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C'est quoi la viscose ? Ses avantages et inconvénients

Tout savoir sur cette fibre issue d’une matière première naturelle et considérée comme une soie artificielle.

Étiquette des matières avec : viscose, polyamide, polyester et lurex.
Étiquette des matières avec : viscose, polyamide, polyester et lurex.
Par Marion Mesbah. Publié le 5 mai 2023. Dernières modifications le 26 juillet 2023.

La viscose : définition

La viscose est une fibre créée chimiquement à partir d’une matière première naturelle : la cellulose de bois (pulpe).  Il s’agit donc d’une matière artificielle : ce n’est pas une fibre naturelle comme le coton, le lin ou le chanvre, que l’on peut trouver telle quelle dans la nature. Mais ce n’est pas non plus une fibre synthétique issue de la pétrochimie, comme le polyester, le polyamide ou l’élasthanne.

Son procédé de fabrication n’est pas récent : il s’agit de la plus ancienne fibre produite par l’humain. Elle a été inventée par le Français Hilaire de Chardonnet, qui souhaitait proposer une matière douce et soyeuse rappelant la soie. A l’époque, la sériciculture (élevage de vers à soie pour leurs cocons) était en déclin à cause d’une maladie impactant la chenille du papillon. La viscose a été brevetée à la fin du XIXème siècle en Angleterre. Elle s’est ensuite popularisée dans le monde à partir des années 20, comme une vraie alternative moins chère à la soie.

On la retrouve également sous les noms de rayonne (lorsque ses filaments sont continus) ou fibranne (lorsque ses fibres sont coupées, généralement pour être tricotées).

Où est produite la viscose ?

Les Etats-Unis et le Japon ont fait partie des premiers pays producteurs de viscose dans les années 20. Aujourd’hui, les pays d’Asie Pacifique sont les premiers exportateurs de cette matière : l’Indonésie, la Chine, l’Inde et le Bangladesh.

Seulement 5 fabricants occupent plus de la moitié des parts de marché, dont l’autrichien Lenzing, déjà principal producteur de la fibre Tencel®.

En France, la société Cellatex était le principal producteur sur le territoire, mais a stoppé ses activités en 2000.

Quelles sont les étapes de transformation de la viscose ?

La viscose est fabriquée à partir de cellulose de bois de certains arbres (bambou, eucalyptus, hêtre, épicéa…). Il s’agit de fibres dites régénérées, puisqu’elles subissent des traitements chimiques afin d’être transformées.

Il existe différentes techniques de fabrication. Pour faire simple, il s’agit généralement de pâte à bois dissoute dans une solution chimique à base de soude. La matière obtenue est pressée pour devenir une solution visqueuse, qui sera extrudée à travers une filière pour être finalement transformée en fils.

Les différentes utilisations de la viscose

La viscose dans l’industrie textile

L’organisation Textile Exchange indiquait en 2019 que la viscose représentait 6,5% de parts de marché de l’industrie textile. Elle dominait à près de 80% les autres fibres cellulosiques, comme le lyocell ou le modal.

La viscose est effectivement utilisée dans l’industrie textile partout où elle peut remplacer la soie ou le satin. Son aspect brillant et sa légèreté sont notamment prisés dans la confection de robes, chemises, t-shirts, pantalons fluides, sous-vêtements ou doublures.

On retrouve également la viscose dans le linge de maison.

robe Camille Quintessence
La robe Camille de Quintessence en matière Viscose.

D’autres utilisations

Mais la viscose a également d’autres domaines d’application. Elle permet de remplacer le coton, ses propriétés s’en rapprochant du fait de leur fabrication commune à partir de cellulose.

La viscose est ainsi utilisée dans :

  • le domaine cosmétique et maison (éponges végétales, tampons hygiéniques…) ;
  • l’industrie des transports (intérieur de pneus…) ;
  • le domaine de la santé (membranes de dialyse…) ;
  • l’industrie agroalimentaire (emballages en cellophane, ficelles, boyaux de saucisses…).

