Qu'est-ce que le Nutri-Score ?
Tout ce que vous devez savoir sur cet indicateur, qui peut vous aider à choisir des produits alimentaires transformés qui sont meilleurs pour la santé.
Table des matières
Définition du Nutri-Score
Le Nutri-score est un système de notation qui a pour objectif d’évaluer la valeur nutritionnelle des produits alimentaires (et non leur qualité nutritionnelle).
Il s’affiche sous forme d’une note sur 5, traduite par une lettre de A à E et un code couleur allant du vert au rouge.
Les aliments classés A ont une meilleure valeur nutritionnelle comparés aux aliments classés E.
Le but est de rendre facilement comparable des produits, afin de faire son choix de façon plus éclairée.
Les origines du Nutri-Score
Le Nutri-Score a été mis en place en 2017 dans le cadre du Programme National Nutrition Santé, sur la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé.
L’idée était d’apposer un logo simple et visible sur les emballages des produits, afin d’aider les consommateurs français à opter pour des aliments meilleurs pour leur santé.
L’alimentation a en effet une influence sur la santé, puisqu’elle peut induire une baisse du risque de développer certaines pathologies : diabète, maladies cardiovasculaires, surpoids, obésité, certains cancers, etc.
La création de ce système de notation s’est basée sur les travaux du Pr. Serge Hercberg (épidémiologiste et nutritionniste français), associés à l’expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).
Comment est-il calculé ?
Le Nutri-Score prend en compte la composition des produits pour évaluer leur qualité nutritionnelle. Il se base sur 100 g ou 100 ml de produits. Il va privilégier certains nutriments comme :
- les fibres ;
- les protéines animales ou végétales ;
- les fruits ;
- les légumes ;
- les oléagineux ;
- les légumineuses.
À l’inverse, il va pénaliser ceux contenant des éléments considérés comme mauvais pour la santé :
- une importante quantité de calories pour 100g ou 100ml ;
- des matières grasses saturées ;
- la quantité de sucre ;
- la quantité de sel.
Le calcul se base sur les données de valeur nutritionnelle et sur la liste des ingrédients, qui figurent déjà sur les emballages ou contenants des produits alimentaires. Il repose sur l’addition de points positifs et de points négatifs, pour un total allant de -15 à +40.
Les produits les plus favorables sur le plan nutritionnel sont classés A en vert, quand les moins favorables sont classés E en rouge.
Quels produits sont concernés ?
De nombreux produits alimentaires peuvent être évalués par le Nutri-score. Cela inclut aussi les boissons. Il existe toutefois quelques exceptions, comme :
- les boissons alcoolisées ;
- les fruits et légumes frais bruts ;
- le poisson frais ;
- la viande fraîche ;
- les herbes aromatiques ;
- les thés ;
- les cafés ;
- les levures ;
- les produits alimentaires pour les nourrissons de moins de 3 ans.
Le Nutri-score est aussi affiché sur les menus de certains restaurants d’entreprises et de cantines scolaires, ainsi que sur les produits de certains fast-foods.
Ce système est utilisé en France, mais aussi dans d’autres pays comme la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Espagne. En tout, 7 pays sont donc engagés en faveur de cet affichage nutritionnel.
Qui peut utiliser le Nutri-Score ?
L’utilisation du Nutri-Score est gratuite et repose sur une démarche volontaire de l’industriel (il n’y est pas contraint).
Les industriels souhaitant l’afficher doivent simplement s’enregistrer et faire la demande en ligne sur le site de Démarches simplifiées (selon si la marque est commercialisée exclusivement sur le territoire français ou si la marque est distribuée dans plusieurs pays, France incluse).
Pour valider leur demande, les industriels doivent s’identifier, détailler les produits concernés, s’engager à utiliser le logo sur l’ensemble des produits mis sur le marché et à respecter le règlement d’usage.
Quels sont les avantages du Nutri-score ?
Un affichage simple
Le système de notation du Nutri-Score est très facile à décrypter. Il est plus compréhensible que les informations nutritionnelles déjà apposées obligatoirement sur les produits, indiquant notamment les informations énergétiques en kcal, le taux de matières grasses, de sucre ou encore de sel en grammes.
Celles-ci sont en effet plus difficiles à interpréter : par exemple, à partir de quel taux considère-t-on qu’il y a trop de sel ? Est-ce que le produit contient suffisamment de protéines ?
Avec son code couleur et son système de lettre, le Nutri-score permet de savoir en un coup d’œil si un produit est considéré comme bon ou mauvais pour la santé d’un point de vue nutritionnel.
Des consommateurs mieux éclairés
Le Nutri-Score est un outil intéressant pour aider les consommateurs à comparer et à faire un choix entre plusieurs produits. Par exemple, entre les produits d’un même rayon, mais de marques concurrentes, ou bien entre des produits dédiés à la même occasion de consommation (entrée, dessert, goûter, etc.).
