Le retour en force du made in France !

Le déclic
Pour moi, le retour du made in France coïncide avec trois événements : deux médiatiques et un entrepreneurial.
Le premier est la couverture d’Arnaud Montebourg à la une du Parisien. En 2012, il devient l’emblème de l’économie bleu-blanc-rouge. Je viens de terminer mes études et je (re)découvre les produits de fabrication française.
Le deuxième événement médiatique, encore une fois très personnel, correspond à la diffusion du documentaire “Made in France – l’année où j’ai vécu 100% français”. On est en 2014, deux ans plus tard, et Benjamin Carle, jeune journaliste de 25 ans, a alors bien du mal à s’habiller et équiper son logement de produits fabriqués en France. L’offre n’est pas encore consolidée (tournage réalisé en 2013).
Le troisième est l’avènement du Slip français. Même si la marque est née en 2011, avant la pose du ministre de l’économie, je n’ai vraiment porté de l’intérêt à la marque que quelques années plus tard. Et pourtant Guillaume Gibault, son fondateur, maîtrise parfaitement les codes du marketing. Il arrive à positionner sa marque sur un crédo cool, tendance & durable, alors qu’on parle de “slip”. On est bien loin des marques françaises historiques, telles que Saint James ou Armox Lux, qui malgré leur marinière toujours intemporelle, me semblaient quand même un brin désuètes !

Une crise pour réaliser qu’on a besoin de (re)produire localement ?
Avec le changement climatique, l’idée qu’un produit ne fasse plus 10 fois le tour de la terre avant d’arriver dans son foyer, percutait de plus en plus de consommateurs.
Même s’il est encore compliqué, voire impossible, d’avoir des matières premières issues de l’Hexagone (le coton ne pousse pas sous nos tropiques), une fois qu’elles sont arrivées sur le sol français, la transformation et l’achat devrait rester sur le territoire, dans un rayon de 1083 km, comme aime l’indiquer la marque du même nom. Pourquoi 1083 km ? car il s’agit de la distance qui sépare les 2 villes françaises les plus éloignées : Menton au sud-est et Porspoder un petit village au nord de Brest.
Dans un esprit de consommation durable, j’adhère au discours des personnes nous disant que parfois la distance entre leur domicile et le lieu de fabrication peut être encore plus court s’il est transfrontalier (avec l’Espagne, le Portugal ou encore l’Italie). J’adhère doublement à ce discours, car je préfère acheter des chaussures fabriquées dans l’Union Européenne, avec les normes sanitaires et environnementales, et privilégier l’emploi de salariés “qui ne sont pas aussi exploités que dans des pays sans droit du travail”.
Qu’est-ce qu’un travail éthique ? justement rémunéré ? c’est là, une question complexe ! En privilégiant le made in France, nous avons envie de perpétuer nos savoir-faire, tout en promouvant un salaire minimum. Le SMIC a beaucoup de défaut, probablement pas suffisamment élevé, etc. Néanmoins, il a le mérite d’exister et de fixer une base.
La crise que nous vivons actuellement avec le covid 19, la pénurie de masques et de gels hydroalcooliques, ainsi que le manque de respirateurs, montre à quel point notre économie dépend de celle des autres pays. Nous avons perdu cette indépendance. Surtout lorsqu’on apprend qu’un avion, contenant des masques destinés au personnel médical français, a été détourné sur le tarmac par des américains qui ont racheté la cargaison en cash !
Pour palier ces manques, de nombreuses usines ont modifié leurs lignes de production pour fabriquer des masques en tissu* (Payote, le Slip français, Atelier Tuffery, etc.), des gels hydroalcooliques (LVMH) et des respirateurs (Peugeot – PSA et Renault sous l’égide d’Air liquide) afin de soutenir l’effort national.
*Les masques en tissu ne sont pas destinés aux professionnels médicaux mais à chaque individu, pour leur permettre de protéger les autres. Le masque en tissu permet d’éviter la propagation de postillons, responsables de la transmission du covid 19.

L’alimentation locale étendue à l’habillement local (à l’échelle de l’hexagone) ?
J’ai l’impression qu’il est acquis, qu’en tant que consommateurs, nous avons tous un rôle à jouer pour limiter le changement climatique. En délaissant la voiture pour les petits trajets, en réfléchissant à l’impact de nos vacances, en limitant les déchets et en consommant : 1/ de saison (pour éviter les cultures sous serres, qui demandent de l’énergie pour les chauffer et des engrais), 2/ local (pour éviter que les fruits et légumes ne fassent des milliers de km dans des portes-containers ou des soutes d’avions), 3/ si possible manger bio (pour éviter le recours aux phytosanitaires de synthèse).
Je crois véritablement que ce créneau est en train de toucher le secteur de la mode. Le temps de la fast-fashion est en déclin. L’ère est aux marques qui proposent des pièces intemporelles, finies les saisons printemps/été et automne/hiver. Les marques françaises sont responsables. Elles ont conscience de leur impact sur la planète et des conditions dans lesquelles elles font travailler leur main d’oeuvre. Chacun défend un credo qui leur est propre :
- des textiles dénués de substances toxiques, avec les labels GOTS et Oeko Tex ;
- des vêtements de qualité, avec par exemple des t-shirts plus épais (grammage de 180 à 200 g/m2 contre 140 -160 g/m2 pour un t-shirt classique) ;
- l’usage de chanvre ou de lin en remplacement du coton (cultures nécessitant beaucoup moins d’eau, avec un sourcing possible en France) ;
- l’upcycling ou la réutilisation de matières finies pour les transformer en nouveaux produits ;
- l’usage de matières premières recyclées pour éviter de puiser dans les ressources naturelles.
Certes les prix ne sont pas les mêmes, mais la consommation de masse va finir pas décroître, pour la simple raison que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. Consommer moins, consommer mieux devient une doctrine.
De plus, pour éviter le coût onéreux du neuf, les opportunités d’acheter en seconde main se multiplient : des plateformes en ligne, des boutiques et des dépôts-ventes. Cet enthousiasme montre bien l’engouement progressif des français pour le marché de l’occasion.

Focus sur les différents masques, quelle protection ?
En discutant avec mes proches, je me suis rendue compte que l’usage des masques n’était pas forcément bien compris (masque chirurgical vs masque FFP2). Mon métier, comme chargée d’études en santé environnementale, m’avait poussé à questionner la pertinence de porter un masque pour se protéger de la pollution atmosphérique. La pollution atmosphérique est composée d’une fraction gazeuse et d’une fraction particulaire. Cette dernière peut être assimilée aux virus.
Le masque chirurgical protège les autres, pas le porteur. Le chirurgien, le dentiste porte ce masque pour éviter, dès qu’il parle, que ses postillons n’atteignent le patient. Cela fonctionne de la même manière pour les personnes malades. Ce masque empêche la projection de secrétions. Dans les reportages à l’hôpital, on voit les deux parties (médecins / infirmiers.ères / aides soignants.tes et malades) porter des masques. Il est évident qu’il est impératif de maîtriser autant que possible le risque de transmission. Alors dans un lieu où le virus est omniprésent, il est impératif de protéger toutes les personnes en contact potentiel avec le virus.
Le masque filtrant, classe FFP2, protège les voies respiratoires du porteur. Il est largement plus efficace que le masque chirurgical. Dans les masques filtrants, on trouve également les classes FFP1 (moins efficace) et FFP3 (plus efficace). Ce type de masque est largement utilisé en milieu professionnel, pour protéger les travailleurs des particules, des fibres minérales, des poussières de bois, des moisissures…
Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article : Quels masques pour se protéger de la pollution atmosphérique.
