C'est quoi de la soie ?
Tout savoir sur cette matière d’origine animale, considérée comme l’une des plus luxueuses au monde dans l’industrie textile.
Table des matières
La soie : définition
La soie est une matière première naturelle, produite par plusieurs insectes : les vers à soie ou les araignées. Mais il s’agit principalement de la fibre sécrétée par la chenille d’un papillon de nuit (le Bombyx du mûrier) pour tisser son cocon. Son élevage est appelé « sériciculture ».
Contrairement à d’autres fibres naturelles comme le coton, le lin ou le chanvre, elle n’est donc pas d’origine végétale, mais d’origine animale.
Très ancienne, l’utilisation de cette matière remonterait au moins à 2 000, voire 3 000 ans avant J.-C. (il est difficile de dater précisément son apparition). Selon la légende, une impératrice chinoise aurait découvert la soie lorsqu’un cocon est tombé dans sa tasse de thé. Elle aurait alors tiré un long fil en tentant de l’extraire.
Cette fibre naturelle provient d’Asie et a été importée en Europe via la fameuse « route de la soie », cette route commerciale transcontinentale. Il s’agirait du premier produit échangé entre la Chine et l’Occident.
Quelle différence entre soie et satin ?
La soie et le satin partagent certaines qualités : un toucher doux, un aspect souple et brillant.
Mais la soie est une fibre forcément d’origine naturelle. A l’inverse, le satin provient d’une technique particulière de tissage de fibres, qui peuvent être aussi bien d’origine naturelle que synthétique. Généralement, le satin est d’ailleurs fabriqué à partir de polyester (issu de la pétrochimie) ou de viscose (matière artificielle à base de cellulose de bois). Moins chers, ils ne disposent pas des mêmes propriétés que la soie et n’offrent pas la même qualité.
Où est produite la soie ?
La méthode de fabrication de la soie est restée secrète pendant des millénaires, précieusement gardée par la Chine afin de conserver son monopole.
À la fin du VIème siècle, la culture a finalement atteint la Méditerranée. En France, au XIème siècle, seul le tissage de la soie était pratiqué à partir de fils importés. Les premiers mûriers ont ensuite été plantés dans le sud-est, avant que leur culture ne soit fortement encouragée dans toutes les régions sous Henri IV, par le biais de fortes subventions. La sériciculture connut son heure de gloire au XIXème siècle. La ville de Lyon était alors considérée comme la capitale mondiale de la soie, quand la ville de Tours faisait également partie des hauts lieux de la soierie française.
Mais une épidémie décimant les vers à soie entraînera une chute drastique de la production en Europe. L’apparition de fibres synthétiques comme le nylon et la viscose terminèrent de mettre un terme à cette activité (source : Musée de la soie). Depuis quelques années, plusieurs acteurs ont toutefois œuvré pour relancer la filière de la soie dans notre pays, à l’instar de l’entreprise Sericyne dans les Cévennes.
En 2018, près de 160 000 tonnes de soie ont été produites. Sa production a doublé en l’espace de 30 ans. Cette matière est actuellement produite dans près de 50 pays. Les plus gros producteurs de soie sont les pays asiatiques, Chine en tête, qui génèrent à eux-seuls 90% de la soie mondiale (source : Planetoscope).
Quelles sont les étapes de transformation de la soie ?
La fabrication de cette matière est principalement liée à l’élevage du vers à soie, ainsi que du seul arbre produisant les feuilles dont il se nourrit : le mûrier blanc. Les insectes y sont élevés dans des fermes de sériciculture. La matière obtenue est ainsi appelée « soie de culture ».
Les vers à soie sont élevés dans des casiers en bois. Leurs œufs incubent pendant une dizaine de jours avant que les chenilles n’éclosent. Elles sont ensuite nourries avec les feuilles de mûrier durant environ 30 jours, avant que les insectes ne tissent leur cocon pour pouvoir se transformer en chrysalide. Ce cocon est constitué de salive et d’acides aminés, qui durcissent au contact de l’air. Il faut approximativement 11 kg de cocons frais pour obtenir 1 kg de soie filée.
