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Le retour en force de la pratique du vélo bénéficie-t-elle au made in France ? 

Pendant la période de pandémie liée à la Covid19, notre quotidien a été drastiquement chamboulé. À un moment donné, nous nous sommes toutes et tous posés cette même question : comment sera le monde d’après ? Si nous avons, pour la plupart, retrouvé nos habitudes de vie, il y a bien un comportement qui a changé et qui perdure, c’est la pratique du vélo !

Vélo Origine
Crédits photos : Marques de France
Par Élodie Lapierre. Publié le 29 avril 2024. Dernières modifications le 1 mai 2024. 3 commentaires.

Avec la volonté d’éviter les lieux confinés et de profiter au maximum du grand air (avec les couvre-feux successifs), la bicyclette a réussi à s’imposer dans cette ère post-Covid. En parallèle, le vélotaf* s’est également développé durablement en zone urbaine et périurbaine.

En suivant l’évolution du mot clé « vélo », l’outil Google Trends indique que le nombre de recherches dédiées aux cycles à doubler dès le mois de mai 2020. Puis le volume de recherches décroit à partir de septembre 2020, tout en restant au niveau le plus haut de la période pré-Covid. Depuis 3 années consécutives, les recherches effectuées sur Google concernant « la petite reine » sont deux fois plus nombreuses que sur l’ensemble de la période 2014-2019 qui était relativement stable.

Ainsi la Covid a bel et bien été l’élément déclencheur du retour en force du vélo, lequel a été soutenu et entretenu par les politiques nationales et locales d’aides à l’achat de vélo et la création de voies cyclables. Néanmoins, de manière naturelle, l’intérêt pour la bicyclette revêt un caractère saisonnier. On est plus enclin à pédaler au printemps et en été que sous les bourrasques, la pluie et le froid de l’automne et de l’hiver.

Pour finir sur l’analyse des recherches réalisées sur le web, l’entreprise Décathlon cannibalise les deux tiers du trafic. Le mot clé « vélo » est recherché près de 40.000 fois par mois et plus de 30.000 recherches associent en plus le mot clé « Décathlon ». Appréciée pour sa présence nationale, avec ses magasins qui maillent le territoire, ainsi que pour ses ateliers d’entretien et de réparation, ou encore son SAV, Décathlon est une valeur sûre pour voir, tester et entretenir son deux-roues.

D’ailleurs au sein du B’TWIN Village à Lille, la marque conçoit et réalise tous les prototypes de ses modèles. Ses prix attractifs lui permettent d’être à la portée du plus grand nombre, mais ils ne permettent pas une fabrication française. Néanmoins, Décathlon possède 3 lignes d’assemblage pour ses marques Triban, Rockrider et Van Rysel. Ces marques, portées sur le haut de gamme, proposent des vélos qui peuvent prétendre au marquage made in France. D’ailleurs, dès 2010, Décathlon annonçait fièrement que son tout premier vélo « made in Lille », un Rockrider 5.1, avait été produit dans son « Village ».

L’assemblage des vélos, comme pour les voitures, est considéré comme de la fabrication française. Ainsi creusons ensemble pour savoir comment l’engouement du vélo bénéficie au made in France.

 

* Le vélotaf est l’utilisation du vélo pour faire les trajets de son domicile jusqu’à son travail. 

Google Trends sur la recherche vélo
Google Trends sur la recherche vélo

Quand la France était un grand fabricant de vélos

La rédaction des Échos Start a réalisé un très bon article sur un possible retour de la France en tant que « grand fabricant de vélos ». En effet, l’article rappelle que dans les années 80, le pays qui a vu naître le Tour de France faisait partie du top 5 des fabricants de vélos avant les délocalisations massives vers l’Asie. Peugeot, Gitane, Lejeune et Mercier produisaient alors la majorité des vélos made in France.

À travers des images d’archive, on (re)découvre qu’en 1973, plus d’1 million de cycles était fabriqué en France et la moitié était destinée à l’export. Les années 90 sonnent le glas, avec les grandes surfaces qui se développent et se mettent à vendre des vélos fabriqués en Chine à des prix cassés. Le consommateur se détourne alors du made in France pour acheter des bicyclettes deux fois moins chères.

