C'est quoi le Seaqual® ? On vous explique !
Tout savoir sur cette matière recyclée : le Seaqual®, fabriquée à partir de déchets plastiques marins.
Table des matières
Le Seaqual® : définition
Le Seaqual® est un matériau recyclé, fabriqué à partir de déchets plastiques.
La majorité d’entre eux sont récoltés sur les plages, dans les mers, océans et autres cours d’eau. Il s’agit de filets de pêche, de bouteilles en plastique ou encore d’éléments utilisés en aquaculture.
Le Seaqual® est une fibre assimilée au plastique, donc issue de la pétrochimie, mais elle est recyclée à 100%.
La matière est récente : ce « fil marin » a été créé par la société espagnole Seaqual 4U et commercialisé pour la première fois en 2016.
Il existe 2 types de Seaqual®. Tous deux sont labellisés GRS (Global Recyled Standard), ce qui garantit qu’ils sont recyclés dans le respect de certains critères environnementaux et sociaux.
- Le Seaqual® Marine Plastic, composé à 100% de plastiques issus de déchets marins.
- Le Seaqual® YARN, qui se compose :
- de 10% de plastique marin Seaqual® ;
- de 90% de plastique PET recyclé provenant de sources terrestres, principalement en
France et en Espagne.
La qualité du plastique marin est altérée par les rayons UV du soleil, le sel et l’eau. C’est pourquoi il est ici mélangé à un autre type de plastique recyclé. Cela permet d’obtenir une fibre de qualité supérieure. Elle est uniquement fabriquée en Espagne et certifiée Oeko-Tex 100, ce qui garantit l’absence de certains produits toxiques dans les fibres, notamment pesticides, colorants cancérigènes ou métaux lourds.
Le fléau de la pollution plastique dans les mers et océans
Commençons par quelques chiffres probants : 368 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année (chiffres 2019). Moins d’1/3 des déchets plastiques sont recyclés et l’équivalent d’1 camion poubelle de plastique est rejeté chaque minute dans l’océan. Cette pollution a bien sûr des conséquences sur l’environnement : 690 espèces sont directement menacées par les micro-plastiques (source : ADEME). Mais la pollution impacte aussi les activités maritimes de pêche, navigation ou encore tourisme.
640 000 tonnes de filets de pêche seraient perdues ou laissées dans les eaux (mers, océans, etc.) chaque année. La majorité des déchets marins proviendraient d’ailleurs de nos activités terrestres. Parmi eux, les déchets plastiques sont les plus répandus, puisqu’ils représentent près de 86% du total : coton-tige, ballons de baudruche, bouteilles, matériel de pêche ou encore cartouches pour fusils de chasse. Sur notre planète, la quantité de plastique estimée dans les océans serait de 75 à 199 millions de tonnes. Ajoutons à cela les milliards de micro-plastiques, ces minuscules particules qui sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration. Elles proviennent entre autres du simple lavage de nos vêtements synthétiques en machines (source : Ecologie.gouv.fr).
L’entreprise Seaqual 4U a lancé le programme « Seaqual Initiative », rassemblant une communauté d’individus qui œuvrent ensemble pour réduire cette pollution. Son action se base sur 2 leviers : le nettoyage des eaux et la réutilisation des déchets pour créer une nouvelle fibre utilisable dans de nombreux domaines industriels.
Où est produit le Seaqual® ?
La récolte des déchets
Le projet Seaqual Initiative a débuté par une volonté de soutien aux pêcheurs de Barcelone, confrontés aux problèmes des déchets marins retrouvés régulièrement dans leurs filets. Un partenariat s’est alors mis en place, afin qu’ils procèdent à la collecte de ces déchets en échange d’une contrepartie financière, complémentaire de leur profession (source : The Good Life).
Le Seaqual® est donc produit en collaboration avec des pêcheurs, mais aussi avec des ONG et communautés locales faisant des actions de nettoyage. Il dépend forcément de cette collecte de déchets plastiques. Le programme de nettoyage a d’abord commencé en Méditerranée, grâce à l’action de 400 bateaux et 1 500 pêcheurs. Il s’est étendu à d’autres zones d’eau en Europe : plages, côtes, rivières ou encore estuaires de notre continent. De nouvelles plateformes de nettoyage ont aussi vu le jour en Asie et en Afrique. Elles permettent de collecter tous types de matériaux : plastiques, mais aussi métal, verre ou caoutchouc.
Les sites de transformation
Les déchets récoltés vont ensuite être transformés par des partenaires de Seaqual 4U. Ils sont principalement basés en Europe, afin de réduire le bilan carbone des transports. D’autres sites de production à proximité des zones de collecte de déchets semblent toutefois être en train d’ouvrir dans d’autres parties du monde.
