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Analyses Décryptages

Comment choisir une crème solaire sans perturbateur endocrinien ?

La période estivale démarre, alors il est temps de choisir sa protection solaire pour préserver son capital soleil. De nombreux articles et applications font des classements pour savoir quelles sont les crèmes solaires à éviter, en tenant compte notamment des perturbateurs endocriniens.

Marques de france credits cremes solaires
Par Élodie Lapierre. Publié le 26 juin 2025. Dernières modifications le 1 juillet 2025. Publier un commentaire.

Qu'est-ce qu'on entend par protection solaire ?

Les protections solaires comme les crèmes solaires, les laits solaires et les huiles solaires sont des cosmétiques qui possèdent un ou plusieurs filtres UV pour protéger la peau des coups de soleil et des autres effets néfastes liés à l’exposition aux UVA et UVB. Les ultraviolets (UV) sont classés comme cancérigènes avérés, ils endommagent l’ADN cellulaire provoquant, après plusieurs années, des cancers de la peau.

Les protections solaires agissent de plusieurs façons, dont les principales sont de réfléchir les UV et/ou les absorber.

Le niveau d’indice de protection est défini par le SPF.

Que veut dire SPF ?

Le SPF signifie “Sun Protection Factor” en anglais, que l’on traduit littéralement par “Facteur de Protection Solaire”.

Généralement, les niveaux de protection vont de SPF 20, SPF 30 à SPF 50. Certaines marques les déclinent en SPF 50+ ou SPF 10.

SPF 50 et 50+ : niveau le plus élevé de protection

  • bloque 98% des UVB
  • protège votre peau pendant 50 fois le temps moyen d’avoir un coup de soleil (sans protection solaire)

SPF 30 : niveau moyen de protection

  • bloque environ 95 % des rayons UVB
  • protège votre peau pendant 30 fois le temps moyen d’avoir un coup de soleil (sans protection solaire)

SPF 20 : niveau bas de protection

  • bloque environ 92 % des rayons UVB
  • protège votre peau pendant 20 fois le temps moyen d’avoir un coup de soleil (sans protection solaire)

La durée de protection liée au SPF

Par exemple, si vous prenez un coup de soleil après seulement 10 minutes d’exposition sans protection solaire, le SPF 50 vous protège des coups de soleil pendant 500 minutes (10 min x 50), soit près de 8h de protection, en plus de bloquer 98% des UVB. Mais ça c’est la théorie, car comment être sûr du temps d’exposition max avant d’avoir un coup de soleil. Ces données sont donc indicatives et non à prendre au pied de la lettre.

En plus, avec l’eau, la sueur, les frottements avec la serviette ou les vêtements, la protection solaire peut être éliminée plus rapidement que prévue. Il est alors recommandé d’appliquer régulièrement sa protection solaire, en tenant compte de l’indice UV, de sa carnation, de son profil et du SPF appliqué. Surtout qu’on oublie toujours certaines parties du corps et on n’est jamais protégé à 100%.

Quels sont les filtres solaires autorisés ?

Les filtres solaires autorisés sont listés dans l’annexe VI du Règlement Européen n°1223/2009 encadrant l’utilisation des cosmétiques, et repris dans l’arrêté du 6 février 2001 fixant la liste des filtres ultraviolets que peuvent contenir les produits cosmétiques.

Parmi les 28 filtres UV approuvés, le règlement et l’arrêté définissent également la concentration maximale autorisée. L’oxyde de zinc a rejoint la liste en 2016.

LISTE DES FILTRES ULTRAVIOLETS QUE PEUVENT CONTENIR LES PRODUITS COSMETIQUES

NUMÉRO
d’ordre

SUBSTANCES

CONCENTRATION
maximale autorisée

AUTRES LIMITATIONS
et exigences

CONDITIONS D’EMPLOI
et avertissements à reprendre
obligatoirement sur l’étiquetage

a

b

c

d

e

2

Sulfate de méthyle de N, N, N-triméthyl [(oxo-2 bornylidène-3) méthyl]-4 anilinium.

6 %

3

Homosalate (DCI).

