Hermès, Louis Vuitton, Chanel : 3 marques de luxe de maroquinerie française passées à la loupe
Il y a des marques et des noms qui sont dépréciés autant qu’ils sont enviés. Qu’évoque pour vous les noms : Louis Vuitton, Hermès ou encore Chanel ? Ces grandes maisons de luxe contribuent à l’aura de la mode française, synonyme d’un savoir-faire d’excellence, d’une élégance inégalable et d’une richesse outrageuse. Elles déploient leur magnificence à travers la maroquinerie, la haute-couture et la parfumerie. Tantôt très discrètes, tantôt expansives, nous avons cherché à en savoir plus sur leur fonctionnement et les conditions salariales.

Table des matières
Trois symboles du luxe à la française
Ces marques de luxe possèdent chacune plusieurs dizaines d’ateliers sur le territoire français employant quelques milliers d’artisans.
Artisans plutôt qu’ouvriers car leurs tâches requièrent des compétences qui ne peuvent s’acquérir qu’après plusieurs mois d’apprentissage. Ainsi ces marques possèdent le point commun de disposer d’écoles ou plutôt de centres de formation en interne pour perpétuer la transmission de ces gestes techniques et minutieux, ainsi que la connaissance et la maitrise technique de matières nobles qui font la renommée de ces maisons de luxe.
Néanmoins, elles fonctionnent différemment dans leur développement et leur mode de production. Alors qu’Hermès favorise l’artisanat dans sa forme la plus traditionnelle en valorisant des tâches manuelles, LVMH investit dans la mécanisation de ses ateliers et privilégie la compartimentation des tâches, tandis que Chanel favorise la sous-traitance avec des ateliers triés sur le volet.
Plutôt discrets sur la localisation de leurs ateliers afin de protéger leur précieuses marchandises, plutôt discrets également sur les conditions salariales de leurs employés, nous avons épluché les articles de presse pour dresser le portrait de ces trois grandes marques de luxe qui façonnent la maroquinerie française.
Hermès, la maison de luxe familiale, la plus ancienne des trois
L'histoire d'Hermès
Née en 1837, elle porte le nom de son fondateur, d’origine allemande, dont le patronyme fait référence au dieu grec Hermès, messager des dieux de l’Olympe et gardien des voyageurs, des commerçants (ainsi que des voleurs).
Thierry Hermès, le fondateur, est alors maître artisan harnacheur-sellier. Il obtient une renommée internationale en remportant une médaille à l’exposition universelle de 1867 pour son travail d’excellence. Les cours royales et les aristocrates de toute l’Europe le sollicitent alors pour équiper leurs chevaux.
La maison Hermès est depuis lors restée une entreprise familiale même si elle est cotée en bourse depuis 1993. Elle compte pas moins de 20 600 employés dans le monde tous secteurs confondus (ateliers, boutiques, siège…), dont plus de 12 400 salariés-artisans en France.
Hermès revendique également 52 sites de production dont près de la moitié exclusivement dédiée à la maroquinerie : 100% des sacs Hermès sont fabriqués en France.
Les pièces phares d'Hermès
La pièce phare de la maroquinerie est sans conteste le sac Birkin dont son prix peut dépasser les 20.000€ selon le cuir dans lequel il est travaillé et ses finitions.
L’histoire du sac Birkin d’Hermès est digne d’un conte. Jane (Birkin) rencontre fortuitement le président de la maison d’Hermès, Jean-Louis Dumas, dans un avion faisant la liaison entre Paris et Londres. En faisant tomber ses affaires sur le sol, Jean-Louis Dumas lui conseille d’avoir un sac avec des poches, ce à quoi Jane répond qu’Hermès ne sait pas faire de sac avec des poches. Ce dernier lui annonce alors qu’il représente Hermès. Elle saisit l’opportunité en lui demandant pourquoi la maison Hermès ne fait pas de sac plus grand que le Kelly (petit sac en forme de trapèze, modèle phare de l’époque) et plus petit que la valise de Serge (Gainsbourg). La légende veut qu’elle gribouilla une esquisse sur un sac à vomir, donnant naissance au sac Birkin.