Pour sa part, le Seaqual® YARN est uniquement fabriqué en Espagne. (sources : Seaqual.org et L’indépendant.fr)
Quelles sont les étapes de fabrication du Seaqual® ?
Nous l’avons vu, la fabrication de Seaqual® nécessite une matière première particulière : les déchets
plastiques.
- La première étape est donc la collecte, effectuée sur les plages, dans les mers, océans, rivières ou estuaires, que ce soit à la surface ou en profondeur.
- Les déchets marins sont ensuite triés en fonction de leur nature (plastique ou non) et leurs types de polymères.
- Ces déchets sont nettoyés, avant d’être découpés pour devenir des flocons de plastique. De leurs côtés, les déchets fabriqués à partir d’autres matériaux sont recyclés par des partenaires de Seaqual 4U ou simplement éliminés.
- Les paillettes de plastique sont broyées pour être transformées en billes de Seaqual®. A cette étape, ils sont également colorés. Cela permet de réduire la pollution et la consommation énergétique, en comparaison avec une teinture de fils ou textile qui aurait lieu en aval.
- Ces granulés sont fondus et transformés par extrusion, afin d’obtenir des fils continus et discontinus en plastique recyclé. Ils sont soumis à un processus de texturisation par torsion ou jet d’air, pour obtenir l’aspect, le poids et le toucher voulus.
- Ce fil conditionné en bobines pourra ensuite se prêter au tissage, pour l’obtention de tissus et autres nouveaux produits finis.
Le processus de transformation n’est pas effectué directement par Seaqual 4U, mais par différentes entreprises dans plus de 60 pays (filatures, fabricants de textile, marques). Elles doivent s’engager à respecter une charte spécifique, approuvée par la société espagnole.
Les différentes utilisations du Seaqual®
Le Seaqual® dans l’industrie textile
C’est principalement pour l’industrie textile que le Seaqual® est utilisé. Il est proposé aux marques du secteur, qui vont procéder au filage et au tissage de la fibre plastique.
Disposant des mêmes propriétés que le polyester conventionnel, cette matière peut être utilisée pour confectionner des textiles 100% Seaqual®, de couleur écrue ou teinte. Mais elle peut aussi être mélangée avec d’autres fibres naturelles (coton, chanvre, lin, laine…), artificielles (lyocell, viscose) ou elles-mêmes déjà recyclées. Dans ce cas, un minimum de 20% de fibres Seaqual® YARN est exigé dans le produit fini.
Le Seaqual® est ainsi utilisé dans le domaine du prêt-à-porter. Nous le retrouvons pour la confection de vêtements pour femmes, hommes et enfants : chaussettes, jean denim, T-shirts, ou encore doublures de vestes et manteaux.
Dans notre pays, le groupe Verne & Clet, qui fabrique des tissus pour chemises made in France, utilise la fibre Seaqual® dans certains de ses produits.
C’est également une fibre prisée pour fabriquer des vêtements techniques, comme les maillots de bains ou habits de sport (leggings notamment), mais aussi pour la confection de chaussures.
D’autres utilisations du Seaqual®
Le Seaqual® est également exploité dans d’autres domaines, par exemple pour la confection de mobilier et décorations de maison, comme les matelas de lit.
Dans l’industrie automobile, le Seaqual® permet de fabriquer des sièges de voiture et autres équipements.
Elle peut remplacer le plastique vierge dans de nombreuses applications industrielles.
Quels sont les avantages du Seaqual® ?
Une revalorisation de déchets plastiques
Alors que la fabrication de plastique nécessite l’utilisation d’une matière fossile polluante (généralement pétrolière), le Seaqual® utilise une matière première déjà existante en revalorisant des déchets. Elle permet d’éviter une incinération engendrant des émissions toxiques ou un enfouissement, qui représenteraient une source de pollution supplémentaire.
En parallèle, la production de cette fibre participe au nettoyage de nos plages et océans. Elle permet de diminuer la présence de déchets dommageables tant pour l’environnement que pour les humains. Selon les chiffres de la société, environ 600 tonnes de déchets auraient été nettoyées depuis le lancement du programme. Parmi elles, 200 tonnes auraient été transformées en fil marin.
Ce recyclage se base sur un principe d’économie circulaire, en partenariat avec tous les acteurs de l’industrie, depuis les pêcheurs jusqu’aux marques de vêtements. La Seaqual Initiative rassemble ainsi une communauté qui travaille pour un objectif commun : lutter contre la pollution plastique.
Elle permet aussi de sensibiliser différents acteurs (gouvernements, marques, mais aussi consommateurs) au problème des déchets plastiques et de la pollution de nos cours d’eau. Cela participe donc à une certaine prise de conscience écologique.