Quels sont les avantages de la viscose ?

Une matière bon marché

C’est l’une des raisons qui ont motivé sa création : proposer une alternative moins onéreuse à la soie. Moins coûteuse à produire, la viscose est beaucoup plus accessible aux consommateurs, pour un rendu qui se veut équivalent.

Elle est également généralement moins chère à fabriquer que les fibres naturelles.

Des textiles agréables et polyvalents

Nous l’avons vu, la viscose a l’avantage de bénéficier de certaines propriétés de la soie : elle est légère et fluide, ce qui lui confère un tomber souple, qui s’adapte au corps. Elle est aussi appréciée pour son aspect brillant et sa douceur au toucher.

Mais elle dispose aussi de certaines caractéristiques du coton, du fait de leur fabrication à base de cellulose : respirabilité, durabilité, confort au contact de la peau et résistance aux frottements, qui lui permettent de ne pas feutrer rapidement ou générer de l’électricité statique. Sa capacité d’imprégnation lui permet d’être teinte facilement, permettant de nombreuses déclinaisons de coloris.

Elle peut sans problème être mélangée avec d’autres fibres, qu’elles soient naturelles ou synthétiques.
Moins résistante que d’autres matériaux au début de sa production, elle a ensuite été mélangée à des substances comme l’acétate, afin de gagner en solidité. Son traitement chimique la rend plus facile à nettoyer que les fibres naturelles.

En résumé, elle cumule certains avantages des fibres naturelles, mais aussi des fibres synthétiques, ce qui lui confère une grande polyvalence.

Des tissus d’entretien facile

L’entretien des tissus en viscose est plutôt facile : passez-les en machine à laver à basse température (30 ou 40°C). De trop hautes températures de lavage risqueraient en effet de faire rétrécir les fibres. Puis, laissez sécher à l’air libre, à l’abri des rayons du soleil. Évitez l’utilisation du sèche-linge ou choisissez une faible température.

Généralement, les fibres ne se froissent pas facilement, donc ne nécessitent pas de repassage.

Les consignes d’entretien peuvent varier selon la composition des tissus : un textile 100% viscose ne sera pas forcément lavé comme un textile mixte. Reportez-vous donc toujours aux étiquettes.

Quels sont les inconvénients et limites de la viscose ?

Un processus de fabrication aux impacts néfastes

En 2021, 6,1 millions de tonnes de fibres de viscose et lyocell ont été produites. La viscose provient d’une matière première naturelle, ce qui la rend plus écologique que les fibres synthétiques issues de la pétrochimie. Mais son processus de transformation utilise tout de même des produits chimiques (soude caustique, acide sulfurique, sulfates, solvants…), rendant la fabrication polluante. Ils ne sont pas recyclés, finissant leur course dans la nature, en polluant les écosystèmes. La production de viscose est également gourmande en eau.

Au-delà des conséquences environnementales, la fabrication de la viscose a aussi un impact social et sanitaire. Les textiles sont majoritairement fabriqués dans des pays qui ne réglementent pas ou peu les conditions de travail. Les travailleurs ne disposent pas des mêmes droits et mesures de sécurité qu’en Europe ; ils sont exposés à des produits chimiques représentant un danger pour la santé, parfois sans même bénéficier d’équipements protecteurs adéquats. Les populations vivant à proximité des usines seraient également impactées. Enfin, certaines substances chimiques peuvent être présentes, à des concentrations non négligeables, dans les produits finis, portés par les consommateurs.

