La laine : avantages et inconvénients de cette matière
Tout savoir sur cette matière naturelle d’origine animale, prisée pour ses nombreuses propriétés dont celle d'être la plus isolante.
Table des matières
La laine : définition
La laine est une matière naturelle issue des poils de différents animaux. Ce duvet a pour fonction de les protéger du froid, des intempéries et des maladies. La laine est principalement constituée de kératine, protéine que nous retrouvons aussi dans la composition de nos cheveux, poils et ongles.
Il s’agit d’une matière ancienne, dont les premières traces d’utilisation remonteraient à la Préhistoire (– 10 000 avant J-C) en Asie mineure. Cette période correspond à celle de la domestication du mouflon, ancêtre du mouton. Les différentes sélections génétiques ont ensuite donné au fil du temps le mouton que nous connaissons. Celui-ci est capable de produire une grande quantité de laine, sans perdre naturellement sa toison au printemps lors de la mue, ce qui évite les pertes.
Les différents types de laine
La laine provient majoritairement du mouton. Il existe différentes races, qui produisent des laines aux propriétés distinctes. C’est par exemple le cas du mouton Mérinos (qui donne la plus répandue des laines) ou du mouton Shetland. Il existe aussi de la laine d’agneaux, prélevée sur les jeunes moutons.
Mais la laine peut aussi désigner la toison d’autres animaux :
- la chèvre angora, qui donne la laine mohair ;
- le lapin angora, qui donne la laine du même nom ;
- la chèvre cachemire, qui donne le cachemire et le pashmina, les laines parmi les plus luxueuses au monde ;
- le bœuf musqué, qui donne le qiviut ;
- le lama ;
- l’alpaga ;
- le chameau ;
- la vigogne, qui donne la carmeline, et le guanaco (tous deux des camélidés encore sauvages) ;
- le yack, qui donne la laine khullu ;
- le chien (races à poils longs) ;
- l’antilope du Tibet, qui donne la laine shahtoosh.
La qualité de la laine varie en fonction du climat, de l’alimentation et des conditions d’élevage de l’animal.
Enfin, l’appellation « laine vierge » signifie que le produit ne contient pas plus de 7% d’autres fibres au maximum, quant la « pure laine vierge » n’en contient pas plus de 0,3%.
Où est produite la laine ?
La Chine et l’Australie sont les principaux pays producteurs et exportateurs de laine, suivis par la Nouvelle-Zélande. En Europe, c’est le Royaume-Unis qui domine le marché.
L’Australie produit 80% de la laine (mérinos) à destination de l’industrie textile.
Quelles sont les étapes de transformation de la laine ?
La laine n’est pas une matière fabriquée par les humains, c’est pourquoi nous parlons plutôt d’étapes de transformation.
1. La tonte
Le prélèvement de laine a généralement lieu une fois par an au printemps, sauf chez quelques rares animaux qui perdent encore naturellement leur toison pendant la mue. Elle est effectuée manuellement à l’aide de ciseaux ou de tondeuses électriques. Chez certains animaux comme les lapins, les poils peuvent être récupérés par peignage ou épilation.
2. Le lavage et séchage
Les balles de laine récupérées sont nettoyées pour être débarrassées de leurs impuretés. Elles sont ensuite rincées et séchées.
3. Le tri
Les fibres sont triées selon leur épaisseur, leur qualité et leur poids.
4. Le cardage
Les fibres sont démêlées grossièrement et séparées pour donner des rubans homogènes. A cette étape, il est possible de feutrer la laine pour différentes utilisations (isolation par exemple).
5. Le peignage
Les fils sont peignés finement pour obtenir des fibres lisses, généralement destinées à l’industrie textile.
6. La teinture
Cette étape peut avoir lieu à différents moments de la transformation. Elle permet de colorer les fibres.
7. L’étirage et le filage
Les fibres sont transformées en bobines, à l’aide d’un fuseau ou d’un rouet.
8. Le tricotage ou tissage
Il permet d’obtenir différentes fibres textiles.
9. L’ennoblissement
Il s’agit des finitions, permettant de donner différents aspects à la fibre (velours, ébouriffé, brossé, etc.).
Les différentes utilisations de la laine
La laine dans l’industrie textile
Les humains ont toujours utilisé la laine pour de vêtir et se protéger. Aujourd’hui, elle fait encore partie des fibres naturelles incontournables pour la confection de textiles. On retrouve ainsi cette matière dans la fabrication de vêtements pour hommes, femmes et enfants : manteaux, pulls, gilets, cardigans, vestes, ponchos, robes, bonnets, écharpes, gants, chaussettes, etc. Ses qualités naturelles la rendent également intéressante pour la confection de vêtements techniques, comme certains habits de sport (randonnée, ski…).