Mais la maison Hermès s’est aussi distinguée par ses accessoires et notamment le foulard en soie ou carré de soie de 90 x 90cm exactement (entre 225 et 620€) ou encore les sandales Oran (595€), souvent imitées mais jamais égalées, ainsi que l’Eau de toilette Terre d’Hermès (90€) ou l’Eau des Merveilles Hermès (110€), les parfaits cadeaux pour toucher du doigt ce luxe réservé à une poignée.
Les artisans d'Hermès
Avec une maroquinerie 100% made in France, Hermès dispose de 9 pôles de formation repartis sur l’ensemble du territoire et directement implantés dans ses ateliers pour former ses artisans.
Ils obtiennent alors le titre d’artisan sellier-maroquinier après 18 mois de formation et sont en capacité de confectionner un sac de A à Z. C’est ce qui fait l’aura de la maison Hermès, un travail manuel et artisanal. Ainsi chaque artisan fabrique un à deux sacs par semaine. D’après Challenges, c’est aussi le revers d’Hermès par rapport à son principal concurrent Louis Vuitton. En promouvant cette fabrication artisanale, le chiffre d’affaires d’Hermès est trois fois plus faible que celui de Louis Vuitton pour un nombre d’ateliers et d’artisans similaires.
D’ailleurs la marque a vu son cour en bourse chuté, justement parce qu’elle n’arrivait pas à répondre à la demande de ses clients. Victime de son succès, les stocks sont épuisés et le chiffre d’affaires décroît. La liste d’attente pour avoir son sac Birkin ne plait pas aux marchés boursiers ! Vanity Fair l’a d’ailleurs baptisé le sac le plus demandé et le plus cher au monde avec son modèle en cuir de crocodile et ses finitions en or blanc et diamants 18 carats vendu à plus de 277 000€ aux enchères en 2018.
Les ateliers d'Hermès
L’un des ateliers les plus anciens de la maison Hermès est l’atelier de Pierre-Bénite ouvert en 1989. Cet atelier conçoit et fabrique les foulards en soie Hermès. Il est situé aux portes de Lyon, capitale de la soierie française au XIXe siècle avec ses métiers à tisser et ses canuts des pentes de la Croix Rousse (ouvriers des manufactures de soie).
En région Auvergne Rhône-Alpes, Hermès possède quatre autres ateliers à Aix-les-bains, Belley, aux Abrets et Fitilieu, ce dernier comprend un centre de formation dédié aux apprentis en situation de handicap.
Depuis 1999 la Franche Comté compte la manufacture de Seloncourt, épaulée depuis par deux autres manufactures à Héricourt et Allenjoie.
Pour faire face à la demande croissante, Hermès continue d’ouvrir régulièrement de nouveaux pôles :
- En Auvergne, le site de Sayat sera renforcé par l’ouverture d’un nouveau site à la manufacture des Tabacs de Riom.
- Dans le Sud-Ouest, Hermès possède déjà 3 ateliers à Nontron, La Tardoire et Saint-Junien (spécialisé dans la ganterie de luxe) et un nouveau site a été inauguré en 2023, la maroquinerie de Guyenne à Saint-Vincent-de-Paul.
- En Normandie, la maroquinerie de Val-de-Reuil est soutenue par la maroquinerie de Louviers ouverte en 2023.
- Dans le Nord-Est, les Ardennes accueillent la manufacture de Bogny-sur-Meuse et plus récemment une maroquinerie entre Tournes et Cliron (2023).
- Enfin, Hermès a renforcé son pôle historique de la place Faubourg Saint-Honoré en plein coeur de Paris, avec des ateliers à Pantin en Seine-Saint-Denis et Montereau dans la Seine-et-Marne (2021).