Il est particulièrement pertinent pour les produits transformés, comme les plats préparés, les pizzas industrielles, les produits à base de viandes reconstituées, les paquets de céréales, les pâtisseries industrielles, les boissons gazeuses ou encore les biscuits. Chacun peut donc, en conscience, choisir un aliment qui aura un impact jugé positif ou, au contraire, plus négatif sur sa santé.
En 2023, on estime que plus de 99% des Français avaient déjà vu ou déjà entendu parlé du Nutri-score. 1/3 se servirait d’ailleurs du logo pour choisir les produits consommés (source : Santé publique France).
Des produits aux recettes améliorées
Pour espérer avoir une meilleure notation, les industriels peuvent adapter leurs méthodes de production. Cela permet d’obtenir, au sein des rayons des magasins, des produits moins gras, moins sucrés et moins salés.
Citons l’exemple des céréales Chocapic, dont la recette a été modifiée par les fabricants afin d’obtenir une note plus favorable. Nestlé avait en effet consenti à baisser la quantité de sucre, de sel et d’acides gras saturés, tout en augmentant la part de fibres.
Quelles sont les limites du Nutri-score ?
Un calcul qui manque parfois de pertinence
Si le calcul se révèle assez intéressant pour les produits alimentaires transformés, il n’est pas du tout adapté à certains produits bruts.
Une bouteille d’huile d’olive va par exemple pâtir d’un mauvais score, puisqu’elle contient logiquement 100% de matière grasse. Pourtant, les acides gras présent dans ce type d’huile sont nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme, donc ne sont pas mauvais pour la santé en quantité adaptée.
Le constat est le même pour du miel, qui va écoper d’un mauvais score puisqu’il contient naturellement beaucoup de sucre, ou encore pour le sel qui va être naturellement mal noté puisqu’il contient… trop de sel.
D’autres éléments ne sont pas pris en compte dans le calcul, alors qu’ils ont un impact sur les apports nutritionnels.
- La quantité consommée et la fréquence de consommation. Pour faire simple, si l’on consomme régulièrement un produit classé C, ce ne sera pas meilleur pour la santé que de consommer rarement un produit classé E.
- Le degré de transformation d’un produit, qui influe sur la dégradation des vitamines, des antioxydants et des minéraux par exemple.
- La présence d’additifs : colorants, conservateurs, émulsifiants, exhausteurs de goût, etc.
Une démarche basée sur le volontariat
L’affichage du Nutri-Score repose sur une démarche volontaire des industriels. Contrairement aux informations concernant les valeurs nutritionnelles et les ingrédients des produits, qui sont obligatoires selon la réglementation européenne, ce sont donc les marques qui peuvent choisir ou non d’afficher cette notation. En 2024, plus de 1 300 marques utilisaient le Nutri-score en France. Auchan, Fleury-Michon, Intermarché et Leclerc ont été les premiers à accepter de jouer le jeu.
Mais du fait que cet indicateur ne soit pas obligatoire, il n’existe aucune sanction ou pénalité en cas de non-affichage. Cela profite clairement aux industriels qui fabriquent des produits qui pâtiraient d’un mauvais score et n’ont donc aucun intérêt de se montrer transparent en l’affichant volontairement. Cela explique par exemple pourquoi il n’y a aucun Nutri-score sur le Nutella.
Le Nutri-score se heurte en effet à la réglementation européenne, qui empêche de rendre l’affichage obligatoire, même si des discussions pour imposer un logo commun sur tous les emballages sont en cours. Le père du Nutri-score, Serge Hercberg, soutient cette mise en place uniformisée au sein de l’Union Européenne. La décision devait initialement aboutir en 2023. Mais si elle n’est toujours pas actée actuellement, c’est sous la pression des lobbies de grands groupes de l’industrie alimentaire (Coca-Cola, Mars, Lactalis, Ferrero…) et de syndicats agricoles, défendant entre autres les intérêts des producteurs de fromages et de charcuterie, qui ne veulent pas afficher le Nutri-Score qui leur serait défavorable (sources : France Info, Ouest France).
Trop d’information tue l’information ?
Les emballages des produits alimentaires comprennent déjà beaucoup de données, ce qui peut rendre leur lecture et compréhension plus difficile.
Bien sûr, la prise en compte de la valeur nutritionnelle d’un produit est importante. Mais cette plus grande transparence sur nos produits de consommation peut engendrer une profusion excessive de logos (AB, Bleu Blanc Cœur, AOP, AOC, fabriqué en France, etc.). Surtout si l’on ajoute la mise en place future de l’éco-score, qui a pour objectif de calculer l’impact environnemental du produit.
Évoquons également d’autres préoccupations des consommateurs, comme celles de privilégier l’alimentation locale et de saison, ou encore le circuit court. Pour exagérer le trait, comment faire finalement son choix entre un produit au score nutritionnel A mais qui vient de loin, en comparaison avec un produit au score nutritionnel C avec un impact environnemental moindre ?
