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C'est quoi Lenzing Ecovero ? On vous explique !

Tout savoir sur cette matière artificielle récente, qui reprend les propriétés de la viscose tout en limitant son impact environnemental.

Lenzing Ecovero Viscose
Étiquette d'une chemise de la marque Gémo confectionnée à partir d'Ecovero (crédits photo : Marques de France)
Par Marion Mesbah. Publié le 18 décembre 2023. Dernières modifications le 25 juin 2024.

L’Ecovero® : définition

L’Ecovero est une matière artificielle créée par l’homme à partir de cellulose de bois (c’est-à-dire la molécule qui constitue sa paroi cellulaire). Il ne s’agit ni d’une matière synthétique issue de la pétrochimie (polyester, polyamide, élasthanne, acrylique…), ni d’une matière déjà présente telle quelle dans la nature (coton, chanvre, lin, soie…). Elle constitue une sorte d’intermédiaire entre ces deux types de fibres, puisqu’elle est d’origine végétale, mais transformée chimiquement.

L’Ecovero est une matière récente : elle a été brevetée en 2017 par l’entreprise autrichienne Lenzing, déjà à l’origine de la fibre Tencel®. Sa particularité consiste à reprendre les propriétés de la viscose, mais avec un processus de fabrication moins polluant.

Contrairement à ce que l’on peut lire parfois, il ne s’agit donc pas d’une certification ou d’un label, mais d’une marque déposée faisant référence à une fibre textile.

Quelles différences avec la viscose ?

La viscose est également une fibre artificielle, appréciée pour ses nombreuses qualités : souplesse, douceur, finesse et solidité. Elle est ainsi utilisée comme une alternative moins chère à la soie dans l’industrie textile. Il s’agit de la plus ancienne fibre textile fabriquée par les humains.

Mais le mode de fabrication de la viscose est néfaste aussi bien pour l’environnement que pour la santé humaine. Il est d’abord très gourmand en eau. Ensuite, il nécessite de nombreux produits chimiques (solvants, sulfates, soude caustique…), qui ne sont pas recyclés. On constate ainsi des rejets polluants dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau à proximité des usines en Inde et en Indonésie. La production de viscose est également accusée de participer à la déforestation. Mais elle pose aussi des problèmes humains : les produits sont manipulés par les travailleurs au sein d’usines qui n’appliquent pas les mêmes normes de sécurité et les mêmes conditions de travail qu’en Europe. Les rejets chimiques mettent aussi en danger la santé des populations locales.

Pour sa part, l’Ecovero est une fibre présentée comme une nouvelle viscose plus « verte », qui associe les avantages de la matière, tout en limitant grandement ses inconvénients. Ainsi, le procédé de fabrication utilise jusqu’à -50% d’eau, soit 12,5 L en moins pour concevoir un T-shirt de 150 g. Son bilan carbone est également réduit de moitié.

Où est produit l’Ecovero ?

L’Ecovero est produit par l’entreprise autrichienne Lenzing. Elle dispose d’usines dans plusieurs pays : en Autriche, mais aussi en République tchèque, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Brésil, en Indonésie, en Chine et en Thaïlande.

Quelles sont les étapes de fabrication de l’Ecovero ?

L’Ecovero est une matière d’origine végétale, transformée chimiquement, entre autres grâce à des solvants.

  1. La cellulose de bois est extraite de certaines espèces d’arbres (notamment hêtres, bouleaux, épicéas et eucalyptus) au sein de forêts certifiées.
  2. Elle est réduite en copeaux, puis elle subit plusieurs broyages et transformations chimiques sous forme de bains pour être dissoute.
  3. La matière obtenue est traitée et séchée, avant d’être transformée en fibres.
  4. Ces fibres devront être filées, afin de pouvoir confectionner des textiles.

