Le chanvre : tout savoir sur cette plante multi-usages
Tout ce que vous devez savoir sur le chanvre, cette plante multi-usages dont la France en est le premier producteur mondial.
Table des matières
Le chanvre : définition
Le chanvre est une matière première naturelle et millénaire, utilisée pour ses nombreuses qualités. Elle trouve aujourd’hui un nouveau souffle dans la mode, les textiles de maison et même le bâtiment, en cohérence avec les enjeux environnementaux.
Le chanvre : une plante multi-usages
Un peu de botanique et d’histoire
Le chanvre (Cannabis sativa en latin) est l’une des plus vieilles plantes cultivées par l’homme, dont les premières traces remonteraient à 5 000 ans en Asie centrale. Il s’agit d’une plante annuelle, ce qui signifie que le cycle de vie complet se déroule sur une année (germination de la graine, croissance, floraison, fructification, fin de vie).
Pendant plusieurs siècles, elle a joué un rôle essentiel dans la confection de vêtements, mais aussi de cordages et de voiles, à l’époque des grandes explorations, puis de la navigation commerciale. Son déclin a ensuite été amorcé par la modernisation (développement de la force mécanique, des bateaux à vapeur, de l’agrochimie…) et la concurrence d’autres fibres (coton, nylon, jute, bois…).
Un peu de vocabulaire : quelles différences entre chanvre, cannabis, CBD et THC ?
Le chanvre et le cannabis font référence à la même espèce de plante. Leur différence provient de leur concentration naturelle en THC, une molécule considérée comme une substance psychotrope.
La culture du chanvre est légale, mais particulièrement réglementée : elle doit provenir de variétés autorisées du Cannabis sativa L. (chanvre cultivé) et contenir moins de 0,3% de THC en France. Par contre, la plante est riche en CBD (cannabidiol), molécule prisée pour ses nombreux bienfaits, mais qui n’est ni psychoactive ni addictive contrairement au THC.
Le chanvre désigne donc le chanvre industriel, textile ou agricole, quand le cannabis fait référence à la consommation récréative illégale dans beaucoup de pays.
Où est produit le chanvre ?
La France est le premier producteur mondial de chanvre, comme pour le lin, avec une production de plus de 100 000 tonnes en 2020. Un chiffre qui a presque doublé entre 2010 et 2020.
Mais cette plante très adaptable pousse en réalité un peu partout dans le monde, en Europe, en Asie ou en Amérique du Sud. La Chine et la Corée du Nord sont ainsi les 2èmes et 3èmes plus gros producteurs. Arrivent ensuite en tête d’autres pays européens : la Pologne, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Italie. Plus de la moitié de la production de chanvre provient donc actuellement d’Europe.
Quelles sont les étapes de transformation du chanvre ?
Le chanvre est composé de plusieurs parties : racine, tige, chènevotte (pulpe ligneuse à l’intérieur de la tige), fibre, feuilles et fleurs, chènevis (graines).
Semé au printemps, le chanvre croît rapidement en 4 à 5 mois. Avant d’être exploité ou transformé en fibres, il passe par différentes étapes.
- La récolte des graines, arrivant à maturité pendant l’été.
- Le rouissage : les tiges sont fauchées et laissées sur le sol, afin de subir une transformation naturelle. Le soleil, la rosée et les micro-organismes provoquent une fermentation, qui permet de séparer les fibres de la tige centrale. Cette étape dure généralement 3 à 4 semaines, mais dépend des conditions météorologiques.
- Le pressage : les pailles de chanvre sont rassemblées en ballots, puis acheminées à l’usine de défibrage.
- Le teillage : consiste à séparer la chènevotte de la tige.
- Le peignage : nettoyage et démêlage des fibres.
- La filature : les fibres sont transformées en fil, puis tissées ou tricotées.
- La confection et l’ennoblissement : application de traitements (blanchiments, teintures, impression, apprêts) permettant de mettre en valeur les propriétés recherchées, avant l’assemblage du produit final.