10 %

4

Oxybenzone (DCI).

10 %

La mention Contient de l’oxybenzone. n’est pas exigée si la concentration est égale ou inférieure à 0,5 % et si la substance n’est utilisée que pour protéger le produit.

Contient de l’oxybenzone.

6

Acide 2-phényl-benzimidazol 5 sulfonique et ses sels de potassium, de sodium et de triéthanolamine.

8 % (en acide)

7

3,3′-(1,4-Phénylènediméthylidène) bis (7,7-diméthyl-2-oxo-bicyclo-[2,2,1] hept-1-ylméthanesulfonique acide) et ses sels.

10 % (en acide)

8

1-(4-Tert-butylphényl)-3-(4-méthoxyphényl) propane-1,3-dione.

5 %

9

Acide alpha-(oxo-2-bornylidène-3)-toluène-4-sulfonique et ses sels.

6 % (en acide)

10

2-Cyano-3,3-diphényl-acide acrylique, ester 2-éthylhexyl (Octocrylène).

10 % (en acide)

11

Polymère de N-(2 et 4)-[(2-oxoborn-3-ylidène)méthyl]-benzyl acrylamide.

6 %

12

Méthoxycinnamate d’octyle.

10 %

13

Ethyl-4-aminobenzoate éthoxylé (PEG-25 PABA).

10 %

14

Isopentyl-4-méthoxycinnamate (Isoamyl p-Methoxycinnamate).

10 %

15

2,4,6-Trianilino-(p-carbo-2′-éthylhexyl-1′-oxy)-1,3,5-triazine (Octyl Triazone).

5 %

16

Phénol,2-(2H-benzotriazol-2-yl)- 4-méthyl-6-(2-méthyl-3-(1,3,3,3- tétraméthyl-1-(triméthylsilyl)oxy)-disiloxanyl)propyl)) (Drometrizole Trisiloxane).

15 %

17

Acide benzoïque, 4,4-((6-(((1,1-diméthyléthyl) amino)carbonyl) phényl)amino) 1,3,5, -triazine-2,4-diyl)diamino)bis-, bis(2-éthylhexyl)ester).

10 %

18

3-(4′-Méthylbenzylidène)-d-1 camphre (4-Methylbenzylidene Camphor).

4 %

19

3-Benzylidène camphre (3-Benzylidene Camphor).

2 %

20

2-Ethylhexyl salicylate (octyl-salicylate).

5 %

21

4-Diméthyl-amino-benzoate d’éthyl-2-hexyle (octyl diméthyl PABA).

8 %

22

Acide 2-hydroxy-4-méthoxybenzophénone-5-sulfonique (Benzophénone-4) et son sel de sodium (benzophénone-5).

5 % (en acide)

23

2,2′-méthylène-bis-6- (2H-benzotriazol-2-yl)- 4-(tétraméthyl-butyl)-1,1,3,3-phénol.

10 %

24

Sel monosodique de l’acide 2-2′-bis-(1,4-phénylène)1H- benzimidazole-4,6-disulfonique.

10 % (en acide)

25

(1,3,5)-Triazine-2,4-bis ([4-(2-éthyl-hexyloxy)- 2-hydroxy]-phényl)-6-(4-méthoxyphényl)

10 %

26

Diméthicodiéthylbenzalmalonate (no CAS 207574-74-1).

10 %.

27

Dioxyde de titane.

25 %.

28

Acide benzoïque 2-[-4-(diéthylamino)-2-hydroxybenzoyl]-, hexyl-ester (nom INCI : Diethylamino Hydroxybenzoyl Hexyl Benzoate n° CAS 302776-68-7).

10 %

Pourquoi les filtres solaires sont accusés d'être des perturbateurs endocriniens ?

Depuis leurs usages, dès les années 50, de nombreuses études et recherches scientifiques ont permis de caractériser les risques des filtres UV.

Leur autorisation dépend de leur efficacité et de leur toxicité / écotoxicité. Dans le cadre la lutte contre les perturbateurs endocriniens à l’échelle française comme européenne, des études complémentaires peuvent être menées et des demandes de reclassement ou d’abaissements des concentrations peuvent être faites (exemple avec le Bensophenone-3).