Du côté des accessoires, la laine permet de fabriquer des sacs, des chapeaux ou encore des bijoux. Elle est aussi utilisée pour la confection de chaussures (baskets, chaussons…).
Enfin, la laine est prisée pour la confection de linge de maison et textiles de décoration : housses, tapis, couvertures, macramés, passementerie (ornements), etc.
D’autres utilisations de la laine
Grâce à ses nombreuses propriétés, la laine peut être utilisée dans d’autres domaines comme celui du bâtiment, par exemple pour l’isolation ou les revêtements de sols. A noter toutefois : malgré leur nom, la laine de verre ou la laine de roche ne sont pas constituées de poils animaux, mais de matériaux minéraux.
La lanoline, cire issue de la laine, est pour sa part utilisée en cosmétique.
Quels sont les avantages de la laine ?
Une matière isolante et agréable à porter
La laine est une matière aux nombreuses qualités, qui la rendent agréable à porter.
Il s’agit tout d’abord de la matière naturelle la plus isolante : elle protège du froid en hiver, mais aussi du chaud en été, ce qui en fait une fibre idéale pour les vêtements en toute saison. Ses fibres ont en effet la capacité de gonfler pour emprisonner l’air, expliquant ses propriétés thermorégulatrices.
Hydrophile, la laine peut absorber jusqu’à 35% de son poids en eau sans sensation collante. Elle empêche l’humidité de s’incruster, ce qui limite le développement de bactéries, acariens et moisissures, à l’origine de mauvaises odeurs ou d’allergies.
Ses fibres ne conduisent pas l’électricité statique, ce qui évite aussi l’incrustation de saletés. Les tissus 100% laine ont donc besoin d’être nettoyés moins souvent : une simple aération suffit à leur rendre leur fraîcheur.
Douce au toucher, la laine convient aux peaux sensibles. Elle est en effet composée de kératine, déjà naturellement produite par le corps humain. A noter : les fibres de laines épaisses issues de mouton « conventionnel » peuvent être moins agréables à porter et donner la sensation de gratter. Si vous êtes sensibles, préférez les fibres fines, par exemple issues de laine mérinos.
Plutôt élastique, les longues fibres de la laine peuvent légèrement être étirées, ce qui confère à la matière un aspect et une texture souples.
Une matière résistante et polyvalente
Robuste, la laine résiste bien à la torsion et à la tension. C’est une matière durable, qui offre une durée de vie élevée.
Naturellement (c’est-à-dire sans traitement complémentaire), elle ne propage pas le feu et résiste bien aux flammes en émettant peu de fumée. Elle atténue également les sons. Ces propriétés, en plus de l’isolation thermique, sont particulièrement intéressantes pour le domaine du bâtiment.
Une matière naturelle et prolifique
La laine est une matière naturelle renouvelable et biodégradable, ce qui la rend théoriquement plus écologique que la plupart des autres fibres textiles. Elle pousse « seule » sans engrais chimiques (contrairement au coton par exemple). Puis, elle peut se dégrader naturellement en fin de vie. Sa transformation nécessite globalement moins d’étapes que pour d’autres fibres, donc moins d’exploitation énergétique.
Enfin, la laine d’un seul mouton permettrait de confectionner environ 13 pulls. En comparaison, il faut compter 1,2kg de fibres de coton pour produire 1 seul t-shirt.
Quels sont les inconvénients et limites de la laine ?
Un matériau moins rentable que d’autres fibres
Concurrencée par les fibres synthétiques bon marché, la laine a perdu de sa valeur. Elle est souvent remplacée par sa version artificielle issue de la pétrochimie : l’acrylique. Mais elle est aussi en parallèle plus chère que les autres fibres naturelles, comme le lin ou le coton. De ce fait, sa production tend à diminuer et cette matière est plutôt réservée aux produits moyens ou hauts-de-gamme.
Le fort impact environnemental de l’élevage
La production de laine mondiale nécessite l’élevage de plus d’1 milliard de moutons (chiffres 2015). Or, l’élevage contribue à produire des gaz à effet de serre (notamment le méthane), responsables du dérèglement climatique. En Nouvelle-Zélande, l’un des principaux pays producteurs de laine, le secteur de l’agriculture est responsable de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du pays. Les gaz émis par les animaux, dont beaucoup de moutons, y représentent plus de 90% des émissions totales de méthane.