Les salaires chez Hermès
D’après l’article du Monde du 17 février 2023, un salarié Hermès gagne en moyenne « l’équivalent de 17 mois de salaire par an », sachant que la plupart des salariés sont au SMIC, cela représenterait un salaire mensuel net de 1959,40€ (valeur au 1er mai 2023 : 1383,09€/mois net), auquel il faut ajouter les primes de participation et d’intéressement.
Louis Vuitton, la plus puissante marque de luxe des trois
L'histoire de Louis Vuitton
La marque Louis Vuitton est née en 1854. Elle porte le nom de son fondateur, malletier de profession. Sous le second empire, ses malles de prestige sont appréciées par l’épouse de Napoléon III.
Dès 1984, Louis Vuitton est cotée en bourse. Puis en 1987, les patrons respectifs de Louis Vuitton et Moët Hennessy, Henry Racamier et Alain Chevalier signent un rapprochement entre leurs marques, actant le point de départ du groupe de luxe LVMH pour Louis Vuitton, Moët (& Chandon, le champagne), Hennessy (marque de cognac). Depuis 1989, Bernard Arnault est le PDG et actionnaire majoritaire du groupe.
Outre ces marques historiques, le groupe rassemble en son sein :
- les marques de haute-couture : Christian Dior, Givenchy, Kenzo, Celine, Fendi, Loro Piana, Loewe et Marc Jacobs… ;
- les marques de vins et spiritueux : Moët & Chandon, Krug, Veuve Clicquot, Dom Pérignon, Ruinard, Hennessy, Château d’Yquem… ;
- les marques de joaillerie et horlogerie : Tiffany, Bulgari et TAG Heuer… ;
- les marques de parfums : Dior, Guerlain, Givenchy, Kenzo, Fenty… ;
- la marque distributeur de cosmétiques : Sephora (leader mondial dans la distribution de produits de beauté)
Présenté comme le leader mondial du luxe, le groupe LVMH signe année après année des records économiques comme si le contexte géopolitique ne l’atteignait pas. En 2021 déjà, à la sortie de la pandémie liée à la COVID19, Capital annonçait une année record, suivi d’une autre année record pour 2022 et une autre pour 2023 annoncée par le groupe lui-même. Ainsi l’année 2023 souligne une croissance de +13% par rapport à 2022 et une progression des résultats nets de +8% soit 15,2 milliards d’euros, avec en tête les secteurs de la parfumerie et des cosmétiques (+8%), suivi de la mode et maroquinerie (+7%) a égalité avec l’horlogerie et la joaillerie (+7%) et un recul des vins et spiritueux (-2%). Cette année apportera également une visibilité supplémentaire au groupe LVMH, sachant qu’il est un partenaire officiel premium des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Le groupe LVMH compte 213 000 employés dans le monde, dont près de 40 000 salariés en France. Le groupe dispose également de 118 sites de production en France dont 18 sont dédiés à la maroquinerie.
Les pièces phares de Louis Vuitton
Les pièces emblématiques de Louis Vuitton correspondent plutôt à son segment d’origine : la bagagerie.
En effet, elle s’est faite une réputation avec les malles de voyage lesquelles se sont progressivement déclinées en sacs de voyage, puis en petite maroquinerie. Adulé, le groupe LVMH s’est fait une place de choix dans le show-business international en rachetant notamment la marque Fenty de Rihanna et mettant en avant des célébrités dans ses publicités. Les sacs Louis Vuitton sont également les « plus accessibles », comparés à Hermès et Chanel, laissant penser que le commun du mortel pourrait avoir son modèle. Pour avoir des ordres de prix, le sac cabas Neverfull est à 1 550€ et le sac en bandoulière GO-14 à 3 500€.
Enfin, la malle fait toujours partie des pièces phares de la marque, elle se décline en malle vestiaire (150 000€), malle de garde-robe (70.000€) ou malle courrier (55.000€).