De manière générale, les filtres solaires les plus anciens, capitalisant le plus de données toxicologiques et épidémiologiques sont considérés comme les plus problématiques :

  • Benzophenone-3 (Oxybenzone) (n°cas 131-57-7), concentration maximale autorisée initialement à 10%, révision en 2017 pour être abaissée à 6% ;
  • Homosalate (n°cas 118-56-9), concentration maximale autorisée 10% ;
  • Octocrylène (n°cas6197-30-4), concentration maximale autorisée 10% ;
  • Enzacamene (4-Methylbenzylidene Camphor ou 4-MBC) (n°cas 52973-97-2), concentration maximale autorisée 6% ;

La concentration maximale autorisée permet de limiter les possibles risques.

Les filtres solaires les plus récents accumulant moins d’information, sont perçus comme moins dangereux. Mais l’absence de donnée n’est pas preuve d’innocuité. Néanmoins, le facteur rassurant est la taille moléculaire laissant présager que le passage de l’épiderme est plus complexe. Les filtres solaires chimiques ou organiques privilégiés :

  • Ethylhexyl Triazone (n°cas 88122-99-0), concentration maximale autorisée 5% ;
  • Diéthylhexyl Butamido Triazone (n°cas 154702-15-5), concentration maximale autorisée 10% ;
  • Disodium Phenyl Dibenzimidazole Tetrasulfonate (n°cas 180898-37-7), concentration maximale autorisée 10% ;
  • Phenylbenzimidazole Sulfonic Acid (n°cas 27503-81-7), concentration maximale autorisée 8% ;
  • Bis-éthylhexyloxyphénol méthoxyphényl triazine (n°cas 187393-00-6), concentration maximale autorisée 10% ;
  • Diethylamino Hydroxybenzoyl Hexyl Benzoate

Enfin, les filtres solaires minéraux sont perçus comme les plus sûrs car moins probables de traverser l’épiderme. Il en existe seulement deux : le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. Néanmoins, le filtre minéral donne un produit peu fluide, avec une tendance à laisser des traces blanches. Pour compenser ces désagréments, l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane sont souvent présents à l’état nanométrique, avec le possible risque qu’ils traversent le derme et se retrouvent dans l’organisme. Bien que scientifiquement, il manque des données robustes pour le confirmer. Les fabricants ont l’obligation d’indiquer dans leur liste d’ingrédients, si le filtre minéral est présent à l’état nanoparticulaire. L’information doit être écrite en toutes lettres et entre crochets : [nano].

Est-ce que les protections solaires peuvent être sans risque pour la santé et sans risque pour les écosystèmes ?

Non !

Le risque n’est jamais nul. Au mieux, il est faible = limité. Au pire, il est important = fort.

C’est toujours une question de balance entre les risques et les bénéfices.
→ Les rayonnements solaires (UV) sont classés comme cancérigènes avérés.
→ Les crèmes solaires, dont les filtres UV peuvent être suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ou d’être cancérigènes.

Ainsi, si vous souhaitez éviter la crème solaire, il faut compenser par un t-shirt anti-UV et un short, ainsi qu’une protection pour la tête et le visage. Néanmoins, les protections solaires comme les vêtements anti-UV ne couvrent jamais l’ensemble de la peau et l’idéal est de combiner les deux pour limiter les risques.

Les oreilles, le nez et le décolleté sont des zones particulièrement exposées et mal protégées où les cancers de la peau ne sont pas rares, notamment pour les carcinomes basocellulaires. La Fondation pour la Recherche Médicale rappelle que “Selon Santé publique France, entre 141 200 et 243 500 cas de cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année en France. Environ 70 % de ces cancers sont des carcinomes basocellulaires, 20 % des carcinomes épidermoïdes et 10 % des mélanomes, selon l’INCa.