Dans la décennie suivante, les politiques qui se succèdent rêvent « d’une France constituée d’entreprises sans usine  » où seules la conception et la commercialisation resteraient dans l’Hexagone. La désindustrialisation du territoire bat alors son plein et la mondialisation ouvre la porte aux importations massives d’Asie.

L’Union Européenne finira pas réagir (tardivement) en mettant en place des mesures anti-dumping pour freiner les importations de cycles depuis la Chine. Ces mesures profiterons majoritairement au Portugal, lequel bénéficie en plus de subventions européennes. Ainsi la région d’Águeda abrite, encore aujourd’hui, des méga usines d’assemblage de vélos et dont Décathlon est un client fort.

Est-ce que la France peut redevenir un grand fabricant de vélos ?

En 2022, sur les 14,7 millions de vélos fabriqués au sein de l’Union Européenne, la moitié provient du Portugal, de Roumanie et d’Italie. Ce top 3 assemble plus de 7 millions de cycles avec 2,7 millions de vélos pour le Portugal, 2,6 millions pour la Roumanie et 2,5 millions pour l’Italie (source : Eurostat, résultats de 2022 publiés en 2023, en attendant les résultats de l’année suivante). L’Allemagne suit avec une production d’1,7 millions de vélos et la Pologne avec 1 million d’unités.

Grâce au salaire minimum deux fois inférieurs au SMIC français et à ses infrastructures déjà opérationnelles, le Portugal semble indétrônable. Le pays a réussi à être « L’usine » de l’Europe. Même dans le secteur du textile et de l’habillement, le Portugal monopolise la production de vêtements et chaussures de marques qui se positionnent comme éthiques et durables.

Du côté français, la fabrication de vélos s’élève à quelques 400.000 unités en 2022, alors que les ventes de vélos sur le territoire national, à la même période, atteignent près de 2,6 millions d’unités. Pour 2023, l’Observatoire du cycle annonce une baisse de 14% des ventes avec 2,2 millions de vélos vendus dans l’Hexagone.

Dans sa politique générale de ré-industrialisation, le gouvernement français finance de nombreux projets pour passer à la vitesse supérieure avec l’objectif de se démarquer du Portugal. En effet, compte tenu de la différence significative du coût du travail, la production française mise sur le haut de gamme, c’est-à-dire des vélos à assistance électrique et des vélos plus atypiques comme les vélos cargo.

Mais il reste encore un long chemin à parcourir pour réussir ce pari de redevenir un grand fabricant de vélos, car en ayant promu une France « sans usine », de très nombreux savoir-faire ont été définitivement perdus et certaines pièces sont la quasi-exclusivité de marque, comme Shimano avec ses disques de freins et ses dérailleurs. Ainsi il faut, non seulement, réinvestir dans l’outil de production en créant des usines, mais aussi retrouver les savoir-faire et former une nouvelle main d’oeuvre. De plus, les quantités produites devront être suffisantes pour être compétitif.

Enfin, quand bien même nous arriverions à rapatrier ces savoir-faire et à fabriquer la multitude de pièces détachées nécessaires à l’assemblage complet d’une bicyclette, un dernier frein serait à lever : réussir à créer une synergie entre les entreprises afin qu’elles coopèrent entre elles. Or dans une économie mondialisée où chacun cherche à faire baisser les prix et fonctionne de manière individuelle, il n’est pas inné de créer une filière « vélos » où les complémentarités de chacun constitueraient une force. Par ailleurs, il est indispensable que les collectivités, via leurs commandes publiques, et les consommateurs acceptent également d’acheter français au prix juste.

Production de vélos au sein de l'UE en 2022 (crédits : Eurostat)
Production de vélos au sein de l'UE en 2022 (crédits : Eurostat)

Les investissements publics

En parallèle du plan France Relance, initié en 2020, pour encourager et soutenir la réindutrialisation du territoire après la Covid19, le gouvernement a annoncé investir 2 milliards d’euros pour son plan Vélo et Marche 2023-2027 lequel s’inscrit dans le cadre plus global du plan France 2030. Ce plan Vélo se décline en trois axes prioritaires :

  • Former au vélo dès le plus jeune âge avec un programme théorique et pratique,
  • Faire du vélo une alternative aux autres transports en développant les pistes cyclables sécurisées avec un objectif de 80 000 km de pistes en 2027 et 100 000 km en 2030. Pour information, fin 2022, le territoire français comptait 57 000 km de pistes.
  • Développer une filière économique et industrielle du vélo avec les objectifs d’assembler 1,4 millions de vélos en 2027 et 2 millions de vélos en 2030.

