Le cachemire : avantages et inconvénients de cette matière
Tout savoir sur cette matière naturelle d’origine animale, considérée comme l’une des laines les plus luxueuses au monde.
Table des matières
Le cachemire : définition
Le cachemire est une fibre naturelle d’origine animale, issue de la chèvre cachemire (Capra Hircus Laniger). Il s’agit de laine, c’est-à-dire de duvet constitué de poils. Ces animaux sont originaires des hauts plateaux himalayens, mais leur nom proviendrait de la région du Cachemire (partagée entre l’Inde, la Chine et le Pakistan), dans laquelle le tissage de la matière s’est tout d’abord répandu.
La fibre exploitée est en fait le duvet secondaire (sous-poil fin et souple), qui est produit pour l’hiver juste en dessous de l’épaisse toison permanente portée par les chèvres. Cette couche supplémentaire agit comme une doublure, qui permet aux caprins de mieux résister aux vents et aux températures extrêmes de ces régions, pouvant atteindre jusqu’à -40°C.
La transformation du cachemire daterait du XVème siècle. Mais il faudra atteindre le XIXème siècle pour que l’Europe fasse la découverte de cette matière, grâce au Français Jean-Baptiste Decrétot, fils d’un fabricant de draps normand.
Le cachemire est aujourd’hui l’une des fibres textiles les plus rares et chères au monde.
Où est produit le cachemire ?
L’élevage des chèvres cachemire ne peut pas se faire dans n’importe quelles régions du globe. Actuellement, il est localisé principalement en Mongolie et en Chine. Les conditions climatiques doivent en effet être assez extrêmes, avec des changements radicaux de températures, qui permettent aux animaux de produire leur fameuse couche protectrice supplémentaire.
La Mongolie et la Chine sont les plus grands producteurs et exportateurs de cachemire, assurant à eux seuls 90% de la production mondiale. Citons comme autres pays producteurs le Tibet, l’Iran, le Pakistan, l’Afghanistan ou encore l’Inde. Environ 20 000 tonnes de cachemire sont produites chaque année (chiffres 2021).
Quelles sont les étapes de transformation du cachemire ?
La transformation du duvet des chèvres cachemire nécessite plusieurs étapes.
1. La tonte
Le prélèvement du duvet est traditionnellement effectué par peignage de la toison de l’animal. C’est encore le cas dans certaines régions, mais les précieuses fibres peuvent aussi être récupérées par tonte. Cette étape a lieu une fois par an au printemps, lors de la période de mue.
2. La séparation des fibres (éjarrage)
Le duvet secondaire est séparé des poils plus épais et durs (la jarre). Seulement 20% du poids total de la laine est conservé à cette étape.
3. Le lavage et la teinture
Les fibres triées sont nettoyées pour être débarrassées de leurs impuretés et de leurs résidus de graisse naturels. Elles sont ensuite séchées, avant d’être blanchies et teintes.
4. Le cardage et le filage
Cette étape consiste à démêler les fibres et à les homogénéiser, avant de les filer.
5. Le tissage ou tricotage
En fonction des utilisations, la fibre est transformée en fil tissé ou tricoté.
Les différentes utilisations du cachemire
Le cachemire est utilisé comme matière première pour fabriquer différentes fibres textiles. Il s’agit d’un matériau haut-de-gamme.
Du fait de ses nombreuses propriétés, notamment en termes d’isolation, le cachemire est prisé pour la confection de nombreux vêtements chauds pour hommes et femmes : pulls, gilets, robes, costumes, vestes, ponchos, manteaux, pantalons, châles, chaussettes, pyjamas, etc. Les tissus peuvent être soit 100% cachemire, soit mélangés avec d’autres fibres, par exemple de la laine de mouton ou de la soie.
La fibre est aussi utilisée pour fabriquer des accessoires, tels que les écharpes, étoles, bonnets, chapeaux, gants ou mitaines.