Les artisans de Louis Vuitton
Pour le secteur de la maroquinerie, le groupe LVMH a créé, en partenariat avec Les Compagnons du Devoir et du Tour de France, un CAP maroquinerie où la pré-sélection des candidats est assurée par Les Compagnons. La formation dure 11 mois et est assurée au sein de l’atelier de Beaulieu-sur-Layon dans le Maine et Loire.
Dans les ateliers de Louis Vuitton, la cadence de travail est davantage critiquée. Un article paru en juin 2023 chez Mediapart relatait les témoignages de salariés qui parlaient de « production à la chaîne plus que d’artisanat« . Avec une croissance en constante progression, le rythme s’accélère pour délivrer les sacs, portefeuilles et mallettes en temps et en heure, sachant que les 18 ateliers français comptent près de 4800 employés. Notamment l’article mentionne un rythme de fabrication, pour une seule et même personne, de « 22 portefeuilles par jour, contre 16 il y a quatre ou cinq ans« . Ces témoignages sont à mettre en perspective avec l’enquête réalisée en 2022 par un cabinet indépendant pour les représentants du personnel, laquelle indiquait que « 87% des répondants jugeaient leurs métiers intéressants voire épanouissants et 54 % trouvaient en revanche dur à très dur de se retenir pour ne pas craquer » (source Mediapart).
Cette enquête illustre aussi des situations très diverses selon le profil même des personnes interrogées. Une personne fraichement arrivée, ayant suivi une reconversion professionnelle suite à la perte d’un emploi dans le secteur agroalimentaire est davantage satisfaite des conditions de travail qu’une maroquinière ayant connu d’autres ateliers. Par ailleurs, selon les pics d’activité, la ré-organisation des chaînes de production peuvent aboutir à du stress et des gestes répétitifs pour les ouvriers.
Les ateliers de Louis Vuitton
Le groupe LVMH est moins transparent sur la localisation de ses ateliers en France. D’ailleurs, sur le site officiel, il est précisé que « toutes les collections de maroquinerie sont fabriquées dans les 26 ateliers répartis entre la France (18 ateliers), l’Espagne (3 ateliers), l’Italie (1 atelier) et les Etats-Unis (2 ateliers)« .
Son atelier historique de fabrication des malles de voyage se situe à Asnières, dans les hauts de Seine, depuis 1859.
L’atelier de Beaulieu-sur-Layon, ouvert en 2016 dans le Maine et Loire, accueille le centre de formation.
Plus récemment une grande campagne de communication a été relayée pour l’inauguration de 2 nouveaux ateliers qui embaucheront à terme 1 000 personnes et comptent parmi les 18 ateliers made in France. Ces ateliers localisés dans le Loir et Cher sont vus comme une opportunités pour le développement économique du territoire. L’atelier Abbaye à Vendôme et l’atelier Oratoire à Azé (41) sont spécialisés dans la fabrication de maroquinerie de cuir précieux. Une autre façon de parler de cuirs exotiques (crocodile, serpent…) qui renvoient à une image délétère de braconnage. D’ailleurs LVMH se justifie en ajoutant que le groupe « s’engage à préserver la biodiversité locale, en s’appuyant sur la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), dont la réglementation stricte encadre la commercialisation de ces précieuses peaux. »
Les salaires chez Louis Vuitton
En 2022, le groupe LVMH a connu quelques débrayages dans 3 de leurs ateliers français de maroquinerie.
En février, Mediapart relayait la grève des maroquinières de Louis Vuitton, lesquelles luttaient contre la réorganisation de leur temps de travail et le paiement annuel (et non plus mensuel) des heures supplémentaires. Dans l’article, les salaires énoncés vont du SMIC à 1650€/mois net. De son côté, le magazine Ancré indiquait que « suite à cette mobilisation les maroquinières ont obtenu des avancées, leur salaire sera augmenté 100€net/mois comme demandé et elles percevront une majoration de 25% des heures de nuit ».