Les différentes utilisations des fibres Ecovero

L’Ecovero est utilisé dans l’industrie textile. C’est une fibre particulièrement prisée des marques dites éthiques et écoresponsables. Nous l’avons vu, il s’agit en effet d’une alternative à la viscose, moins polluante pour la planète et néfaste pour l’humain. Mais elle est aussi plus propre que les fibres synthétiques, ou même que le coton conventionnel.

On retrouve ainsi toutes sortes de vêtements en Ecovero pour hommes, femmes et enfants : robes, jupes, pantalons, vestes, chemisiers, t-shirts, etc. Les fibres peuvent être utilisées seules ou mélangées à d’autres matières.

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Quels sont les avantages de l’Ecovero ?

Une matière à l’impact environnemental réduit

Si l’Ecovero est présenté comme une matière éco-friendly, c’est parce que son impact environnemental est réduit par rapport à d’autres fibres, qu’elles soient synthétiques ou naturelles. Un exemple concret : la fabrication d’un t-shirt en coton conventionnel nécessiterait 210 L d’eau supplémentaire par rapport à un t-shirt en Ecovero.

Mais d’autres facteurs expliquent aussi le bilan carbone réduit de cette fibre.

  1. L’Ecovero est issu de bois, une matière première naturelle et renouvelable.
  2. Ces bois sont prélevés à 99% dans des forêts gérées durablement, certifiées FSC ou PEFC. Cela signifie que ces cultures ne participent pas à la déforestation, ne proviennent pas de forêts anciennes ou en danger d’extinction. Les essences sont choisies en fonction du pays d’origine : par exemple, l’eucalyptus pousse beaucoup plus rapidement au Brésil qu’en Europe. A l’inverse, en Europe, ce sont des essences indigènes poussant déjà naturellement sur les territoires qui sont utilisées (épicéas, bouleaux, hêtres). Elles sont sélectionnées en fonction de leur rapidité de croissance, afin de pouvoir régénérer les forêts au plus vite. L’entreprise Lenzing indique également avoir acquis ses propres espaces forestiers (notamment au Brésil), pour pouvoir y gérer la rotation des cultures et les modes d’exploitation. Cela permet de réduire le bilan carbone des transports, puisque la matière première est sourcée à proximité des usines.
  3. L’Ecovero est certifié par l’Ecolabel européen. Il répond aux normes imposées par cet organisme indépendant, concernant son impact environnemental sur toute la chaîne de production (extraction des matières premières, production, distribution, fin de vie). Les solvants utilisés pour la fabrication sont non toxiques et recyclables. Le processus est d’ailleurs réalisé en circuit fermé à 99%.
  4. Les fibres d’Ecovero sont biodégradables (si elles ne sont pas mélangées à d’autres fibres non naturelles). Elles se décomposent ainsi dans différents environnements (sol, compost industriel ou ménager, eau douce, milieu marin). Elles sont certifiées par l’organisme TÜV AUSTRIA Belgium, chargé de tester la compostabilité des produits.

Lenzing cherche à aller encore plus loin. Habituellement, les fibres Ecovero sont blanches. L’entreprise vient de lancer une version déjà teinte en noir selon un processus spécial, intégrant directement les pigments au cœur de la matière. Cela permet de diminuer en amont les besoins en teinture conventionnelle, ce qui occasionnerait une consommation réduite de 50% en eau et en énergie, ainsi qu’une baisse des émissions carbone jusqu’à 60%. Cette méthode de teinture serait durable, résistante aux lavages et à l’exposition au soleil.

La traçabilité des fibres

L’entreprise Lenzing met également en avant sa volonté de transparence, souhaitant soutenir une industrie de la mode moins opaque. Les fibres sont tracées tout au long de la chaine de production, pour s’assurer qu’il s’agit bien d’Ecovero (et non de viscose conventionnelle par exemple). Son système de traçabilité permettrait d’identifier les fibres dans le produit final et d’en remonter le parcours, même après toutes les étapes de transformation.

Des textiles agréables à porter et polyvalents

Les fibres Ecovero disposent des avantages de la viscose, déjà censée représenter une alternative à la soie.

