L’élasthanne : ses avantages et inconvénients
Tout savoir sur cette matière synthétique prisée pour son élasticité.
Table des matières
L’élasthanne : définition
L’élasthanne est une fibre synthétique issue de la pétrochimie. Son nom proviendrait de la contraction des mots « élastique » et « polyuréthane » (molécule qui compose en majorité cette matière).
Elle est aussi connue sous les noms de spandex (principalement utilisé dans les pays anglo-saxons), ou Lycra® (marque déposée par la société américaine DuPont).
L’élasthanne s’est développé dans les années 60, afin de proposer une alternative confortable et plus résistante que le latex à l’industrie textile. Elle a été créée par le scientifique Joseph C. Shivers et était au départ connue sous le nom de « fibre K ».
Où est produit l’élasthanne ?
Les pays asiatiques sont les plus gros producteurs et exportateurs d’élasthanne au monde (Corée du Sud, Chine, Japon). En 2015, le fabricant textile sud-coréen Hyosung Corp. dominait le marché mondial, avec un volume de production de 190 000 tonnes d’élasthanne, soit une part de marché de plus de 30%.
L’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) et quelques pays d’Europe (Allemagne, Royaume-Uni) sont également des importants fabricants d’élasthanne.
Quelles sont les étapes de fabrication de l’élasthanne ?
L’élasthanne est fabriqué artificiellement à partir de polyuréthane segmentaire (sorte de caoutchouc synthétique) et de polyéthylène glycol (substance chimique). Tous deux sont issus du pétrole.
La majorité de la production mondiale utilise une méthode de filage en solution sèche. Il s’agit d’un processus faisant intervenir différentes réactions chimiques pour obtenir une polymérisation (combinaison de plusieurs petites molécules pour n’en former qu’une). Les fibres obtenues sont ensuite tissées ou tricotées.
Les différentes utilisations de l’élasthanne
L’élasthanne est très prisé dans l’industrie textile. Il est souvent mélangé à d’autres matières naturelles (coton, lin, laine…) ou synthétiques (polyester, simili cuir, acrylique…).
C’est initialement pour la fabrication de vêtements de sport dédiés à la gymnastique, à l’athlétisme et au cyclisme que l’élasthanne s’est développé. Nous retrouvons actuellement toujours cette fibre dans de nombreux textiles sportifs ou de loisirs : maillots de bains, combinaisons de surf, justaucorps, leggings, vêtements de running, vêtements de yoga, shorts cyclistes, etc.
Dans les années 80, son utilisation s’est étendue aux vêtements de prêt-à-porter du quotidien, comme les jeans, pantalons stretch, chaussettes, chemises, sous-vêtements (boxers, slips, collants, soutien-gorge…) ou encore vêtements de grossesse. La fibre y est souvent présente en petite quantité (de 2 à 15%), simplement pour assurer l’extensibilité et apporter du confort aux tissus.
Côté maison et décoration, le linge de lit peut inclure une proportion d’élasthanne (draps housses), tout comme certaines housses de coussin, housses de protection, revêtements de meubles, etc.
Dans le secteur médical, l’élasthanne est utilisé dans les textiles comme les bas de contention.
Au niveau technique, les combinaisons intégrales en élasthanne de type MorphSuits sont utilisées dans le milieu du cinéma ou des jeux vidéo pour la création d’effets spéciaux. C’est le cas par exemple avec la technologie motion capture, consistant à enregistrer les mouvements et positions d’une personne ou d’un objet pour les reproduire virtuellement.
Quels sont les avantages de l’élasthanne ?
Un matériau bon marché
L’élasthanne est un matériau bon marché : sa production en masse permet de faire baisser les coûts et il est majoritairement fabriqué dans des pays dans lesquels la main d’œuvre n’est pas chère.
A noter toutefois que, dans la conjoncture économique actuelle, les matières issues de la pétrochimie risquent de voir leurs prix impactés.
Une élasticité sans pareille
Ce sont ses qualités d’élasticité et de confort qui rendent l’élasthanne quasiment incomparable à d’autres matières et expliquent sa popularité.
La matière est à l’origine des premiers vêtements moulants ou stretch : ils ne sont plus seulement utilisés dans le sport, mais trouvent aussi leur place dans le quotidien. Si ces vêtements ont connu leur heure de gloire dans les années 80, ils reviennent encore de façon cyclique sur le devant de la scène.
L’élasthanne permet ainsi de porter des vêtements près du corps, bien ajustés, mais sans négliger le confort ou entraver la liberté de mouvements. La matière offre une impression de seconde peau, puisque les fibres en élasthanne peuvent être étirées et s’adapter aux différentes morphologies sans se déformer. Elles résistent ainsi à la tension sans s’abîmer, en retrouvant leur forme d’origine, ce qui leur confère une bonne résistance globale.