Parlons aussi des nombreuses applications de décryptage (voir dernier paragraphe), mais qui peuvent donner des informations parfois contradictoires.
Un outil insuffisant à lui seul
Le Nutri-Score est une aide à la décision et à l’achat, mais ne permet pas seul de s’orienter vers un régime alimentaire favorisant une bonne santé.
Ne consommer que des produits au score A ou B n’est pas gage d’une alimentation saine et équilibré. A l’inverse, les produits D ou E ne doivent pas forcément être totalement boycottés, mais leur consommation devra plutôt se faire en moins grande quantité et moins fréquemment.
Tout d’abord, il est tout aussi important de savoir lire les étiquettes, afin de connaître la composition exacte des produits. Une alimentation saine et durable passe par le choix d’aliments variés, les plus bruts et les moins transformés possibles.
Ensuite, il est nécessaire de prendre en compte d’autres recommandations alimentaires (vous en connaissez forcément certaines sous les slogans un peu simplistes « mange 5 fruits et légumes par jour » ou « ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé »).
Enfin, rappelons que les besoins nutritionnels varient aussi en fonction du mode de vie, de l’âge ou encore du niveau d’activité physique. Ils doivent donc être pris en compte de façon individualisée.
Le calcul nutritionnel du Nutri-Score a été mis à jour
Les pays engagés dans le Nutri-Score ont mis en place une gouvernance européenne pour harmoniser les règles d’utilisation et de calcul. Ils ont travaillé sur une évolution de l’algorithme, qui prend désormais en compte certaines incohérences précédemment citées, les nouvelles recommandations de santé des différents pays impliqués, mais aussi l’évolution de l’offre alimentaire.
Ce nouveau calcul devait entrer en vigueur en France au printemps 2024. Les industriels et distributeurs bénéficieront ensuite d’un délai de 2 ans pour se mettre en conformité avec le nouveau calcul.
Cet algorithme amélioré prend, tout d’abord, en compte la présence d’édulcorants dans les boissons, utilisés notamment comme alternative au sucre. Les boissons « light » pouvaient, en effet, se servir de ces additifs pour obtenir un score plus favorable qu’une boisson sucrée conventionnelle. Le Coca Cola light va ainsi voir sa note réduite de B à C.
Les recommandations actuelles étant à la réduction de la consommation de viande rouge, sa notation serait moins bonne que celle de la volaille. Selon ce nouveau calcul, la boîte de Chocapic, qui était auparavant notée A, va être rétrogradée en C. Malgré les efforts de Nestlé, ces céréales restent en effet beaucoup trop sucrées. Seuls les mueslis sans sucre pourront conserver la note en vert. Des marques comme Bjorg, qui avait pourtant accepté de jouer le jeu, vont donc préférer retirer le logo Nutri-score de leurs produits (source : Que Choisir, La Provence, La Voix du Nord).
À l’inverse, la note de certains produits auparavant considérés comme trop gras, comme les huiles riches en omégas 6 et omégas 3 ou certains poissons, va s’améliorer. C’est également le cas des produits aux céréales complètes (pâtes, riz, pain…), qui auront une meilleure note que les produits à base de farines raffinées, du fait de leur teneur en fibres.
Entre 30 et 40% des produits seraient ainsi concernés par ce nouveau calcul, qui peut leur être favorable ou non.
Quelles différences entre le Nutri-score et des applications comme Yuka ?
Il existe plusieurs applications permettant de scanner des produits alimentaires pour mieux décrypter leur composition : c’est le cas du célèbre Yuka, ou encore de QuelProduit, de ScanUp ou de Foodvisor.
Ces applications vont davantage se concentrer sur la composition des produits (leurs ingrédients), afin de savoir lesquels ont le plus d’impact sur la santé et sur l’environnement. Pour cela, Yuka utilise par exemple la méthode de calcul du Nutri-score, mais prend aussi en compte la présence d’additifs et l’origine biologique, chacun influant sur un % de la note finale sur 100. L’application utilise donc son propre système de notation. S’il semble plus complet, notons que cette méthode ne semble toutefois pas avoir été validée d’un point de vue scientifique.
Il existe également l’application Open Food Fact depuis 2014. Créée par un organisme à but non lucratif, c’est un outil qui permet également de calculer la qualité nutritionnelle, mais cette fois pour la totalité des produits alimentaires et dans tous les pays. Leur but est d’œuvrer pour une plus grande transparence alimentaire. Ainsi, vous pouvez y retrouver quand même la note nutritionnelle de la fameuse pâte à tartiner, même si le fabricant n’a pas fait le choix d’afficher le Nutri-score…
Ici encore, ces applications sensibilisent les consommateurs et constituent une aide bienvenue au moment de faire des choix alimentaires. Toutefois, elles ne suffisent pas à elles-seules à se créer un régime adapté. Les aliments ne peuvent en effet pas se résumer à un classement binaire en « bon » ou « mauvais » et certaines informations, comme le degré de transformation d’un produit, restent peu prises en considération.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.