L’INCa précise également que 17 922 nouveaux cas de mélanomes cutanés ont été recensés en 2023 en France métropolitaine et que 1 920 décès liés à ces cancers ont été observés en 2021. Les mélanomes surviennent généralement après 50 ans, mais ils affectent de plus en plus les jeunes adultes. Ces cancers sont parmi ceux ayant la plus forte augmentation d’incidence entre 2010 et 2018.”

Enfin, les filtres UV qu’ils soient organiques ou minéraux sont strictement encadrés. Leur concentration maximale d’utilisation permet de maîtriser les risques face aux UV qui sont, je le rappelle, cancérigènes avérés. Alors entre la suspicion et les faits, on fait confiance aux faits.

Quelle est l'offre de protections solaires made in France ? Comment sont-elles notées sur Yuka, UFC Que Choisir et INCI Beauty ?

De manière générale, la France est un pays avec une industrie cosmétique forte et relativement pérenne. De très nombreuses marques d’hygiène et de soins proposent des protections solaires, en spray, en tube ou en stick. Par contre, si vous cherchez à comparer leur composition pour savoir quelle est la meilleure ou la moins pire (question de point de vue !), vous pouvez vite être surpris de la différence de notation pour un même produit selon que vous utilisiez les applications Yuka, Quel Produit d’UFC Que Choisir ou INCI Beauty.

Yuka étant la plus populaire et la plus utilisée, on pourrait observer un biais où des marques choisissent spécifiquement les filtres UV bien notés par l’application pour modifier leur formulation. Par exemple, Yuka pénalise les filtres minéraux [nano], bien qu’ils soient autorisés dans le cahier des charges des cosmétiques certifiés Bio (Cosmos Organic) et que l’ANSES n’appelle à la vigilance que pour les formulations en spray dont une fraction pourrait être inhalée (conditionnel).

Voici les tests, que j’ai pu faire :

  • Avène, stick zones sensibles SPF50+ :
    • UFC Que Choisir : aucun risque identifié à ce jour,
    • Yuka : 31/100, médiocre
    • INCI Beauty : 7,4/20
  • La Roche Posay, anthelios spray invisible SPF 50+ :
    • UFC Que Choisir : risque significatif,
    • Yuka : 76/100, excellent
    • INCI Beauty : 0/20

Il semblerait qu’INCI Beauty et UFC Que Choisir prennent en compte l’ancienne formulation avec les filtres solaire : homosalate et octocrylene, alors que Yuka serait plus à jour.

  • Comme Avant, crème solaire minérale solide à l’huile de Karanja SPF 50 :
    • UFC Que Choisir : aucun risque identifié à ce jour,
    • Yuka : 49/100, médiocre 
    • INCI Beauty : 19,2/20

La mauvaise notation de Yuka semble exagérée car la crème est présente en format solide, de type stick, et non en spray. Ainsi l’oxyde de zinc ne présente pas de risque significatif.

  •  Biolane, crème solaire bébé SPF 50 :
    • UFC Que Choisir : aucun risque identifié à ce jour,
    • Yuka : 100/100 excellent
    • INCI Beauty : 12/20

L’Ethylhexyl triazone est un filtre UV classé sans risque pour Yuka et risque moyen chez INCI Beauty.

Et bien d’autres marques proposant leurs crèmes solaires (sans être passées au scan) :

  • Caudalie
  • La Rosée
  • SVR
  • Uriage
  • Le Laboratoire de Biarritz
  • Corine de Farme

Le problème avec toutes ces applications est leur algorithme de notation qui reste très arbitraire. Chaque application à son propre système de notation qui ne repose sur aucun consensus scientifique. 

Alors en conclusion, vous pouvez acheter vos crèmes solaires en GMS ou en parapharmacie en confiance car la réglementation des cosmétiques en France et dans l’Union Européenne est stricte et vise à protéger la santé des consommateurs. Par contre éviter les achats sur le web, des cas de contrefaçon ont été rapportés.


Marques de France - Avatar - Élodie Lapierre

Contenu rédigé par Élodie Lapierre

Depuis plus de 15 ans, après des études en toxicologie et santé environnementale, j'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française et permettent de limiter notre impact environnemental.

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