L’angora : avantages et inconvénients de cette matière textile
Tout ce que vous devez savoir sur cette lain luxueuse, mais controversée.
L'angora : définition
L’angora est une fibre naturelle qui provient des poils d’un animal : le lapin angora. C’est donc un type de laine. Il s’agit de longs poils d’aspect lisse et brillant, qui font partie des plus fins au monde.
Il existe différentes espèces de lapins angoras (anglais, français, allemand, géant et satin). Leur type de laine varie au niveau de la quantité produite et de l’épaisseur. Ces animaux sont issus de sélections génétiques faites par les humains, pour permettre à la fourrure de pousser plus rapidement et plus densément.
Le nom de ce lapin viendrait d’une déformation de celui de la ville d’Ankara, capitale de la Turquie, d’où il serait originaire.
(sources : Fédération française de cuniculiculture)
Où est produit l’angora ?
Actuellement, le premier pays producteur d’angora est la Chine, qui fournit plus de 90% des fibres au niveau mondial.
La France fut un acteur majeur du secteur : elle a été l’un des premiers producteurs mondiaux d’angora dans les années 60. Depuis, elle a connu une baisse importante de sa production, passée de plus de 200 tonnes en 1989 à 2,5 tonnes en 2016. Le bassin historique reste le Grand Ouest. Notre pays comptait encore en 2017 une trentaine d’élevages, mais seulement 5 exerçant en activité principale. Les éleveurs sont regroupés en une organisation professionnelle : l’UTALAF (union technique des associations d’éleveurs de lapins angora français).
Globalement, la filière est en déclin depuis une quinzaine d’années, du fait des dénonciations des conditions d’élevage et des traitements des animaux par plusieurs associations (voir paragraphe sur les inconvénients de l’angora).
(sources : Chambres d’agriculture Bourgogne-France-Comté, GEO)
Quelles sont les étapes de transformation de l’angora ?
La transformation des poils de lapin angora en fibres demande différentes étapes. Notons que les animaux proviennent d’élevages spécifiques : ils ne sont pas également élevés pour leur chair et ne proviennent pas non plus d’activités de chasse.
1. La récolte des poils
Il existe différentes méthodes, considérées comme plus ou moins éthiques, pour récupérer le duvet des lapins : la tonte, l’épilation (arrachage) et la dépilation au peigne. Elle varie selon la race (certaines mues sont naturelles, d’autres non) et les éleveurs. En France, c’est la méthode de dépilation qui est utilisée. Pour cela, les animaux sont nourris avec une alimentation spécifique, qui favorise la perte de leurs poils. Cela permet de récolter environ 300 g de poils par lapin, à raison de 2 à 3 fois par an (source : Chambres d’agriculture Bourgogne-France-Comté).
2. Le tri et le nettoyage des fibres.
Les nœuds, résidus et saletés sont éliminés. Les fibres peuvent aussi être séparées en fonction de leur douceur. Les poils sont ensuite lavés et séchés.
3. Le filage
Le poil est filé pour être transformé en fil.
4. La teinture
Naturellement, les fils obtenus auront une couleur blanche, beige ou marron clair. Il est toutefois possible de les teindre.
5. Le tissage ou tricotage
Le fil permettra ensuite de tisser ou tricoter différents textiles.
Les différentes utilisations de l’angora
L’angora est utilisé dans l’industrie textile. La matière permet de confectionner des vêtements plutôt haut-de-gamme, comme des pulls et gilets. Cette fibre sert aussi à fabriquer divers accessoires pour se protéger du froid, tels que les écharpes, chaussettes ou bonnets.
On retrouve également l’angora dans le secteur de la maison, avec la confection de housses de coussins ou de couvertures.
L’angora est souvent mélangé à d’autres fibres naturelles (coton, laine de mouton…). Cela permet de baisser le prix des produits, mais aussi d’améliorer l’élasticité de la matière.
Quels sont les avantages de l’angora ?
Une matière chaude et isolante
Tout comme les autres types de laine, l’angora est prisé pour ses capacités à retenir la chaleur. Les fibres creuses des poils de lapin font en effet office d’isolant et disposent de propriétés naturellement thermorégulatrices, qui seraient d’ailleurs supérieures à celles de la laine de mouton. Rappelons que le pelage permet en effet au départ de protéger la peau des animaux contre les aléas climatiques et les parasites. C’est donc une matière idéale pour la confection de vêtements chauds.
