturelles. Pour les sous-vêtements (collants, lingerie, etc.) ou les vêtements de sport, il est par exemple souvent accompagné d’un petit pourcentage d’élasthanne. De nombreux vêtements du quotidien contiennent également du nylon : chaussettes, blouses, pulls, pantalons, chemises, maillots de bain…
Pour les vêtements de travail, ce sont plutôt les fibres de Nomex® qui sont utilisées, du fait de leur résistance à la chaleur et à la combustion. On les retrouve par exemple dans les vêtements de pompiers ou de pilotes automobiles.
Au-delà des vêtements, le polyamide est aussi utilisé pour la confection d’autres textiles : microfibres, rideaux, moquettes et autres revêtements pour la maison, ainsi que pour la petite maroquinerie.

D’autres utilisations du polyamide
Mais le polyamide est également présent dans de nombreux autres domaines :
- industrie automobile et aéronautique (freins, pneumatique, ailes d’avions, cordage, renforcement de coques de bateaux, voiles, filets de pêche…) ;
- industrie de la défense et de l’armement (parachutes, tentes, gilets pare-balles, casques…) ;
- domaine du bâtiment (électricité, flexibles, tuyaux, colliers de serrage…) ;
high-tech (câbles, hi-fi, téléphonie…) ; - cosmétique (brosse à dents, fils dentaires, peignes…) ;
- emballages ;
- accessoires (montures de lunettes, parapluies…) ;
- matériel sportif et de loisirs (snowboard, ski, canoë, courroies de batterie ou membranes d’autres instruments de musiques, tapis de sport, sacs de couchage…) ;
- santé (prothèses) ;
etc.
À l’heure actuelle, il est donc difficile de se passer de ce matériau polyvalent, utilisé dans la majorité des secteurs.
Quels sont les avantages du polyamide ?
Un matériau bon marché
Le polyamide est un matériau bon marché. Il est produit en quantité industrielle, ce qui permet de faire baisser les coûts de fabrication.
Pour le consommateur, les produits en polyamide ou en nylon sont donc également plus accessibles, notamment par rapport aux textiles en soie ou en laine, auxquels ils visaient initialement à se substituer.
À noter : dans notre contexte économique et sanitaire actuel, toutes les matières premières ont vu leurs prix impactés. Le polyamide ne fait pas exception, puisqu’il subit également de fortes hausses. A titre d’exemple, « depuis janvier 2021, le prix des matières plastiques les plus utilisées par les plasturgistes automobiles, comme (…) le polyamide (PA6), a flambé de l’ordre de 80% ».
Une matière polyvalente
Le polyamide dispose de nombreuses propriétés, qui expliquent sa popularité depuis des décennies.
- Il peut être utilisé seul (fibres 100% polyamide), mais il se mélange surtout facilement à d’autres fibres naturelles ou synthétiques, afin de combiner les qualités de chacune et d’élargir les possibilités d’utilisations. Le coton et le polyester ont été les premières fibres utilisées pour atténuer la rigidité naturelle du nylon, mais on retrouve désormais également des textiles combinés avec de la laine.
- Le polyamide dispose d’une imperméabilité naturelle : il repousse les liquides (matière hydrophobe), ce qui fait que la fibre n’absorbe pas l’eau et ne retient pas l’humidité, lui permettant de sécher rapidement. Elle est de fait insensible à la moisissure.
- C’est un matériau prisé pour sa finesse et sa légèreté, mais aussi sa forte résistance et son extensibilité (traction, pliure, abrasion, frottement, déchirure). Cela lui permet de ne pas rétrécir et de ne pas se déformer facilement.
Il s’agit d’une fibre facilement personnalisable, en fonction des besoins des industriels : coloration, texture, aspect (brillant, mat), etc.
Des tissus d’entretien facile
Les vêtements en polyamide se lavent comme la plupart des autres fibres textiles, en machine à laver à basse température (30 ou 40°C).
Ils ont l’avantage de sécher très vite à l’air libre, mais préférez un emplacement à l’abri des rayons du soleil du fait de leur sensibilité aux UV. En cas d’utilisation du sèche-linge, choisissez un programme à basse température.
Les textiles en polyamide ne nécessitent pas de repassage, puisque leurs fibres extensibles ne se déforment pas aisément sous l’effet de pliures.
Proscrivez simplement l’utilisation de produits blanchissants (eau oxygénée, eau de Javel) et des fortes températures, qui peuvent altérer les fibres.
Quels sont les inconvénients et limites du polyamide ?
Une matière polluante et énergivore
Comme toutes les matières issues de la pétrochimie, le polyamide a un impact sanitaire et environnemental non négligeable, et ce tout au long de son cycle de vie.
- Il s’agit d’une matière plastique dépendante d’une énergie fossile non renouvelable (pétrole) et responsable d’émissions de gaz à effet de serre.