Souple et léger, l’élasthanne représente une alternative au caoutchouc naturel ou au latex.
Une matière imperméable
Les fibres d’élasthanne n’absorbent que très peu l’eau et l’humidité : on dit qu’elles sont hydrophobes, c’est-à-dire qu’elles repoussent les liquides et ne se mouillent pas. Cette propriété leur permet d’être presque imperméables et, surtout, de sécher extrêmement rapidement. C’est une matière qui n’est donc pas sensible à la moisissure.
Un entretien facile
Nous l’avons vu, sa faible capacité d’absorption de l’eau lui permet de sécher très rapidement. Dans les tissus mélangés en faible pourcentage, l’élasthanne pourra supporter le passage au sèche-linge à basse température.
Ses propriétés lui permettent aussi de se passer de l’étape de repassage, puisque les fibres ne se plient ou ne se figent pas.
Évitez l’emploi de produits oxydants (eau de Javel, eau oxygénée) ou de solvants pour conserver des fibres d’élasthanne en bon état.
Quels sont les inconvénients et limites de l’élasthanne ?
Une fibre synthétique peu écologique
Comme toutes les fibres issues de la pétrochimie, l’élasthanne a un impact non négligeable sur l’environnement et la santé humaine. C’est une matière polluante à tous les niveaux de son cycle de vie.
- La production d’élasthanne dépend d’une matière première non renouvelable (combustible fossile) : le pétrole. Elle nécessite une consommation importante en ressources naturelles, dans des pays qui ont encore recours à des énergies particulièrement polluantes, comme le charbon.
- Sa fabrication nécessite l’emploi de nombreux produits chimiques, dangereux autant d’un point de vue sanitaire (pour la santé des travailleurs) qu’environnemental. Notons que les principaux pays producteurs peuvent avoir recours à des substances interdites dans l’Union Européenne. Ces produits ne sont généralement pas recyclés et finissent leur vie dans la nature.
- Les substances chimiques utilisées lors de la production restent présentes dans les fibres textiles, pouvant aussi impacter la santé des consommateurs.
- Lors des lavages, les tissus en élasthanne libèrent des microparticules trop fines pour être filtrées par les stations d’épuration, donc qui atterrissent fatalement dans les océans. Cette pollution engendrée par les vêtements synthétiques est même plus importante que celle liée aux sacs en plastique, puisqu’elle représenterait des centaines de milliers, voire des millions de microfibres. Pour limiter ce problème, il est conseillé de laver ses vêtements en élasthanne moins souvent ou de les placer dans un sac de lavage « GuppyFriend ». Mis au point par l’ONG allemande Stop Micro Waste, il permet de contenir une grande partie des microparticules. Les produits chimiques utilisés lors de la fabrication de l’élasthanne sont également rejetés pendant le lavage, finissant leur course dans les milieux aquatiques en polluant les écosystèmes.
- Comme les autres fibres synthétiques, l’élasthanne n’est pas biodégradable. Les vêtements terminent généralement leur cycle de vie dans des décharges à ciel ouvert, polluant les sols et impactant la biodiversité.
Une matière qui peut être désagréable à porter
Comme les autres fibres synthétiques issues de la pétrochimie, l’élasthanne peut causer des allergies cutanées (eczéma, démangeaisons) chez les personnes réactives. Les cas restent rares, mais si vous êtes sensibles, évitez de porter des vêtements en élasthanne à même la peau.
Les faibles propriétés d’absorption naturelles de l’élasthanne ont un inconvénient : elles ne permettent pas à l’humidité, et donc à la sueur, de s’évacuer. Elles peuvent aussi occasionner le développement de bactéries et de mauvaises odeurs. Pour contrer ce problème, les industriels peuvent mélanger l’élasthanne avec des fibres qui offrent une meilleure aération naturelle (laine, lin, lyocell…).
L’élasthanne recyclé : une alternative plus écologique, mais qui reste polluante
Pour réduire cet impact sanitaire et environnemental, certaines marques se tournent vers l’élasthanne recyclé. Mais son utilisation reste limitée, d’autant que les textiles constitués de fibres mélangées, comme c’est souvent le cas avec l’élasthanne, sont difficiles à réutiliser.
La matière première déjà existante évite une nouvelle fabrication incluant l’utilisation de pétrole et permet de réduire la quantité de déchets. Mais le recyclage nécessite tout de même de nombreux produits chimiques et se révèle énergivore. De plus, mêmes recyclées, les fibres peuvent rejeter des microparticules au lavage.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.