Les textiles sont donc fins, souples et fluides, doux au toucher, ce qui les rend confortables. Ils sont agréables à porter, même directement sur la peau, et limitent les risques de réactions allergiques.

Respirante, la matière ne favorise pas la transpiration excessive et permet de réguler la température.

Elle dispose également d’une bonne résistance naturelle.

Des tissus d’entretien facile

Les tissus Ecovero se lavent à basse température (30°C à 40°C) en machine à laver. Privilégiez un séchage à l’air libre plutôt qu’au sèche-linge.

Les fibres ont l’avantage de ne pas nécessiter de repassage, puisqu’elles sont peu sujettes aux plis.

Quels sont les inconvénients et limites de l’Ecovero ?

Une fibre plus chère à l’achat

Les textiles en viscose Ecovero sont plus onéreux que ceux fabriqués en matières synthétiques ou en coton conventionnel. Les quantités fabriquées étant plus faibles, les coûts de production sont forcément plus élevés. Cette production nécessite également une technologie plus onéreuse.

Une matière qui pourrait encore réduire son bilan carbone

Même s’il s’agit d’une matière plus propre que les matières issues de la pétrochimie, ou que le coton conventionnel (qui pose de nombreux problèmes malgré son origine naturelle), l’Ecovero reste une matière artificielle. Elle nécessite des transformations et produits chimiques.

Elle est aussi dépendante de bois qui, même issus de forêts gérées durablement, est cultivé en monoculture. Lorsque qu’une seule espèce d’arbres est produite sur une parcelle, elle est nettement moins favorable à la biodiversité, participe à l’appauvrissement des sols et augmente le risque de contamination en cas de maladies.

Notons que le fait que la fibre ait été créée par une entreprise autrichienne ne garantit pas la provenance des textiles. Nous l’avons vu, toutes les usines ne sont pas en Europe et les transports occasionnent forcément des émissions de CO2. Pour réduire encore le bilan carbone, mieux vaut opter pour un vêtement en Ecovero fabriqué en Europe ou made in France.

Lenzing semble vouloir toujours s’améliorer, par exemple en généralisant la fabrication de fibres neutres en carbone d’ici à 2050. Pour cela, l’entreprise mise sur plusieurs points :

  • développer les pâtes de fibres recyclées ;
  • optimiser les méthodes de production et adopter de nouvelles technologies ;
  • utiliser des énergies renouvelables ;
  • pratiquer la compensation carbone.

Une fibre minoritaire dans l’industrie textile

L’Ecovero reste aujourd’hui une fibre confidentielle, utilisée seulement à petite échelle. Le polyester et le coton demeurent les matières les plus exploitées par l’industrie textile et semblent difficilement concurrençables. Les fibres artificielles à base de cellulose bois (Ecovero, mais surtout viscose, lyocell et modal) ne se partagent ainsi que 6% de la production mondiale, dont 1% provenant de Lenzing.

En 5 ans, de 2017 à 2022, Lenzing a produit 300 000 tonnes de fibres Ecovero. A titre de comparaison, 25 millions de tonnes de coton ont été produits dans le monde sur la seule saison 2021-2022.

Auprès des consommateurs, l’Ecovero reste aussi une matière encore peu connue.

Quelles différences entre lyocell ou Tencel et Ecovero ?

Le lyocell ou le Tencel font référence à la même fibre, produite à partir de cellulose de bois. Tencel est une marque déposée par Lenzing, quand lyocell est le nom commun de la matière.

Nous n’avons pas réussi à trouver de grandes différences permettant de distinguer le Tencel de l’Ecovero. Ces fibres artificielles sont toutes les deux fabriquées à partir de fibres de bois, en circuit fermé pour limiter l’impact de leur production. Il semble y avoir quelques subtilités au niveau du mode de transformation et des produits utilisés. Mais leur impact environnemental, tout comme leurs propriétés, semblent finalement assez proches.


Marques de France - Avatar - Marion Mesbah

Contenu rédigé par Marion Mesbah

Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.

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