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Le made in France peut-il rivaliser face au made in Portugal ?

Le made in Europe et notamment le made in Portugal sont de plus en plus recherchés par les consommateurs cherchant à allier prix - qualité et éthique.

Drapeau portugais
Crédits photo : Pedro Amaro / Pixabay
Par Élodie Lapierre. Publié le 17 août 2021. Dernières modifications le 30 décembre 2023. Publier un commentaire.

La mode et le made in Portugal

Alors que les consciences s’éveillent sur l’impact environnemental et humain de l’industrie de la mode et du textile, de nombreuses marques ont décidé de revoir leur façon de produire.

Que ce soit les rapports de l’OXFAM sensibilisant sur les pollutions environnementales et la participation de la fast fashion au réchauffement climatique, l’actualité relayant les drames humains derrière la confection textile, entre l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 où plus de 1 100 ouvriers du secteur de textile ont perdu la vie et plus récemment le travail forcé de la minorité Ouïghours en Chine ou encore le poids économique que représente la fast fashion sur le budget des ménages. Un paradoxe qui laisse penser que les consommateurs font des économies grâce aux prix tirés vers le bas, alors qu’ils sont poussés à acheter toujours plus. D’après l’ONG WeDemain, en moyenne 114€ de vêtements ne sont jamais portés et encombrent nos placards. 114€ mal dépensés.

Dans ce contexte, les consommateurs se tournent de plus en plus vers la seconde main et les marques affichant un positionnement éthique. Bien que l’éthique d’une marque soit subjective (ni label, ni charte n’existe dans le monde de l’industrie textile), il s’agit avant tout de se renseigner sur la façon dont la marque s’approvisionne en matières premières, le nombre et la fréquence à laquelle elle sort de nouveaux produits et par quels ateliers de confection elle passe.  Ainsi les ateliers de confection textile en Europe, et plus particulièrement au sein de l’Union Européenne, sont particulièrement appréciés pour la caution « éthique » qu’ils apportent.

Une confection made in Europe permet de limiter les dérives d’exploitation des ouvriers, de limiter l’usage de produits chimiques nocifs pour l’environnement et la santé des travailleurs dans le traitement et l’ennoblissement des textiles et de limiter l’impact carbone lié aux transports. Même si la crise de la Covid19 a permis de mettre en évidence des ateliers européens où le droit du travail n’était pas respecté. C’est le cas du cluster identifié dans la ville de Leicester en Angleterre qui est né à cause de l’exploitation des salariés : non respect des mesures de confinement, absence de masque de protection pour les salariés, obligation de travailler malgré les symptômes, pour un salaire misérable de 3,5£/h alors que le salaire minimum légal est de 8,7£/h.

Parmi les pays européens les plus recherchés, le Portugal tire son épingle du jeu en proposant un rapport qualité/prix difficilement concurrentiel. Le pays est devenu l’eldorado des marques françaises éthiques.

Portugal Porto
La ville de Porto (crédits photo : Nathsegato / PIxabay).

Le made in France peut-il rivaliser contre le made in Portugal ?

Comme il faut comparer ce qui est comparable, nous excluons les ateliers qui possèdent un savoir-faire rare et/ou unique et/ou innovant, pour nous concentrer sur des ateliers de confection textile, de maroquinerie et de chaussures aux techniques communes.

Partant de ce principe, le made in France ne peut pas rivaliser avec le made in Portugal. En effet les ateliers portugais rivalisent parfaitement avec les ateliers français en termes de qualité, de délai de production et de proximité géographique. Pour une société française basée à Biarritz, par exemple, déléguer la production à un atelier de Porto, à 810 km, équivaut à faire appel à un atelier lillois à 1 000 km.

Le coup de grâce est bien évidemment donné par le coût du travail qui est imbattable. Le salaire minimum mensuel portugais est de 775€ brut pour 40h de travail hebdomadaire avec une assurance santé comprise, alors qu’en France, le SMIC brut est de 1 554€ pour 35h. Sur une base de 21 jours de travail par mois :

  • Portugal : 8h x 21j = 168h/mois, soit 4,6€ brut/h ;
  • France : 7h x 21j = 147h/mois, soit 10,6€ brut/h.

Autrement dit, pour les mêmes standards de qualité, un ouvrier français coûte quasiment 2,5 plus cher que son équivalent portugais. Or ce coût sera nécessairement répercuté sur le prix de vente du produit fini. D’ailleurs, le magazine Capital a enquêté sur ce nouvel eldorado :

  • pour un boxer fabriqué en France, le coût de revient est de 12,10€, vendu 40€ par Le Slip Français (marge x3,3),
  • alors que pour sa version portugaise, le coût de revient est de 5,52€, vendu 17,50€ par Pétrone (marge x3,2).

Le Portugal a bien compris qu’il représentait une aubaine pour les marques française et européenne qui souhaitait s’inscrire dans une démarche plus éthique de fabrication de vêtements, chaussures et maroquinerie. En conséquence, de nombreux ateliers acceptent facilement les jeunes créateurs et créatrices qui souhaitent produire des petites séries. Il est également facile de trouver des interlocuteurs parlant français, supprimant la barrière de la langue. Enfin leurs ateliers répondent aux normes sanitaires et environnementales fixer par l’Union Européenne comme pour les ateliers français.

Le slip français boxer
Le boxer Marius par Le Slip Français (crédits photo : Le slip français).

Quel est l'intérêt du made in France alors ?

Nous avions déjà évoqué dans l’article « Les 10 idées-reçues sur le made in France« , que la qualité n’était pas corrélée à l’origine géographique de confection. Acheter un produit de fabrication française est aussi un acte de soutien à l’économie locale, maintenir des emplois et des ateliers, supporter notre système social, car les charges que paient les employeurs tout comme les impôts des employés permettent d’alimenter notre système de retraite, de santé, d’éducation…

Dans notre volonté de faire (re)découvrir les produits fabriqués en France, nous avons toujours été parfaitement conscients qu’un positionnement radical n’était à la fois pas possible et même délétère. D’une part, parce qu’objectivement l’artisanat et l’industrie made in France ne répondent pas à l’ensemble des besoins actuelles (les lave-vaisselles, les machines à laver, les réfrigérateurs et congélateurs n’ont plus de chaîne de production dans l’hexagone), d’autre part, car le prix des produits de manufacture française est incompatible, pour la très grande majorité des français, avec une consommation 100% made in France.

Enfin, il n’est pas question de fermer les frontières et de vivre en autarcie, le commerce mondial, bien qu’il doit être repensé, nous permet d’accéder à des produits originaux, différents, nécessaires et tout simplement pour se faire plaisir. Comme nous continuons d’exporter des produits made in France à l’étranger, notamment les produits de luxe et les cosmétiques, il reste important d’acheter des produits venant également d’autres pays. Outre l’origine de fabrication, il est surtout important de savoir dans quelles conditions un produit a été fabriqué ou récolté.

Notre crédo est (et a toujours été) : « nous ne prônons pas le made in France pour tout et tout le temps ». Nous pouvons tous êtres des consommateurs réfléchis et contribuer à la hauteur de nos moyens au soutien de l’économie locale.


Marques de France - Avatar - Élodie Lapierre

Contenu rédigé par Élodie Lapierre

Depuis plus de 10 ans, je suis chargée d’études en santé environnementale. J'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française.

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