Le cuir : avantages et inconvénients de cette matière
Tout savoir sur cette matière naturelle d’origine animale, utilisée depuis la préhistoire.
Table des matières
Le cuir : définition
Le cuir est une matière naturelle obtenue à partir de peau animale, qui subit des transformations pour la rendre imputrescible et permettre sa conservation. Il s’agit de l’une des matières les plus anciennes utilisées par les humains pour se vêtir, se chausser ou fabriquer des objets.
Elle peut être issue de différents animaux :
- bovins (vaches, taureaux, buffles, yacks…) ;
- porcins (cochons, pécaris…) ;
- ovins (chèvres, moutons, chamois…) ;
- équidés (chevaux, poneys…) ;
- poissons ;
- reptiles (serpents, crocodiles, lézards…) ;
- oiseaux (autruches).
Quelles différences avec le simili cuir, le cuir vegan et le cuir végétal ?
L’utilisation du mot « cuir » est encadrée par le décret 2010-29 du 8 janvier 2010, qui indique que le terme ne peut être utilisé que pour désigner des matières obtenues à partir de peaux animales.
Le cuir végétal fait référence à la méthode tannage, utilisant des tanins naturels issus de plantes au lieu de tanins chimiques.
De son côté, le simili cuir est une matière synthétique assimilée au plastique et fabriquée à partir de pétrole. Elle a pour objectif d’imiter le cuir, mais n’en a pas les propriétés. Il existe aussi du simili cuir fabriqué à partir de matériaux naturels ou recyclés (bouteilles en plastique, déchets de l’industrie agroalimentaire ou même bactéries).
Le cuir vegan n'existe pas !
L’appellation de « cuir vegan » est pour sa part erronée, puisqu’elle fait référence justement à une matière qui n’est pas issue de l’exploitation animale. Il serait ainsi plus juste de parler de « simili cuir vegan » ou de « cuir artificiel ».
Où est fabriqué le cuir ?
Le continent asiatique (Chine, Vietnam…) est le premier exportateur mondial de cuir, que ce soit au niveau des matières premières ou des produits finis.
Mais le continent européen est aussi un acteur important : en 2018, un tiers des chaussures et 40% des articles de maroquinerie exportés dans le monde provenaient d’Europe. L’Italie et la France sont les principaux exportateurs européens, produisant surtout du cuir de luxe. La filière française du cuir rassemble 12 800 entreprises, qui emploient plus de 130 000 personnes et génèrent plus de 25 milliards dʼ€ de chiffre dʼaffaires, dont 13 milliards d’euros à l’export. Notre pays est ainsi le 4ème exportateur tous secteurs confondus (production de cuir et peaux brutes, maroquinerie, chaussures, etc.). Les Etats-Unis et la Chine sont les premiers clients vers lesquels les produits français sont expédiés.
(sources : communiqués 2018, 2023 et brochure du Conseil national du cuir)
Quelles sont les étapes de fabrication du cuir ?
La peau animale nécessite différentes transformations avant de devenir du cuir, une matière qui ne peut plus se décomposer :
- La récupération de la peau. Sur les sites d’abattage d’animaux, la peau est séparée de l’animal, manuellement ou mécaniquement.
- Le salage. La peau est ensuite séparée de la chair, puis salée pour éliminer l’eau des tissus, ralentir la dégradation naturelle et permettre la conservation.
- Le tri. Les peaux sont classées et séparées en fonction des espèces d’animaux, du poids de la peau, de sa qualité et de sa destination finale.
- Le travail humide ou travail de rivière. Il s’agit d’une sorte de bain qui nettoie et traite l’épiderme. Les poils et les tissus graisseux sont également retirés.
- Le séchage. Cette étape permet de déshydrater les peaux.
- Le tannage. Ce traitement indispensable pour rendre la peau imputrescible et la transformer en cuir peur être naturel (à partir de tanins végétaux provenant généralement de feuilles ou d’écorces) ou minéral (à base de sulfate de chrome, de sels, de zirconium ou d’alun). Le choix des substances détermine l’aspect du futur cuir.
- Les finitions. Elles permettent de préparer le cuir et d’adapter l’aspect (le grain) et la souplesse de la matière, par le biais de découpages, pigmentations ou encore lissages.
Les artisans du cuir sont :
- Les tanneurs pour le travail des grandes peaux.