La récolte de cocons issus de plusieurs espèces de chenilles qui se développent directement en forêt, sans élevage artificiel, permet quant à elle d’obtenir la soie sauvage (ou tussah). De plus en plus rare, sa production n’atteint que de 10 à 15% de la production mondiale.
Pour extraire la fibre tant prisée, différentes étapes sont nécessaires.
- Le décoconnage (environ 10 jours après la formation du cocon). Il permet d’extraire la bourre permettant au cocon de se fixer naturellement sur le bois.
- L’étouffage. Il consiste à ébouillanter les chenilles dans leur cocon (à environ 80°C), afin de les détacher et de pouvoir extraire la fibre.
- La filature. Le fil du cocon est extrait pour être enroulé en une seule fois de façon continue sur un dévidoir. Particulièrement long, il peut mesurer entre 500 et 1 500 mètres.
- Le tissage. Cette étape permet d’obtenir différents textiles : mousseline de soie, organza de soie, satin de soie, taffetas de soie, crêpe de soie, mousseline de soie, soie twill, bourrette, etc.
Les différentes utilisations de la soie
La soie dans l’industrie textile
La soie ne représente que 0,2 % du marché mondial des fibres textiles. Mais étant une matière rare et luxueuse, il s’agit tout de même d’un chiffre notable pour le secteur.
Selon le tissage subit, la soie est utilisée pour la fabrication de différents textiles.
Côté vêtements, on retrouve cette matière pour la confection de lingerie (culottes, nuisettes, bustiers, corsets, caleçons, collants…), mais aussi d’autres habits du quotidien (chemises, robes, jupons, débardeurs…). La soie permet de fabriquer de nombreux accessoires, tels que les foulards, cravates, nœuds papillons, écharpes, gants, bonnets de nuit ou chouchous pour les cheveux.
Dans l’industrie du luxe ou de l’événementiel, notons que la soie est prisée pour la confection de robes de soirées, de robes de mariées, de robes de bals, de costumes, etc.
Les soies tissées pour obtenir des fibres plus épaisses et robustes sont plutôt utilisées pour la confection de tissus d’ameublement et de linge de maison (taie d’oreiller, draps, doublures de couette, rideaux, etc.). Ces tissus sont très prisés dans le cadre de la restauration de lieux prestigieux et historiques, comme les châteaux.
La soie peut être utilisée pure, ou bien mélangée à d’autres matières naturelles ou synthétiques, pour créer des textiles multifonctions.
D’autres utilisations
Du fait de ses nombreuses propriétés, la soie est aussi utile dans d’autres domaines, notamment la passementerie, c’est-à-dire l’ornement de vêtements et la garniture d’ameublement (rubans, pompons, marquises, cordons de rideaux, etc.). De façon plus innovante, elle est aussi exploitée dans l’agroalimentaire, la médecine, la cosmétique ou l’aéronautique.
À noter que, contrairement à ce que son nom peut laisser penser, le papier de soie est fabriqué à partir de fibres de bois.
Quels sont les avantages de la soie ?
La soie est considérée comme une matière noble et luxueuse, du fait de sa rareté et de son prix. Mais elle est aussi prisée pour ses nombreux atouts.
Visuellement, il s’agit d’une fibre légère, fluide et brillante, qui reflète bien la lumière. Au toucher, elle est particulièrement douce et confortable. Son fil continu la rend également résistante.
Isolante, régulante et respirante, cette matière permet de protéger du froid en hiver et de rafraîchir en été, en absorbant la transpiration.
Hypoallergénique, elle n’agresse pas la peau, ne provoque pas d’irritation et ne génère pas d’électricité statique (d’où son utilisation pour les accessoires capillaires). La présence d’acides aminés dans sa composition contribuerait même au bien-être de la peau. A l’inverse, sa structure ne retient ni les bactéries, ni les impuretés.
Bien sûr, cette matière est aussi prisée pour son élégance naturelle.