D’après le fils, Antoine Arnault interrogé sur RTL en octobre 2022, « un employé LVMH gagne en moyenne 52 000€ par an, sans les primes de participation ni intéressement », sans préciser toutefois le profil de cet employé. Dans cette même interview, il précise que « les salariés ont 18 mois de salaire ». En appliquant la même méthodologie que pour Hermès, sachant que la plupart des salariés sont au SMIC, cela représenterait un salaire mensuel net de 1 993,60€ (valeur au 1er mai 2022 : 1329,05€/mois net), sans les primes de participation et d’intéressement à ajouter.
Chanel, la plus iconique et la plus discrète
L'histoire de Chanel
La maison de haute-couture Chanel porte, à l’instar d’Hermès et Vuitton, le nom de sa créatrice Gabrielle Chanel. Surnommée Coco Chanel, elle ouvre sa première boutique de chapeaux à Paris, rue Cambon, en 1910. Elle habille alors les têtes des actrices de l’époque et commence à se faire un nom dans la mode. Deux ans plus tard, elle ouvre une seconde boutique à Deauville spécialisée dans les vêtements en maille. Ce sont ses débuts dans le prêt-à-porter dont elle laissera son empreinte avec la petite robe noire Chanel en maille, qui donne une nouvelle liberté et un confort aux femmes à une époque où les corsets sont encore la norme.
En 1921, de sa rencontre avec le parfumeur Ernest Beaux, naît le parfum Chanel n°5. Gabrielle excelle dans la diversification de ses activités (chapellerie, parfumerie, couture).
La marque est actuellement détenue par les descendants de Pierre Wertheimer, associé de Gabrielle Chanel pour le développement de ses parfums, Alain et Gérard Wertheimer. Chanel appartient à la holding Chanel Limited basée au royaume-Uni. La marque n’est pas cotée en bourse, ses capitaux sont privés et la maison de luxe est totalement indépendante.
Chanel fait figure de Petit Poucet en déclarant 32 000 employés dans le monde, dont 3 000 en France. La maison de Luxe possède seulement trois usines estampillées Chanel à Compiègne, Chamant et Verneuil dans l’Oise. Contrairement à Hermès et à Louis Vuitton, Chanel préfère déléguer les différentes tâches de confection à des ateliers sous-traitants et/ou investit directement dans le capital de ces ateliers. Néanmoins, elle ne cherche pas à étoffer son réseau interne d’ateliers. Par exemple, Fashion Network précise que Chanel est entrée au capital de Renato Corti et Mabi, deux maroquiniers italiens basés à Florence et Milan.
Les pièces phares de Chanel
Si le sac Birkin d’Hermès est le plus cher au monde, le sac Chanel serait le sac le plus célèbre et celui que toutes les femmes rêvent d’avoir d’après le magazine Vogue France. On peut lui concéder, qu’on sait toutes à quoi ressemble le sac original Chanel.
Créé par Gabrielle Chanel elle-même, il serait le sac parfait. Celui qui permet d’avoir toutes ses affaires avec soi et de les retrouver facilement grâce à son contraste de couleurs intérieures. Celui qui permet d’avoir les mains libres, à une époque où le sac à main se porte… à la main. Grâce à sa chaîne dorée, clin d’oeil aux bijoux, il se porte en bandoulière. Le matelassage du sac qui le rend reconnaissable entre tous est inspiré du monde équestre. Il imite, par son épaisseur et la surpiqûre, les tapis de selle des chevaux. Le prix du sac Chanel original avoisine les 10 000€ (sac classique à partir de 9 700€).