- Les mégissiers pour la préparation des petites peaux.
Les différents types de cuir
Il existe de nombreux types de cuir, variant par leur aspect visuel (grain, couleur, brillance, relief…), leur toucher, leur épaisseur et leur qualité.
Le cuir pleine fleur
Le cuir pleine fleur ou cuir aniline est une peau animale dont la surface supérieure est intacte, ce qui lui permet de conserver son grain naturel et ses irrégularités (cicatrices, piqûres, rides…). C’est un cuir de qualité considéré comme noble, plutôt haut-de-gamme.
Le cuir semi-aniline
Le cuir semi-aniline atténue l’aspect du grain, qui est alors recouvert d’une couche pigmentée et protectrice.
Le cuir pigmenté
Le cuir pigmenté est travaillé pour atténuer tous les « défauts » naturels de surface. Il est recouvert d’une peinture lui donnant un aspect uniforme, moins naturel.
Le nubuck
Le nubuck est un cuir pleine fleur donc la surface a été poncée légèrement pour atténuer les imperfections. Il a ainsi un aspect plus rugueux et velouté.
Le daim
Le daim est également un cuir ayant subi un traitement de la chair pour obtenir un aspect velours.
La croûte de cuir
La croûte de cuir est la matière la plus lisse restant après le retrait de la fleur. Il s’agit de la partie inférieure de la peau. Elle est de moins bonne qualité et doit souvent subir un traitement à base de vernis ou de polyuréthane.
Les différentes utilisations du cuir
Le cuir dans l’industrie textile et la cordonnerie
La moitié du cuir produit serait utilisé pour la fabrication de chaussures et un quart pour l’habillement. L’industrie textile et la cordonnerie sont donc les principales bénéficiaires du cuir.
Presque tous les types de chaussures peuvent utiliser cette matière : escarpins, chaussures de ville et mocassins, sandales, chaussures à talons, bottines, etc. De nombreux vêtements du quotidien pour hommes ou femmes utilisent aussi le cuir (vestes, blousons, pantalons, manteaux, shorts, jupes…). C’est le cas également des accessoires : gants, ceintures, bretelles, bracelets de montres…
N’oublions pas la maroquinerie, qui fait partie des importants débouchés du cuir, avec les sacs à main, sacs de voyage, sacoches, pochettes d’ordinateur, porte-documents, portefeuilles, porte-monnaie, porte-clés, boîtes à bijoux, etc.
D’autres utilisations du cuir
Mais le cuir est également présent dans d’autres domaines divers et variés :
- Dans l’industrie des transports, par exemple pour les intérieurs automobiles (sièges de voiture, revêtements de volants…) ou les accessoires de motos.
- Pour l’ameublement (canapés, fauteuils, chaises…) et la décoration (petits objets, teintures, tapis…).
- Pour la fabrication d’instruments de musique.
- Dans le domaine animalier, la confection de selles, licols, laisses, harnais ou encore sangles.
- En papeterie, pour créer des livres, carnets, classeurs ou stylos.
- Dans le domaine du bricolage ou du jardinage (tabliers, étuis, gants, porte-outils…).
- Dans le domaine du sport (ballons, sacs de frappe, cheval d’arçon, gants de baseball…).
Quels sont les avantages du cuir ?
Une matière résistante et durable
Le cuir est tout d’abord prisé pour sa résistance et sa solidité naturelles, qui en font une matière première particulièrement durable.
C’est une matière souple, respirante et chaude, qui offre une bonne isolation. Elle résiste aux déchirures et ne s’effrite pas.
Mais le cuir est aussi durable car c’est une matière dite « vivante », qui vieillit naturellement : avec le temps, elle prend une patine spécifique, souvent très recherchée. Il est facile de trouver de secondes mains d’anciennes pièces en cuir, comme le populaire Perfecto®, qui traversent les décennies.
Enfin, le cuir peut facilement être réparé pour allonger sa durée de vie, auprès de cordonniers ou d’autres artisans spécialisés.
Un esthétisme indémodable
Le cuir dispose d’un esthétisme particulier, qui peut même être unique. La matière met en effet parfois en valeurs les caractéristiques et défauts naturels de la peau animale, ses cicatrices, taches, fibres et pores irréguliers.