L’élevage est également consommateur de ressources en énergies et en eau. Surtout, il contribue à polluer les sols et écosystèmes aquatiques par eutrophisation (lorsque la terre reçoit trop de matière nutritive) et acidification. L’utilisation de produits phytosanitaires (pesticides et insecticides) contribue également à cette pollution. Au Pays de Galle, ces substances font partie des éléments causant la baisse du nombre de truites dans le fleuve Teifi. Elles peuvent aussi impacter la santé des éleveurs.
Enfin, l’élevage lainier contribue à la concurrence des terres : il nécessite de l’espace, qui est grignoté sur les habitats naturels des animaux sauvages, comme c’est le cas dans les hautes terres d’Angleterre.
Les émissions de gaz à effet de serre résultant de la production de laine seraient ainsi supérieures à celles imputables à la production de matières synthétiques, comme l’acrylique, le nylon ou la viscose.
La laine de mouton ferait ainsi partie des 5 matières les plus polluantes au monde.
(sources : Courrier International, PETA, Inn’ovin)
Un bien-être animal négligé
Les conditions de vie et de traitement des animaux dans les élevages intensifs ont été plusieurs fois pointées du doigt.
Le mulesing, apparu en Australie dans les années 30, consiste à enlever à vif la peau située autour de la queue des agneaux. Cela évite que des mouches responsables d’une maladie impactant la qualité de la laine puissent y pondre. Cette pratique douloureuse est considérée comme barbare, c’est pourquoi de nombreux pays l’ont désormais interdite. C’est le cas en Europe, mais aussi en Nouvelle-Zélande depuis 2018. Mais plus de 85% de la laine australienne serait toujours récoltée selon la technique du mulesing.
Autre sujet délicat : les techniques de récupération de la laine, parfois effectuées sans ménagement : épilation à vif, blessures, etc. En 2016, une première enquête de One Voice dénonçait la souffrance subie par les lapins angora dans plusieurs élevages français.
De son côté, l’association PETA a enquêté dans plus d’une centaine d’exploitations lainières dans le monde, en mettant en lumière les actes de maltraitance insoutenables subis par les animaux.
Alors comment consommer de la laine plus responsable ? Il existe différents labels, comme GOTS, qui garantissent par exemple une laine biologique. Ce label assure l’absence de traitements hormonaux, l’interdiction de la pratique du mulesing et le nettoyage de la laine sans produits chimiques.
(sources : Wool with a butt, Quatre pattes, One Voice, PETA)
Une matière plus délicate à laver
La laine est une matière délicate à entretenir, à la main ou en machine à laver. Elle nécessite un lavage à basse température (il existe des programmes dédiés sur la plupart de nos machines) pour éviter tout risque de rétrécissement, ainsi qu’un essorage doux. Le choix d’une lessive adaptée est également préconisé.
Les textiles en laine ne doivent pas être tordus ou frottés, afin de ne pas abîmer la matière. Le séchage soit être effectué à l’air libre et à plat (par exemple sur une serviette) pour éviter que les fibres ne se déforment.
La difficile relance de la filière lainière française
En France, les élevages ovins sont destinés à l’alimentation (viande et lait). Mais le travail de la laine est une tradition issue d’un savoir-faire ancestral dans plusieurs régions de France, notamment dans le Nord ou dans les Pyrénées. Toutefois, la filière a été déstructurée et connait aujourd’hui encore de nombreuses difficultés.
Il existe peu de filatures dans notre pays, qui ont encore la possibilité de filer la laine de façon fine ou de la feutrer. La dernière usine de lavage de laine en France (située en Haute-Loire) dispose pour sa part de machines qui datent encore du XIXème siècle, ce qui ne permet de traiter qu’une infime partie de la matière disponible. Ainsi, seulement 20% de la laine française serait transformée dans le pays. Chaque année, 14 000 tonnes de laine sont produites en France, mais la majorité est donc exportée en Chine.
S’ajoute à cela le fait que la laine française ne vaut plus que quelques centimes le kilo, si bien que les éleveurs finissent pas l’utiliser en fumier ou tenter de la vendre par petites annonces. La laine devient difficile à stocker, considérée comme un simple déchet d’abattoir, sous-produit de l’industrie alimentaire. Le problème n’est donc pas le manque de production, mais le manque d’outils et infrastructures pour la transformation.
Quelques initiatives tentent toutefois de revaloriser cette matière noble et de relancer la laine made in France. C’est le cas notamment des SCOP comme Terre de laine ou Ardelaine. Le collectif Tricolor essaye aussi de recréer du lien entre les différents acteurs pour relancer et moderniser la filière. Enfin, en Ariège, une filature historique a fait le choix de réutiliser la laine de moutons français.
(sources : Reporterre, L’usine nouvelle, Le Point).
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.