Concrètement pour encourager les initiatives, l’appel à projets « Industrie du vélo », doté d’un fond de 55 millions, doit permettre de développer des lignes d’assemblage de vélos et de rapatrier la production de pièces détachées à forte valeur ajoutée comme les moteurs, cadres, fourches, dérailleurs, transmetteurs…

Les investissements des marques de vélos

De nombreuses marques de vélos n’ont pas attendu les annonces du gouvernement pour tracer leur route.

C’est le cas, par exemple, d’Origine Cycle et de ses vélos haut de gamme qui a investi, fin 2023, 11 millions d’euros dans la construction de sa nouvelle usine d’assemblage basée à Rouvignies, passant ainsi de 2 000 m2 à 7 500 m2.

Le groupe Arcade Cycles, dopé par une forte croissance grâce à ses vélos à assistance électrique (VAE) qui lui ont permis de tripler son chiffre d’affaires, a également inauguré, début 2024, un nouveau site. D’une plus grande capacité, 15 000 m2 de superficie contre 6 000 m2 auparavant, il est toujours situé à la Roche Sur Yon.

Upway, start-up spécialisée dans la vente de vélos électriques reconditionnés (avec une garantie de 1 an) prévoit une nouvelle levée de fonds après une première à 30 millions de dollars en 2021. L’objectif est de développer sa communication pour mieux se faire connaître du grand public ainsi que d’ouvrir de nouveaux sites de stockage et de reconditionnement.

Enfin des ateliers d’assemblage de vélos multi-marques sont déjà opérationnels, comme l’Usine à vélo née, à Villeurbanne en 2022, grâce au regroupement de 6 acteurs de la mobilité douce :

  • AddBike : fabricant d’accessoires pour transformer son vélo en triporteur et vélo longtail,
  • A fond Gaston : transforme sa bicyclette en vélo à assistance électrique,
  • Benur : fabricant de triporteurs adaptés aux personnes à mobilité réduite (PMR),
  • B2BIKE : fabricant et opérateur clés en main de services de vélo partagé pour des flottes d’entreprises ou pour des collectivités),
  • Cyclik : fabricant de vélos, conçus avec un cadre en fibre végétale
  • VEPLI : fabricant de vélos à assistance électrique urbains

Et la Vélo Factory dans le Gers, dotée d’une capacité d’assemblage de 15 000 vélos par an, qui a ouvert ses portes en 2023 à toutes les marques souhaitant bénéficier du marquage made in France. Avec son parc de machines flambant neuf et ses 8 techniciens qualifiés, ils peuvent assembler aussi bien des vélos à haute valeur ajoutée comme les e-bikes et les cargos bikes mais aussi des vélos mécaniques plus classiques.

Aujourd’hui quelle est l’offre de vélos made in France

Avant de vous dresser une liste de vélos fabriqués en France, non exhaustive, petit rappel sur ce qu’est un vélo made in France d’après le code des douanes.

1/ Qu’est-ce qu’un vélo made in France ?

Pour qu’un vélo possède le marquage made in France, il doit, comme pour les autres produits, répondre à deux critères complémentaires :

  • Détenir une part significative de sa valeur en France (part du prix de revient)
  • Acquérir ses caractéristiques finales en France (autrement dit sa dernière étape de transformation substantielle)

Ainsi un vélo, avec des composants fabriqués à l’étranger, assemblé en France peut revendiquer le marquage made in France au même titre que les voitures. Ces règles ne sont pas laissées au bon vouloir du gouvernement, elles sont fixées par le code des douanes lequel reprend les standards imposés par l’Organisation Mondiale du Commerce et l’Union Européenne.