Les vêtements ou accessoires en cuir ont un caractère indémodable et intemporel. Ils sont considérés comme des classiques de la garde-robe et peuvent même se transmettre de générations en générations. Le cuir s’adapte à tous les styles vestimentaires, des plus élégants aux plus punks.
Une matière issue de la revalorisation de déchets
Pendant la préhistoire, le cuir provenait des peaux d’animaux chassés pour se nourrir. S’il n’est pas exotique, le cuir animal provient aujourd’hui généralement des chutes de l’industrie agro-alimentaire (lait et viande), qui constituent la matière première. Au lieu d’être jetées, les peaux sont réutilisées et transformées pour confectionner de nouveaux produits, parfois de haute qualité. Ce processus de valorisation est alors assimilé à de l’upcycling.
Certaines marques utilisent aussi du cuir recyclé, du cuir reconstitué (mélangé à du latex naturel par exemple) ou des déchets de production pour créer de nouveaux objets, dans une démarche encore plus écologique.
Ainsi, « le total des déchets de l’industrie alimentaire évité grâce à la Filière française du cuir représente 170 000 tonnes par an, soit l’équivalent du poids de 24 tours Eiffel » (selon Carine Montarras, cheffe de projet mode chez Première Vision).
Quels sont les inconvénients et limites du cuir ?
Un matériau cher à l’achat
Le cuir ne fait pas partie des matières bon marché, comme c’est le cas avec d’autres fibres naturelles comme le coton ou des fibres synthétiques comme le polyester.
Pour obtenir un cuir de bonne qualité, les étapes de fabrication sont coûteuses et complexes à réaliser. Certaines peuvent même être pratiquées à la main, ce qui augmente encore le coût de production, et donc le prix de vente final. Mais au regard de la durabilité de la matière, il s’agit bien souvent d’un investissement de longue durée.
De la peau au cuir : un processus de transformation polluant
Même si le cuir est une matière d’origine animale, donc naturelle, son mode de fabrication n’est pas toujours écologique et dépend surtout de l’origine des peaux.
Les différentes étapes de transformation nécessitent la consommation de beaucoup d’eau. La fabrication d’une seule paire de chaussures en cuir nécessite 8 000 litres d’eau.
Nous l’avons vu, le tannage permettant la transformation de la peau peut être naturel, mais aussi minéral. Ce dernier est le plus utilisé, puisqu’il concerne 85% de la production mondiale. Il nécessite de nombreux produits chimiques polluants, comme le chrome. Ces substances ne sont pas systématiquement traitées avant d’être rejetés dans les cours d’eau, ce qui impacte l’environnement. La rivière Buriganda, située au Bangladesh, fait par exemple partie des plus toxiques, justement à cause des produits de tanneries utilisés à proximité (source : ADEME). Les 270 tanneries du district de Dacca y rejetaient chaque jour jusqu’à 22 000 mètres cube de produits toxiques, faisant de ce site l’un des 10 plus pollués au monde selon l’ONG Blacksmith Institute (chiffres 2013).
La filière française du cuir est pour sa part soumise à la réglementation européenne, qui encadre les rejets dans la nature et applique des restrictions d’utilisation pour le chrome VI (pour le cuir en contact avec la peau).
Le tannage végétal constitue également une alternative moins polluante, mais elle nécessite la consommation de beaucoup d’eau et des procédés techniques plus longs, ce qui impacte le prix de vente.
Enfin, un cuir provenant du recyclage de déchet de l’industrie agro-alimentaire permet de limiter le gaspillage, mais il n’est pas toujours évident de s’assurer de la provenance du cuir. Le transport des peaux jusqu’aux usines est également générateur de CO2, augmentant l’impact carbone de la production de cuir. Ici encore, les produits made in France sont soumis à la réglementation européenne concernant la traçabilité du cuir dès l’abattoir (marquage au laser des peaux encore brutes), ce qui assure une meilleure transparence quant à leur provenance.
Des conséquences néfastes pour les humains
Les travailleurs sont en contact avec les produits chimiques utilisés lors des différentes étapes de transformation du cuir, parfois même sans équipement de protection. Le chrome VI utilisé en tanneries est classé cancérogène pour les humains par inhalation. Les travailleurs sont nombreux à souffrir de problèmes respiratoires, cancers et maladies de peau, imputables aux longues journées de travail et aux précautions de sécurité insuffisantes (source : L’Express). Mais toute personne vivant à proximité des usines rejetant ces substances dans l’atmosphère peut aussi être touchée. Arsenic, acides, fongicides, insecticides, résines, colorants… font aussi partie des produits chimiques auxquels sont exposés les tanneurs et mégissiers. En France en 2021, 3 employés d’une tannerie du Maine-et-Loire ont été intoxiqués par des peaux de cuir importées d’Italie.
