Comment fonctionne réellement un ESAT ?

Qu'est-ce qu'un ESAT ?

Un ESAT est un Établissement et Service d’Aide par le travail. Il offre la possibilité aux personnes en situation de handicap d’accéder à un emploi, tout en bénéficiant d’un soutien médico-social et éducatif. Le site service-public.fr précise que “cette structure accueille des personnes qui n’ont pas acquis assez d’autonomie pour travailler en milieu ordinaire”.

Un ESAT est un “milieu protégé” en opposition au monde du travail classique. Il peut également disposer d’une structure d’hébergement annexe afin de fournir un logement adapté.

Qui peut travailler dans un ESAT ?

On pense souvent, de prime abord, que cela concerne uniquement l’handicap mental ou cognitif, alors qu’il peut s’agir d’handicap moteur ou d’un handicap invisible où la personne n’est pas en capacité, momentanément ou durablement, de travailler dans une entreprise classique.

Tout individu travaillant au sein d’un ESAT a, soit une capacité de travail inférieure au tiers d’une personne valide, soit une capacité de travail supérieure mais avec un besoin de soutien médical, éducatif, social et/ou psychologique. Pour ces derniers, ils peuvent à tout moment se réinsérer dans une “entreprise du milieu ordinaire” tout en bénéficiant de l’accompagnement de l’ESAT pour que cette transition se déroule dans les meilleures conditions.

Quelle est la rémunération des personnes travaillant en ESAT ?

Les personnes travaillant en ESAT perçoivent ce qu’on appelle une “rémunération garantie” (brut) comprise entre 6,49 €/h (954€/mois) et 12,90€/h (1896€/mois), dans le cadre d’une durée légale de 35 heures de travail par semaine.

Cela correspond a minima à 55% du SMIC et au maximum à 110% du SMIC.

Quel est le coût pour une entreprise de travailler avec un ESAT ?

De nombreux ESAT proposent des activités d’assemblage (de produits faciles à monter), de conditionnement (emballer les produits et les mettre dans des pochettes ou cartons, ajouter les étiquettes…), voire de logistique.

Nous avons également plusieurs marques de mode et d’accessoires qui passent par des ESAT pour la fabrication de leurs biens (seule étape qui permet de justifier le marquage “made in France” ou “fabriqué en France”). Tout dépend en réalité du profil des personnes travaillant dans l’ESAT et leur niveau d’autonomie. Les compétences de personnes en situation d’handicap moteur seul ou d’un handicap invisible sont capables d’apprendre les premiers gestes de couture.

L’entreprise bénéficie alors d’une réduction d’impôt à hauteur de 50% du montant total de la main d’oeuvre.

Travailler avec un ESAT : exploitation ou opportunité ?

Et si les deux parties étaient gagnantes ?

Bien sûr que l’entreprise bénéficie d’une main d’oeuvre défiscalisable pour moitié. Mais elle ne peut pas recourir à l’ESAT pour tous les types de produits. Certaines confections textiles et d’accessoires plus complexes nécessitent un savoir-faire précis qui s’acquière par l’apprentissage, dans un cursus conventionnel, et se peaufine avec l’expérience. D’autant plus que ce sont souvent des TPE (Très Petites Entreprises) ou des entrepreneurs individuels qui passent par des ESAT, donc on ne peut pas vraiment leur reprocher de se faire de l’argent sur le dos des employés de l’ESAT. Dans les grandes entreprises, ces services sont internalisés voire industrialisés pour gagner du temps et de l’argent. Par exemple, le conditionnement à grande échelle se fait par des machines.

Selon le profil de la personne en situation de handicap, l’ESAT est à la fois un établissement de transition et un établissement permanent. Pour certaines personnes, l’ESAT est une étape dans un parcours de vie, afin de reprendre confiance en soi, se réadapter à un environnement de travail, acquérir de nouvelles compétences… pour pouvoir s’insérer, à nouveau, dans le monde du travail ordinaire. Pour d’autres, l’ESAT est et restera leur environnement de travail.

Bien que le travail soit souvent associé à des termes péjoratifs comme le labeur et le burn-out (d’ailleurs, l’étymologie du mot travail vient du latin “tripalium” signifiant la torture), il peut également se révéler être une source de satisfaction et d’occupation journalière.

En ESAT, même si la durée hebdomadaire suit le cadre légal de 35h, selon les profils, le temps de travail peut être adapté. Cette flexibilité et cette adaptabilité font d’un ESAT un milieu protégé, loin des questions de performance et de productivité.