Les différentes utilisations du chanvre
Le chanvre est utilisé dans tous les domaines indispensables à l’homme : habitation, transport, alimentation et habillement.
Industrie du bâtiment
La majorité de la production de chanvre industriel est destinée à ce secteur, en particulier pour l’isolation thermique et acoustique (laine de chanvre, béton de chanvre, panneaux de fibres). La plante est particulièrement plébiscitée dans le domaine de l’éco-construction.
Industrie des transports
Dans l’industrie automobile, les propriétés naturelles de légèreté et de robustesse de la plante sont appréciées dans la confection de pièces. Elle est également prometteuse comme biocarburant.
Agriculture
Le chanvre permet de structurer et d’enrichir naturellement les sols, tout en concurrençant les mauvaises herbes. Elle permet de réduire l’utilisation d’intrants chimiques et s’intègre dans la rotation des cultures, en particulier avant celle du blé.
La chènevotte est également utilisée comme litière pour les animaux ou comme paillage horticole.
Industrie agroalimentaire
Les Gaulois semblaient déjà intégrer le chanvre dans certaines de leurs boissons. Au niveau alimentaire, nous retrouvons, encore aujourd’hui, le chanvre sous différentes formes : huiles, farines ou encore bières. Ce sont majoritairement les graines qui sont destinées à ces usages. Leurs nombreux bienfaits nutritifs sont régulièrement vantés (richesse en acides gras essentiels, protéines, fibres, etc.).
Le chanvre est aussi utilisé dans l’alimentation animale.
Industrie cosmétique et bien-être
Huile, feuilles, fleurs et CBD ont le vent en poupe ces dernières années. Nous pouvons les retrouver dans de nombreux soins, comme les cosmétiques ou les compléments alimentaires.
Industrie du papier
La majorité des fibres de chanvre sont utilisées dans le domaine de la papeterie. Ce sont 18 000 tonnes / an qui servent en effet à la fabrication de papiers spéciaux. Et ce n’est pas nouveau : la première Bible imprimée par Gutenberg et la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique auraient déjà été imprimées sur du papier de chanvre.
Industrie textile
Les fibres de la plante ont toujours été utilisées pour la fabrication de textile : vêtements, voiles de bateaux, linge de maison, etc. Mais cette utilisation est actuellement presque anecdotique, même si elle tend à se développer à nouveau. À titre de comparaison, le coton représente près de 75% de la production mondiale de fibres naturelles, quand le chanvre atteint seulement 0,3%.
Quels sont les avantages du chanvre ?
Une culture écologique
C’est l’un de ses atouts majeurs : le chanvre répond très bien aux enjeux environnementaux actuels. Sa culture est prolifique, mais peu polluante, et sa valorisation est complète.
Peu exigeant, le chanvre est une plante simple à cultiver, qui se contente de peu. Grâce à son système racinaire profond, il ne nécessite que peu d’arrosage. Peu sensible aux maladies et parasites, il n’a pas besoin non plus de traitement chimique (fongicides, insecticides). Sa croissance rapide et son réseau racinaire dense lui permettent de se développer sans risquer la concurrence ; il ne requiert donc pas d’herbicide. Sa hauteur et sa densité de culture sont également favorables à la biodiversité. Le chanvre, même non biologique, reste donc une plante « propre » à la culture peu polluante. Pour comparer, « l’impact global du coton est 26 fois plus important que le chanvre. La fibre de chanvre a un impact sur le changement climatique 3 à 10 fois inférieur aux autres fibres textiles ». (étude Evéa, missionnée par Flax Company).
Le chanvre est également la plante qui produit le plus de biomasse à l’hectare (environ 2 à 3 fois plus que le coton). À surface égale, elle a donc un rendement bien supérieur.
Comme nous l’avons vu précédemment, toutes les parties de la plante peuvent être utilisées dans divers domaines : il n’y a donc pas ou peu de déchets. En fin de vie, les produits fabriqués en chanvre peuvent être compostés ou recyclés.