Enfin, le cachemire est exploité pour confectionner du linge de maison, des plaids, des couettes ou encore des housses.
Quels sont les avantages du cachemire ?
Une matière chaude et isolante
Le cachemire fait partie des matières naturelles les plus chaudes et résistantes au monde, c’est pourquoi il est particulièrement prisé pour la confection de vêtements d’hiver. Il s’agit d’une fibre thermorégulatrice, qui serait jusqu’à 3 fois plus chaudes que la laine de mouton. Mais elle permet aussi de protéger le corps contre les hautes températures estivales, en emprisonnant l’air au cœur de ses fibres.
Le nombre de fils utilisés lors de la confection d’un vêtement (de 2 à 24) conditionne son épaisseur, et donc son utilisation : plus le nombre de fils est élevé, plus le cachemire tiendra chaud.
Le cachemire permet aussi de réguler l’humidité, empêchant les sensations de moiteurs et limitant le développement de bactéries à l’origine de mauvaises odeurs.
Une matière agréable à porter
Contrairement à certaines fibres en laine, le cachemire offre une grande douceur, ce qui le rend particulièrement confortable à porter. La matière ne gratte pas : elle est donc idéale pour les peaux sensibles, même en contact direct.
Elle est aussi très légère du fait de sa finesse naturelle : une fibre de cachemire est environ 5 à 6 fois plus fine que les poils ou cheveux humains.
Une fibre naturelle et durable
Le cachemire a l’avantage d’être un matériau naturel, renouvelable et biodégradable, puisqu’il pousse naturellement sur les animaux.
Les tissus en cachemire ont une longue durée de vie, de l’ordre d’une dizaine d’années s’ils sont correctement entretenus.
Quels sont les inconvénients et limites du cachemire ?
Un matériau cher à l’achat
Plusieurs facteurs expliquent le prix élevé des tissus en cachemire.
- Il s’agit d’une fibre rare et précieuse, puisqu’elle est issue d’un seul animal, qui ne s’adapte pas à tous les climats. La production mondiale de cette matière ne représente d’ailleurs que 0,5% de l’ensemble de la laine produite. De plus, le duvet ne peut être récolté qu’une fois par an, ce qui limite sa disponibilité.
- Une seule chèvre produit entre 100 et 150 grammes de fibres cachemire. Or, pour confectionner une simple écharpe, il faut compter environ 180 grammes de fibres. Pour un châle ou un pull, ce nombre grimpe à 600 grammes, soit 4 à 5 chèvres.
- Lorsqu’il est réalisé de façon artisanale par peignage, le prélèvement du duvet est un processus long et harassant, qui demande un savoir-faire particulier.
L’impact environnemental de l’élevage
Même si le cachemire est une matière naturelle, qui pourrait être considérée comme écologique, son exploitation a des conséquences néfastes sur l’environnement. Pour produire toujours plus de cachemire et répondre à la demande grandissante, il est en effet nécessaire d’élever plus de chèvres. Or, la multiplication des élevages contribue à la désertification de certaines régions.
En 2002, 70% des steppes de Mongolie étaient par exemple endommagées par leur broutage des chèvres, à cause du surpâturage. Les sols sont appauvris et érodés. La végétation n’a pas le temps d’y repousser. Le sable finit par recouvrir petit à petit ces zones autrefois végétalisées, impactant tout un écosystème. Cette désertification menace des espèces déjà sensibles dans ces habitats, comme les chameaux, les yaks ou encore les léopards des neiges.
Des solutions ont été mises en place pour tenter de limiter ces conséquences, par exemple en accompagnant les éleveurs dans une production de fibres de meilleure qualité. L’objectif est de leur permettre d’augmenter le prix de vente de la matière première, pour pouvoir conserver une taille de cheptels en adéquation avec l’environnement disponible. Il existe aussi des filières de cachemire plus durables, qui cherchent à prendre mieux en compte la préservation et la pérennité des zones de pâturages. L’enjeu est de mettre en place des actions en faveur de l’environnement, tout en veillant à conserver le savoir-faire lié au cachemire, dont dépendent de nombreuses familles mongoles.