Enfin, ses capacités d’absorption lui permettent de bien se prêter aux jeux de teintures et à la peinture sur textile.
Quels sont les inconvénients et limites de la soie ?
Une fibre de luxe au prix élevé
Si la soie est chère à l’achat, c’est parce qu’elle est plus rare que d’autres fibres, naturelles ou synthétiques. Son processus de fabrication est long et fastidieux, notamment du fait de l’élevage des vers à soie. La confection de tissus nécessite également une main d’œuvre qualifiée.
En comparaison, la valeur d’un article en soie est 20 fois plus élevée que celle d’un article en coton brut.
Une méthode de fabrication peu écologique
Naturelle, biodégradable et renouvelable : la soie pourrait être considérée comme une fibre écologique. Mais sa production a un impact environnemental et social négatif à plusieurs niveaux.
- L’élevage de vers à soie nécessite la culture de mûriers. Cette dernière est menée en monoculture, c’est-à-dire sur des parcelles sur lesquelles ne pousse que cette espèce d’arbre. Il ne s’agit pas d’un mode de production favorable à l’environnement : il est peu propice à la biodiversité, épuise plus rapidement les sols, augmente les risques de maladies, etc. Pour obtenir 40 000 cocons, soit 5 kg de soie grège (brute), il faut compter 1 200 kg de feuilles en 36 jours sur une surface de 60 m2. Ce mode de culture favoriserait également la déforestation et la destruction des habitats naturels.
- Des produits chimiques (pesticides, engrais…) sont utilisés pour la production de soie. Ces substances impactent aussi bien l’environnement que la santé des travailleurs, dans des pays qui n’appliquent pas les mêmes restrictions d’usage et normes sanitaires qu’en Europe. Le choix de produits issus de la culture biologique permet de réduire ces risques.
- D’un point de vue social, les travailleurs ne disposent pas non plus des mêmes conditions de travail et de sécurité qu’en Europe.
- L’ébouillantage des vers à soie nécessite une grande quantité d’eau, précieuse ressource qui devient un enjeu mondial avec le dérèglement climatique.
- Les productions de soie plus artisanales, à partir de chenilles vivant à l’état sauvage, sont impactées par la déforestation. Celle-ci participe en effet à la destruction de l’habitat naturel des papillons, et donc à leur raréfaction.
La question du bien-être animal
Nous l’avons vu, le processus de fabrication inclut l’ébouillantage de vers à soie, c’est-à-dire leur sacrifice de façon cruelle. Il faut tuer environ 6 600 vers à soie pour obtenir 1 seul kg de soie.
Des modes de production alternatifs cherchent à se développer, pour ne pas avoir à sacrifier les chenilles. Ce serait le cas par exemple en récoltant les cocons une fois les papillons naturellement éclos. Mais cette pratique reste rare, puisque plus coûteuse et chronophage.
De son côté, l’entreprise française Sericyne utilise un processus de fabrication breveté, qui permet aux vers à soie de tisser eux-mêmes la fibre directement à plat ou sur un moule en 3D (toutefois, nous ne savons pas ce qu’il advient des insectes une fois le tissage terminé).
La soie d’araignée serait également une alternative prometteuse et sans cruauté animale, mais qui reste onéreuse et encore actuellement peu développée.
Une matière fragile, à l’entretien délicat
Fibre délicate et fragile, la soie doit être nettoyée et entretenue avec soin.
Pour nettoyer vos vêtements ou textiles en soie, privilégiez un lavage à la main, ou bien en machine avec un programme délicat à basse température (30°C maximum). Utilisez une lessive douce, adaptée aux textiles fragiles. Evitez d’utiliser des produits adoucissants ou blanchissants, qui peuvent altérer la qualité de la soie.
Pour enlever une tache, trempez le tissu dans de l’eau tiède avec un savon doux. Evitez tout frottement.
Laissez sécher à l’air libre (pas de sèche-linge), à l’abri des rayons du soleil.
Si vos tissus en soie ont besoin d’être repassés, placez-les sur l’envers et utilisez la température la plus basse possible.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.