Notons également les accidents causés par les machines, les chutes favorisées par un environnement particulièrement humide et le port de charge lourde, qui impactent inévitablement la santé des travailleurs.
Nous l’avons vu, les substances toxiques ne bénéficient pas forcément d’un traitement avant d’être rejetées dans l’eau. Or, les cours d’eau sont utilisés pour l’irrigation des champs servant à l’alimentation animale et humaine.
Enfin, les produits chimiques peuvent impacter les consommateurs porteurs de cuir, en favorisant les allergies cutanées.
Au-delà des problèmes sanitaires, l’industrie du cuir pose aussi des problèmes sociaux. Au Bangladesh, le salaire horaire est l’un des plus bas au monde pour les employés des tanneries produisant chaussures et maroquinerie à petit prix pour les pays occidentaux. Le travail des enfants est également régulièrement dénoncé.
Un bien-être animal négligé
L’industrie du cuir souffre des mêmes problématiques que l’élevage intensif, dont elle dépend majoritairement. En Chine, pays d’où provient une grande partie du cuir mondiale, il n’existe pas de loi qui encadre le traitement des animaux. Les conditions de détention des animaux sont particulièrement pénibles : confinement en espaces exigus, surpopulation, manque d’hygiène, développement de maladies et maltraitance. Mais les animaux doivent aussi subir de longs trajets entre les lieux d’élevage et d’abattage, durant parfois plusieurs semaines, dans des conditions toutes aussi sommaires (source : PETA).
Et ce n’est pas mieux du côté du cuir exotique (à partir de peau de crocodiles ou de serpents par exemple). Il était auparavant très utilisé par les marques de luxe, mais tend à perdre en popularité. Les fermes d’élevages n’offrent pas de meilleures conditions aux animaux, qui y sont parfois torturés pour obtenir des cuirs de meilleure qualité (source : HelloPlanet). Affirmant que le marché du cuir exotique existera toujours, le groupe français LVMH a fait le choix de posséder ses propres fermes d’élevage. De son côté, Hermès travaille avec une ferme de crocodiles qui affirme œuvrer pour de meilleures pratiques concernant le bien-être animal (source : Madame Figaro). Toutefois, ces élevages à but non alimentaire restent forcément consommateurs de ressources (eau, denrées, espace) et responsables de gaz à effets de serre.
En 2014, l’association PETA dénonçait également une industrie du cuir de chiens en Chine, dans laquelle les animaux étaient traités avec une cruauté insoutenable. Leurs peaux servaient à confectionner des gants, ceintures ou chaussures.
Sans la mise en place d’une traçabilité exigeante, il reste difficile de savoir de quel animal provient le cuir que nous portons et les conditions dans lesquels ils ont été élevés.
Un entretien moins facile que pour d’autres matières premières
Le cuir demande de l’entretien pour bien vieillir, conserver sa forme et sa résistance naturelle. Les soins permettent d’éviter qu’il ne se dessèche, se décolore ou se fissure. Mais contrairement à la plupart des autres fibres, il ne peut pas être simplement passé en machine à laver, puisqu’il ne doit pas être immergé dans l’eau. Évitez également de gratter le cuir, de le laisser trop longtemps au soleil ou d’utiliser des produits abrasifs pour son nettoyage.
Les chaussures, ainsi que les autres accessoires ou vêtements portés en extérieur, doivent être régulièrement imperméabilisés.
Le cuir peut être dépoussiéré à l’aide d’un chiffon doux. Pour le nettoyage, imbibez le chiffon d’eau savonneuse. L’application de lait nettoyant est souvent recommandée pour hydrater et raviver le cuir des vêtements ou ameublements. La pierre d’argile permettrait aussi d’éliminer les taches sur le cuir, notamment les taches d’encre. Il existe des produits d’entretien spécifiques pour chaque cuir, en fonction de leur nature (lisse, grainé, velours, etc.).
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.