(sources : Petit futé, PETA, AVSF.org)
Des conditions de vie animale dénoncées
Le traitement des chèvres et les conditions de vie subies par ces animaux ont été plusieurs fois dénoncés.
De nombreux actes de maltraitance ont été observés par des enquêteurs de l’association PETA en Asie entre 2022 et 2023 : castration à vif, écornage, arrachage violent des poils sur des animaux en souffrance, chèvres mortes laissées sur place, abattage sans étourdissement préalable, etc. Le peignage est effectué avec des outils coupants, qui peuvent occasionner blessures et infections. Le prélèvement du duvet peut aussi être effectué trop tôt : faute de protection suffisante, certains animaux, en particulier les plus jeunes, finissent par mourir de froid.
La dégradation des zones de pâturages évoquées précédemment induit aussi une malnutrition, donnant un cachemire de moins bonne qualité. Cela pousse certains éleveurs à augmenter la taille de leurs cheptels pour espérer mieux vivre, créant un véritable cercle vicieux.
Déjà en 2019, suite à ces révélations, plusieurs marques françaises avaient annoncé renoncer à l’utilisation de cachemire dans leurs collections. C’est entre autres le cas de Kiabi, Cache-Cache, Morgan et Bréal.
(sources : PETA article 1 et article 2, Quatre pattes)
Une matière plus délicate à laver
Tout comme les tissus en laine, les cachemires nécessitent un entretien particulier. Même si cette fibre ne redoute pas l’eau, le lavage doit être effectué à basse température ou à froid.
Pour un lavage à la main, laissez tremper rapidement votre cachemire dans une eau savonneuse. Rincez à plusieurs reprises sans frotter trop fort, pour éviter tout risque de feutrage. Essorez sans tordre la fibre, en enroulant le vêtement dans une serviette éponge.
Si vous optez pour un lavage en machine à laver, choisissez un programme laine généralement disponible sur la plupart des modèles. Il est conseillé de protéger ses vêtements en cachemire lors du lavage en les plaçant dans un filet ou une taie d’oreiller. Des lessives spéciales fibres délicates peuvent également être privilégiées. L’essorage ne doit pas être trop fort.
Enfin, le séchage des tissus en cachemire doit être effectué à l’air libre à plat, par exemple sur une serviette. Il existe également des séchoirs spécifiques pour les lainages.
Si vous devez repasser vos vêtements en cachemire, procédez sur l’envers, à basse température, en glissant un tissu entre le vêtement et la semelle du fer.
Quelles différences entre le cachemire et le pashmina ?
Il n’est pas évident de s’y retrouver entre ces deux matières naturelles d’origine animale, sachant que toutes les sources ne s’accordent pas sur leur définition exacte.
Si ces fibres sont toutes les deux issues de la chèvre cachemire, leur différence se situerait simplement au niveau de la zone de prélèvement :
- le pashmina serait en effet récupéré au niveau du cou et du poitrail de l’animal uniquement
- le cachemire serait récupéré sur tout le reste du corps.
Mais le mot « pashmina », issu de la langue perse, signifierait aussi « laine fine » ou « étoffe de laine ». Il s’agirait du nom donné à une sorte de châle de grande taille, renvoyant donc aussi à un vêtement spécifique. Mais en népalais, « pashmina » signifierait « cachemire »… Le pashmina serait donc toujours une sorte de cachemire, mais le cachemire n’est pas forcément du pashmina (ok, vous êtes toujours là ?!).
Enfin, au niveau des propriétés, le pashmina est une fibre encore plus fine et douce que le cachemire. Cette matière étant plus rare, elle est réservée aux produits de luxe.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.