Ce sac, véritable emblème de la marque, est challengé par son parfum, le tout aussi emblématique Chanel n°5 (164€) dont la légende veut que Maryline Monroe dormait nue avec une touche de cette fragrance. La fameuse citation « I only wear Chanel No 5 » traduite par « Je porte seulement Chanel n°5 » lorsqu’on lui demanda ce qu’elle mettait pour dormir. Les publicités pour ce parfum sont tout autant célèbres que ceux qui sont passés derrière la caméra : Jean-Pierre Jeunet, Baz Luhrmann, Luc Besson…
Chanel s’est aussi imposée dans le prêt-à-porter avec ses tweeds déclinés en vestes et tailleurs, notamment le fameux modèle rose qui a habillé Jackie Kennedy et qui a depuis été revisité. Les souliers bicolores sont également un marqueur de la maison Chanel.
Bref Chanel a réussi a révolutionné la mode et son temps dès la création de la marque, grâce à son héroïne Gabrielle, audacieuse et avant-gardiste. Le célèbre double « C » entremêlé est probablement le logo le plus reconnaissable dans le monde du luxe.
Les artisans de Chanel
Le mode de fonctionnement de Chanel est très différent par rapport à Hermès et Louis Vuitton. La maison de luxe s’est développée en s’appuyant sur des maisons et des ateliers disposant de savoir-faire exceptionnels, soit en tant que simple client, soit en tant qu’actionnaire. Ses ateliers et maisons d’exception sont alors rassemblés dans la filiale du groupe Chanel nommée Paraffection.
Toutefois avec la construction de son site à Verneuil-en-Halatte, Chanel a pour ambition de recruter et former une partie de ses artisans, sans pour autant abandonner cette pratique d’aller chercher l’excellence là où elle se trouve.
Les ateliers de Chanel
En effet, Chanel dispose d’un vaste atelier de maroquinerie de plus de 25 000m2 à Verneuil-en-Halatte dans l’Oise (65), son fief, où elle possède déjà deux autres usines pour la production de ses parfums et cosmétiques à Compiègne et Chamant.
La maison Chanel est la plus discrète concernant ses ateliers de production, probablement du fait qu’elle passe par de nombreux ateliers de sous-traitance. En épluchant la presse, on peut apprendre qu’elle a fait l’acquisition des Ateliers de May, à Aulnay-de-Saintonge, en Charente-Maritime, une entreprise créée en 1997 et spécialisée dans la fabrication de sacs. Au fil des ans, Chanel était devenue son unique client.
Au total, Chanel aurait une douzaine de sites de production en France, dont la plupart sont des partenaires. D’ailleurs, au sein de la holding Chanel Limited, la filiale Paraffection permet justement d’acquérir et regrouper les fournisseurs travaillant pour Chanel. Ils sont baptisés « métiers d’arts » et célébrés annuellement lors de défilés initiés par Karl Lagerfeld pour mettre en lumière l’artisanat du luxe et des savoir-faire rares. Au sein de la filiale Paraffection, on compte Lemarié (maison spécialisée dans l’art des plumes et des fleurs), Maison Michel (chapelier), Lesage et Montex (brodeurs), Desrues (parurier d’exception) ou encore Massaro (bottier sur-mesure).
Les salaires chez Chanel
Etant donné que Chanel délègue en grande partie sa fabrication, il n’est pas possible de connaître le salaire moyen d’un artisan maroquinier.
Un même univers pour 3 approches différentes
En se renseignant sur ces trois figures du luxe français, si je devais les résumer au trois points chacune, je les présenterai ainsi :
Hermès
- la familiale,
- artisanale,
- et la plus française (avec sa maroquinerie 100% made in France).
Louis Vuitton
- la plus puissante,
- la plus impactante pour l’économie française,
- mais à la cadence de production discutable.
Chanel
- la plus discrète,
- « française » sans l’être vraiment avec sa maison-mère basée au Royaume-Uni,
- mais à la fois la plus représentative du chic et de l’élégance à la française.

Contenu rédigé par Élodie Lapierre
Depuis plus de 10 ans, je suis chargée d’études en santé environnementale. J'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française.