Enfin, le chanvre capte 15 tonnes de CO2 par hectare, soit l’équivalent d’un hectare de forêt. Lorsqu’il est utilisé dans la confection de produits de longue durée, il a donc l’avantage de stocker du carbone.
Une fibre aux multiples propriétés
Grâce à la composition de ses fibres, le chanvre est naturellement très résistant. Les vêtements ou les tissus en chanvre ont donc l’avantage de ne pas se déformer et d’offrir une longue durée de vie. Ils résistent également très bien à l’eau, d’où leur utilisation passée pour la confection de cordages de bateaux.
Les fibres naturelles ont aussi des propriétés antibactériennes, qui rendent les tissus hypoallergéniques et limitent les mauvaises odeurs. Cette qualité leur permet d’être utilisées pour la confection de textiles sensibles, comme certains équipements médicaux.
Les qualités naturelles d’absorption du chanvre lui confèrent une bonne capacité tinctoriale, c’est-à-dire qu’il se teinte facilement, sans nécessiter beaucoup de colorants.
Enfin, les fibres de chanvre protègent bien des rayons UV.
Contrairement au lin, dont il partage beaucoup de qualités, il a également l’avantage de se froisser moins rapidement.
Quels sont les inconvénients et limites du chanvre ?
Une réputation à reconstruire
En faisant l’amalgame entre le chanvre industriel et le cannabis, certains industriels américains auraient lancé une campagne de diabolisation de la plante. Cela aurait influencé le vote du fameux « Marijuana Tax Act », rendant dissuasive la culture de chanvre à partir de 1937 aux Etats-Unis.
Les préjugés et confusions demeurent encore aujourd’hui. En France, la culture des fibres et graines dans un but industriel n’était pas illégale, mais il aura fallu attendre décembre 2022 pour que l’arrêté du gouvernement interdisant la vente de la fleur et de la feuille de chanvre soit définitivement annulé.
Aujourd’hui, l’un des enjeux principaux est donc de redorer l’image du chanvre et de mettre en valeur ses indéniables atouts.
Un prix élevé
Le chanvre est plus cher à l’achat que les matières synthétiques ou que d’autres matières naturelles, coton en tête.
Cette différence de prix s’explique à plusieurs niveaux :
- le chanvre est plus rare : sa production est nettement inférieure à celle du coton, ce qui ne permet pas de baisser les coûts de production ;
- la récolte nécessite du matériel coûteux et du temps de main d’œuvre ;
- le processus de transformation est long (par exemple, le coton n’a pas besoin d’être teillé).
Une fibre peu souple
La structure de la fibre de chanvre est naturellement épaisse, ce qui a l’avantage de lui conférer une très bonne résistance, mais peu d’élasticité et de souplesse. Cela en fait une matière un peu rude au toucher et difficile à travailler. Au fil du temps et des lavages, elle a toutefois tendance à s’assouplir et à gagner en douceur.
Pour compenser cette texture pas toujours agréable, elle est parfois mélangée à d’autres fibres, naturelles ou synthétiques, ce qui peut impacter son empreinte carbone. Autre solution pour l’assouplir, lui faire subir des traitements, qui là encore peuvent se révéler énergivores et peu écologiques.
Pour plus de transparence, suivez les labels comme GOTS ou Okeo-Tex, qui vous garantissent une absence ou une limitation de l’utilisation de substances nocives dans un produit fini.
Une filière textile qui doit se relever
Avec le déclin du chanvre au XXème siècle, sa filière textile en France a été lourdement impactée. Le savoir-faire s’est perdu, les machines ne se sont pas automatisées en suivant les avancées technologiques, les filatures ont été délocalisées. Les fibres sont donc envoyées dans d’autres pays d’Europe (au mieux en Espagne) ou en Asie pour le filage et le tissage.
Mais les acteurs de la filière lin & chanvre se rassemblent pour restructurer et redynamiser ce secteur plein d’avenir. L’objectif est d’ouvrir la voie, pour enfin proposer des vêtements en chanvre 100% fabriqués en France, de la graine jusqu’au fil.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.
Bonjour jai bien aimer l’article. très bien,