En 2018, un rapport de la fondation Changing Markets pointait d’ailleurs du doigt les impacts environnementaux et sanitaires générés par deux usines appartenant au plus grand producteur de viscose au monde, en Inde et en Indonésie. Il prouvait la présence de rejets illégaux dans les cours d’eau et d’incidents sanitaires touchant les populations exposées aux produits chimiques, notamment au disulfure de carbone. L’exposition à cette substance toxique irritante n’est en effet pas sans conséquence : « des signes neurologiques majeurs peuvent survenir en cas d’exposition aiguë ou chronique (séquelles neurologiques), ainsi que des troubles cardio-vasculaires et une irritation sévère de la peau et des yeux. Des troubles de la fertilité et de la reproduction sont également suspectés ». Notons toutefois que, depuis ce rapport, de nombreuses marques se sont engagées à améliorer les conditions de production et à prendre une voie plus durable.

La production de viscose est également accusée de participer à la déforestation, en détruisant les forêts anciennes ou en voie d’extinction. La matière première est globalement issue de forêts conduites en monoculture, c’est-à-dire dans lesquelles une seule espèce d’arbres est cultivée. Elles sont nettement moins favorables à l’environnement, participent à la destruction des habitats et concurrencent les productions destinées à l’alimentation humaine. Pour y voir plus clair, l’ONG Canopy a mis à jour en 2022 son classement des producteurs mondiaux de viscose œuvrant pour protéger les forêts anciennes et menacées.

Pour consommer de façon plus raisonnée, les labels comme FSC et PEFC garantissent une gestion durable des forêts. Même si ces labels qui se veulent écologiques ont leurs limites, ils permettent de s’assurer qu’un produit ne participe pas aux abattages illégaux et à la déforestation. L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) conseille également de faire confiance à l’Écolabel européen, qui assure une réduction des impacts environnementaux tout au long du cycle de vie. Cette certification exige entre autres qu’un minimum de 25 % de fibres de bois utilisées pour fabriquer la viscose provienne de forêts gérées durablement et que l’utilisation des substances dangereuses lors des étapes de transformations (teinture, impression, apprêts…) soit limitée.

Pour finir, la cellulose de bois est biodégradable, mais la présence de produits chimiques dans la composition de la viscose questionne l’impact environnemental de sa fin de vie.

La viscose reste un matériau prometteur, puisqu’il est possible de rendre sa confection plus écologique, notamment en privilégiant un système en boucle fermée générant moins de déchets et de rejets environnementaux. C’est le cas par exemple avec l’entreprise Lenzing, qui met en avant un procédé de fabrication de la viscose plus écoresponsable, avec l’ECOVERO®.

Une fibre de qualité variable

La qualité de la viscose peut être très variable selon les traitements chimiques appliqués et le bois d’origine.

Elle est généralement réputée peu adaptée aux personnes sujettes à la transpiration et pour la confection de vêtements de sports. Mais à l’inverse, la viscose de bambou est justement prisée pour ses propriétés régulantes et sa capacité d’absorption, ce qui en fait une fibre utilisée pour la confection de chaussettes par exemple.

La viscose est une matière peu élastique, qui n’a pas de pouvoir isolant. Comme elle ne retient pas la chaleur et ne résiste pas bien à l’humidité, elle n’est pas adaptée pour la fabrication de vêtements d’hiver ou outdoor.

Enfin, elle peut avoir tendance à rétrécir au lavage en cas de hautes températures.

Quelles différences entre viscose et lyocell ou Tencel® ?

Le lyocell, aussi connu sous le nom de marque déposée Tencel®, est également une fibre artificielle confectionnée à partir de pulpe de bois.

Elle est toutefois considérée comme une alternative plus écologique que la viscose, puisque son impact environnemental est nettement réduit. Son processus de fabrication breveté est effectué en circuit fermé : les produits utilisés (solvants et eau) sont recyclés à plus de 99% pour être réutilisés. Ils ne génèrent ainsi presque pas de déchets ou de rejets dans l’environnement. Si elles ne sont pas mélangées à des matières synthétiques, ses fibres sont également 100% biodégradables.


Marion Mesbah - Rédactrice

Contenu rédigé par Marion Mesbah

Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.

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