Un matériau alternatif au bilan carbone réduit
Le polyester est la fibre la plus produite au monde, avec 60,5 millions de tonnes en 2021, soit presque deux fois plus que le coton. Son empreinte carbone équivalait à 700 millions de tonnes de Co2 en 2015, soit approximativement autant que les émissions annuelles du Mexique ou de 180 centrales fonctionnant au charbon.
Nous l’avons vu, le Seaqual® utilise une matière première déjà existante. Sa fabrication n’a donc pas besoin de nouvelles ressources à ce niveau et permet d’allonger la durée de vie de produits qui ne seraient pas réutilisés. Elle permet aussi de réduire la dépendance des humains au pétrole, tout en s’affichant comme une alternative au polyester.
Sa production utilise des teintures dites écologiques et son processus de production global serait moins gourmand en eau et en énergie. Ces économies permettraient de réduire drastiquement le bilan carbone des fibres. De nombreux chiffres sont avancés et varient selon les sources, mais aucun ne semble officiellement communiqué sur le site de l’entreprise.
Et pour garantir la présence de Seaqual® dans un produit, les fibres sont tracées tout au long de la chaine de transformation. Les polymères (assemblage de molécules) sont équipés d’un traceur ADN grâce à une encre à la composition secrète, qui permet de distinguer les fibres marines certifiées des fibres classiques.
Une matière résistante et polyvalente
Dans le domaine textile, le Seaqual® dispose des mêmes propriétés et qualités que le polyester : solidité, polyvalence et stabilité. Les fibres sont peu sujettes au boulochage, à l’usure ou à la déformation, ce qui leur confère une bonne durée de vie.
Elles sont également élastiques et légères, ce qui les rend confortables et infroissables.
Ces fibres recyclées ne retiennent pas la transpiration et permettent son évacuation vers l’extérieur, pour que l’humidité soit évaporée. Les textiles sèchent rapidement.
Enfin, ces fibres plastiques disposent d’une bonne imperméabilité et sont anti-UV, ce qui explique leur utilisation pour les vêtements de sport (sportswear) et les équipements d’extérieur (outdoor).
Des tissus d’entretien facile
Les textiles en Seaqual® s’entretiennent facilement. Ils seront lavés en machine à 30 ou 40°C. Le séchage sera effectué à l’air libre, à l’abri des rayons du soleil, ou bien à basse température au sèche-linge.
Généralement, les fibres Seaqual® ne nécessitent pas de repassage. Notons que ces conseils d’entretien peuvent varier si le Seaqual® est mélangé à d’autres fibres.
Quels sont les inconvénients et limites du Seaqual® ?
Une matière qui génère tout de même une pollution plastique
La fibre de plastique recyclé a un bilan carbone inférieur au polyester conventionnel. Mais cela ne l’empêche pas de générer quand même de la pollution.
Le plastique reste un matériau difficilement biodégradable dans l’environnement. S’il n’est pas à nouveau recyclé, le Seaqual® génère donc des déchets polluants, qui finiront leurs jours en étant incinérés ou enfouis.
Au moment du lavage, ces fibres rejettent toujours des microparticules de plastique. Elles sont si petites qu’elles ne peuvent pas être filtrées par les stations d’épuration. Elles continuent donc leur course jusqu’à nos océans et autres cours d’eau. Cette pollution invisible impacte bien sûr l’écosystème marin et constitue même la première source de pollution des océans, devant les sacs en plastique (source : ADEME).
Pour limiter cet impact, il est conseillé de laver ses vêtements en fibres synthétiques (qu’elles soient recyclées ou non) dans des pochons spécialement adaptés. Ils sont capables de capter la majorité de ces minuscules particules de plastique, à l’instar des sacs Guppy Friend, créés par l’ONG allemande Stop Micro Waste.
Notons également qu’au 1er janvier 2025, en France, chaque lave-linge neuf devra être équipé d’un filtre à microfibres de plastique. Cette mesure avait été votée dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020.
Un recyclage qui a des limites
Théoriquement, le plastique peut être recyclé plusieurs fois au cours de sa vie. Mais le processus comporte des limites. Tout d’abord, le recyclage n’est pas infini, puisque la matière est altérée à chaque transformation (notamment sous l’effet de la chaleur) et perd en qualité.
Ensuite, ce recyclage n’est pas toujours techniquement possible, notamment si un produit contient un mélange de fibres ou a subi un traitement spécifique. Le recyclage de textile à textile n’est pas non plus possible pour le moment, même si Seaqual 4U semble travailler sur ce point.
Enfin, le processus de recyclage nécessite tout de même l’utilisation de ressources en eau et en énergie.
Le Seaqual® reste une matière synthétique, dépendante d’une matière plastique dont il vaudrait mieux réduire la production pour limiter la pollution.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.