- Son processus de fabrication est énergivore. Il est parfois effectué dans des pays qui ont recours à des énergies particulièrement polluantes, comme le charbon. A titre d’exemple, « pour la confection d’une seule paire de collants, il faut compter pas moins de 14 000 kilomètres de fils, 750 litres d’eau et une grande quantité de teintures allergènes ».
- Sa fabrication demande l’utilisation de nombreux produits chimiques nocifs. Ces substances peuvent impacter la santé des travailleurs et celles des consommateurs. Mais elles polluent aussi les sols et nappes phréatiques lorsqu’elles sont rejetées dans l’environnement, à défaut d’être recyclées.
- Des émissions de protoxyde d’azote (N2O) sont recensées sur les sites de production. Leur inhalation en grande quantité est dangereuse, puisqu’elle peut engendrer des troubles neurologiques, mais il s’agit aussi d’un puissant gaz à effet de serre à l’effet 300 fois supérieur à celui de dioxyde de carbone (CO2) ;
- Les différents lavages subits par les textiles en polyamide génèrent le rejet de microparticules si petites qu’elles ne peuvent pas être filtrées par les stations d’épuration. Elles finissent leur course dans les cours d’eau, polluant les écosystèmes aquatiques. Les textiles synthétiques, incluant donc le nylon, sont d’ailleurs « la 4ème source d’émission de microplastiques dans l’environnement (après l’abrasion des pneus, la poussière des villes et le marquage routier) ». Pour réduire ces dommages, la France impose, d’ici 2025, que les lave-linges neufs vendus sur son territoire soient équipés de filtres à microparticules. En attendant, il est possible d’utiliser des sacs de lavage comme le « GuppyFriend » créé par l’ONG allemande Stop Micro Waste. Il permet de retenir la majorité des microplastiques libérés lors des passages en machine. Lors du lavage, les différents produits chimiques (solvants, colorants, fixateurs, etc.) utilisés pour la fabrication sont également rejetés dans l’environnement.
- En fin de vie, les fibres de polyamide ne sont pas biodégradables. Les tissus en nylon mettent par exemple entre 30 et 40 années pour se dégrader. Ils rejettent des fumées toxiques s’ils sont incinérés et finissent bien souvent par rejoindre des déchetteries à ciel ouvert.
Ainsi il est préférable d’acheter un article avec un nylon fabriqué au sein de l’Union Européenne, afin que la santé des travailleurs soit protégée et que les effluents gazeux et aqueux soit traités selon les normes environnementales en vigueur avant d’être rejetés.
Une fibre parfois peu durable
Une enquête menée par l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) en 2018 concluait que la durée de vie moyenne des collants en nylon ne dépassait pas quelques jours. « Dans plus de 70% des cas, les collants ne durent pas plus de 6 utilisations, voire seulement 3 utilisations pour plus de 40% des répondant(e)s ». Un problème autant pour les finances des consommateurs que pour l’environnement, sachant qu’environ 8 milliards de paires seraient écoulées chaque année dans le monde. Le but de cette enquête était alors d’interpeler les fabricants, pour obtenir des produits plus durables. Aujourd’hui, plusieurs marques se sont engagées dans cette voie, à l’instar de Berthe aux grands pieds.
Autres facteurs impactant la durabilité des fibres en polyamide : l’exposition à la lumière peut altérer leur qualité, tout comme les températures top élevées ou les grandes amplitudes thermiques (en machine à laver ou au sèche-linge par exemple).
Un matériau textile pas toujours confortable à porter
Comme les autres fibres synthétiques, le polyamide et le nylon ont également des défauts, qui peuvent les rendre peu agréables à porter, surtout à même la peau.
Du fait de leurs propriétés hydrophobes, ils n’absorbent pas l’eau et permettent donc difficilement à la transpiration de s’évacuer, causant le développement de bactéries et de mauvaises odeurs. Cela peut aussi engendrer des réactions allergiques.
Enfin, le polyamide produit de l’électricité statique, ce qui peut le rendre désagréable à porter et sujet à capter plus facilement les salissures.
Le nylon recyclé : une alternative plus écologique, mais pas incritiquable
Le nylon recyclé, à l’image de l’Econyl®, du Q-NOVA® ou de la fibre NILIT® Ecocare, est de plus en plus utilisé par les marques afin de limiter l’impact environnement du polyamide.
L’avantage ? Il permet la réutilisation d’une matière première déjà existante, parfois issue de déchets plastiques provenant des océans (vieux filets de pêche par exemple).
Mais le recyclage reste gourmand en eau et en énergie, même si certains procédés sont réalisés de façon mécanique et non plus chimique. Il ne règle pas non plus le problème des microparticules abandonnées pendant les lavages successifs.
Il existe cependant une autre alternative prometteuse : le BioNylon, qui provient d’une matière première naturelle (glucose ou huile végétale). Son utilisation reste pour le moment assez marginale (on le retrouve dans certaines cordes de guitare par exemple), mais ce matériau plus durable et écologique pourrait petit à petit tendre à se populariser.

Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.
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