L’angora permet aussi d’absorber l’humidité, ce qui réduit les risques de développement de bactéries et mauvaises odeurs de transpiration.
Une matière confortable à porter
L’angora est prisé pour sa grande douceur naturelle, résultant de la finesse de ses fibres. La matière offre un toucher moelleux et léger, associé à un rendu soyeux. Ces qualités la rendent très agréable à porter, même au contact direct de la peau. Elle est aussi présentée comme non allergène.
Une fibre naturelle
L’angora est une matière naturelle, renouvelable et biodégradable, qui « pousse » d’elle-même sur le corps des animaux. Elle est donc moins polluante à produire que les matières synthétiques issues de la pétrochimie (polyester, polyamide…).Elle ne nécessite pas non plus un cocktail de produits chimiques pour sa culture (contrairement au coton conventionnel) ou sa transformation (contrairement à certaines matières artificielles comme la viscose).
Quels sont les inconvénients et limites de l’angora ?
Un matériau cher à l’achat
L’angora est une fibre luxueuse, au prix d’achat élevé. Si elle est si chère, c’est parce qu’il s’agit d’une fibre produite en petite quantité.
De plus, elle demande une récolte manuelle, plus onéreuse et fastidieuse que les procédés mécaniques. Les coûts de production restent donc élevés, en prenant en compte l’ensemble du processus de transformation.
Une maltraitance animale conduisant à de nombreux boycotts
L’angora est une matière controversée notamment à cause des conditions d’élevage et du traitement réservé aux animaux. Ces pratiques ont plusieurs fois été dénoncées par les associations de protection des animaux. Cela a poussé plusieurs centaines de marques, aussi bien de luxe que de sportwear ou de fast fashion, à renoncer à l’utilisation de cette fibre naturelle dans leurs collections. C’est le cas, par exemple, d’Armani, Gucci, Zara, Burberry, TopShop, Asos, Adidas, Calvin Klein, Lacoste ou encore H&M. Les marques françaises Naf Naf, la Halle, Monoprix, Damart et Agnès B se sont également engagées en ce sens.
L’association PETA avait, en effet, appelé dès 2013 au boycott de tous les produits confectionnés à partir de laine angora, suite à la publication d’une enquête révélant les actes de cruauté et maltraitance que subissent les lapins dans les élevages chinois. Cages exigües et malpropres, poils arrachés à vif sur des animaux vivants ou encore décès prématurés étaient recensés.
L’association One Voice avait également, quelques années plus tard, diffusé des vidéos prises cette fois dans des élevages français. Elles montraient des d’animaux hurlants et des conditions d’élevage sommaires.
Certains éleveurs peuvent, bien sûr, être plus soucieux du bien-être animal, en offrant davantage d’espace aux lapins, en utilisant des ciseaux plutôt que des tondeuses bruyantes et stressantes, ou encore en pratiquant une récolte de poils après mue sans arrachage. C’est ce qu’assure par exemple la marque de pulls en laine made in France Adepte, qui s’approvisionne auprès d’une ferme française.
Toutefois, il reste globalement difficile de savoir de façon certaine dans quelles conditions un produit en angora a été confectionné. En l’absence de label qui assurerait de bonnes pratiques dans les élevages de lapins pour leurs poils, cette fibre reste donc considérée comme une matière peu éthique.
Une matière fragile à l’entretien délicat
L’angora est une matière délicate, qui demande un entretien soigneux et spécifique. Elle a tendance à feutrer facilement et à perdre ses poils.
Privilégiez un lavage à la main à basse température (30°C maximum) sans trempage excessif, en utilisant un nettoyant doux. Le séchage est effectué à plat (par exemple sur une serviette) et à l’air libre.
Evitez d’essorer, de frotter ou de repasser les textiles en angora.
Quelles différences entre angora, cachemire et mohair ?
Ce sont toutes les trois des fibres naturelles d’origine animale. C’est leur provenance qui fait la différence et influera sur les propriétés et sur le rendu de la matière finale.
Nous l’avons vu, l’angora provient des poils du lapin du même nom. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la chèvre angora permet pour sa part d’obtenir le mohair. Enfin, le cachemire provient d’un type de chèvre particulier, originaire des hauts plateaux himalayens.
Concernant les laines de chèvres, elle est recueilli après leur tonte, elle n’entraîne pas de maltraitance animale particulière même si cette pratique ne fait pas l’unanimité.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.