Les composants pris en compte dans cette étape d’assemblage sont : le cadre, la fourche, le guidon, les roues et les pneus, le pédalier et les pédales, le dérailleur, les freins, la selle et la batterie (pour un vélo à assistance électrique). L’assemblage des accessoires, qui sont optionnels, n’est pas suffisant pour définir la valeur acquise en France. Ce sont les gardes-boue, les lumières de signalisation, la béquille, le compteur, le porte-bagage, le panier…

Cet assemblage pose question pour de nombreux amoureux de « la petite reine » qui trouvent que le made in France n’est pas assez stricte. D’ailleurs, le label Origine France Garantie leur donne raison avec un cahier des charges plus rigoureux. En effet, pour qu’un vélo obtienne le label OFG, il faut obligatoirement que le cadre soit fabriqué en France en plus d’un assemblage complet réalisé sur le sol français (v10 du référentiel, en vigueur depuis novembre 2023).

Nous-mêmes, via notre guide, nous différencions les marques de vélos qui ne font qu’assembler les composants en France, des marques de vélos qui fabriquent leur propre cadre puis assemblent leurs vélos.

roue de vélos
Crédits photos : Marques de France

2/ Les marques de vélos assemblées en France avec le cadre fabriqué en France

Qu’il soit en titane, en carbone, en aluminium ou en bambou, ces marques de vélos fabriquent elles-mêmes leur cadre, puis assemblent le vélo. Elles sont alors capables de concevoir des produits sur-mesure.

Leur cible : les passionnés, qui pédalent plusieurs centaines de kilomètres et qui sont prêts à dépenser « sans compter » :

  • les cadres en acier, inox ou carbone de vélos gravel, de route ou de ville de Victoire (sur-mesure, tarif sur devis) ou des marques titulaires du label EPV comme Berthoud Cycles (à partir de 5 000€ ou sur devis pour le sur-mesure) ou Cyfac (tarif sur devis, sur-mesure). Toujours en acier, Robert Bike propose des vélos cargo longtail à assistance électrique (à partir de 5 499€).
  • le spécialiste de la posture, la marque Mecacote passe par l’Atelier Titane également propriétaire de la marque Grade 9 pour fabriquer des cadres en titane (tarif sur devis). Egalement en titane, les cadres de la marque de gravel Caminade,
  • un cadre en bambou à partir de 5 490€ chez In’Bo et 2 230€ chez Boudebois
  • un vélo original avec sa structure plane en aluminium par Boulhol Aérocycles (sur-mesure,tarif sur devis),

3/ Les marques de vélos assemblées en France

Ces marques proposent un premier pas vers le made in France avec des prix plus attractifs et surtout plus compétitifs.

Par exemple, le vosgien Moustache Bikes propose son tout premier vélo à assistance électrique, baptisé J, avec le cadre fabriqué en France. Les 3 versions du vélo J oscillent entre 5 199€ et 5 699€ selon les options, alors que ses autres VAE uniquement assemblés en France sont à partir de 2 799€.

Autre vélo électrique high-tech avec une alarme anti-vol et un détecteur de chute proposé par Angell ou les VAE porteurs de Jean Fourche. Plus traditionnel, Bocyclo réalise de magnifiques beach cruisers.

Enfin certaines marques se sont spécialisées dans l’amélioration de vélos comme Addbike et Shiftbikes qui proposent de transformer votre vélo classique en vélo cargo et/ou porteur.


Marques de France - Avatar - Élodie Lapierre

Contenu rédigé par Élodie Lapierre

Depuis plus de 10 ans, je suis chargée d’études en santé environnementale. J'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française.

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3 commentaires

  1. Le Gac Yannic dit :

    Analyse très intéressante mais vous ne parlez pas de la marque SVO, est-ce volontaire ?

    1. Emmanuel Montecer dit :

      Bonjour, merci pour votre commentaire ! Non, ce n’est pas volontaire car nous ne connaissions pas cette marque jusqu’à votre commentaire. Nous avons cité celles que nous connaissons et dont nous sommes sûrs de leur fabrication ou assemblage français.

  2. Braem dit :

    En Belgique le 45 km/h se développe beaucoup, les salariés obtiennent de l’état une subvention d’ environ 25€ par mois, du coup des constructeurs Belges comme ASKA et bien d’autres encore, prennent place sur ce marché du velotaf.La situation en France est assez différente la dessus je trouve, il serait intéressant de connaître les chiffres dans l’hexagone.

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