Podcast : Le lin, cette matière française qui fait son retour sur la scène internationale
Depuis plusieurs dizaines d'années, la France est le premier pays producteur de lin au monde. Pourquoi les terres normandes sont-elles si propices à sa culture et quels sont les avantages de cette plante ? Je vous explique tout dans ce podcast consacré au lin.

Après un premier podcast où Élodie vous avait expliqué ce qu’est le marquage “made in France”, il est temps pour moi de vous présenter une matière textile écologique : le lin. Assurant 75% de la production mondiale, la France est le premier producteur de lin !
Cette réussite, notre pays la doit à ses terres situées en Normandie où le climat et la profondeur des sols combinent les conditions parfaites pour le développement de la plante.
“Il y a plusieurs miracles normands. Le premier, c’est que nous avons des sols très profonds qui permettent aux racines de se développer en toute liberté sans s’entremêler (et se faire concurrence). Ensuite, notre situation géographique nous permet d’avoir le climat parfait pour la culture du lin, de faibles amplitudes thermiques, une pluie suffisante pour l’irrigation naturelle et des pluies estivales suffisamment chaudes qui viennent travailler la plante une fois que le rouissage a été effectué”, explique Paul Boyer, le fondateur de la coopérative de Linportant.
On dit souvent que c’est juin qui fait le lin, puisque c’est à cette période que la macération peut être la meilleure.
Le rouissage, voici l’un des premiers termes que j’ai appris lors de la production de ce podcast. Ce terme fait référence à la macération des plantes de lin, une fois qu’elles sont coupées mais laissées dans les champs.
Cette macération ou rouissage permet de séparer l’écorce filamenteuse de la tige.
“Cette étape, très importante, est réalisée à un moment très précis dans l’année. On dit souvent que c’est juin qui fait le lin, puisque c’est à cette période que la macération est la meilleure avec la douceur des pluies estivales”, ajoute Paul.
Les étapes de préparation
Une fois que le lin est récolté, il va falloir le travailler avant qu’il ne soit vendu en tissu. Les différentes étapes nécessaires à sa transformation ne sont pas nécessairement assurées les producteurs de lin eux-mêmes. De nombreux acteurs entrent en jeux lors des étapes de transformation du lin. Ces dernières ont également été décrites dans l’article dédié au lin comme matière textile.
La première est le teillage où l’objectif va être d’extraire le bois du centre de la tige pour garder simplement les fibres. Le lin va donc passer dans des étapes d’engrenages, d’étirage et de battage. Après ces 3 opérations, les fibres sont séparées en deux groupes : les plus longues appelées long brin ou filasse, et les plus courtes aussi appelées les étoupes.
Ensuite, place au peignage. Ici, la fibre va être modifiée sous forme de rubans, et c’est à ce moment que les caractéristiques douces du lin vont apparaître.
Et enfin, avant le tissage et l’ennoblissement, il va être filé. Cette opération est assez spéciale puisqu’il existe deux manières de la réaliser. La première est nommée “au mouillé”, où le but est d’obtenir un tissu de fils fins qui servira surtout pour les habits et le linge de maison. Pour réaliser cette technique, les fibres sont immergées dans une eau chauffée à 60°C. La seconde technique est la filature “au sec” pour des fils plus rustiques et plus épais qui serviront davantage dans la confection d’articles de décoration, de cordes…
Le lin tissé est redevenu noble
Au lancement de mon podcast, l’une de mes premières interrogations était de savoir comment le lin, qu’on pouvait retrouver partout il y a un siècle, est redevenu ces dernières années une matière noble. Cette matière avait fait la renommée de l’industrie textile des Vosges grâce au blanchiment sur prés du linge de maison et des toiles en lin.
Redevenu, car à l’époque de Louis XIV, toute sa cour était vêtue de lin. C’est à ce moment-là que les termes “linge” et “lingerie” sont d’ailleurs entrés dans le vocabulaire des français. Au fil des siècles, le lin a su rester une matière importante dans le textile de notre pays, jusqu’à l’arrivée du coton conventionnel et son industrialisation dans les pays en voie de développement faisant grimper les coûts de production du lin, aboutissant à son abandon progressif.
Alors, lorsque j’ai eu la chance d’interviewer Thierry Balazy, le fondateur du Lin d’Ariane, le sujet est vite venu sur la table. Pour lui, « ce n’est pas le lin qui est noble, seulement le lin français. Notre pays possède des savoir-faire en matière de culture et de tissage que l’on ne retrouve pas forcément dans tous les pays. Alors oui, ce travail du tissu a un prix de production plus élevé que le coton ou les matières synthétiques ».
De plus, comme l’a expliqué Paul Boyer de Linportant, le lin français est exceptionnel grâce à ses conditions de pousse. Le “miracle normand” donne des fibres de lin de grande qualité, lesquelles sont mises en valeur par des tisserands français titulaires d’un savoir-faire centenaire. Le résultat est un tissu épais et doux, thermorégulateur, peu susceptible de se déformer et de se froisser. On est très loin du stéréotype du lin bas de gamme qui est rêche, grappe, se chiffonne au moindre mouvement et se déforme.
D’ailleurs le lin est particulièrement apprécié pour les parures de lit. Grâce à sa fibre creuse, il a des propriétés thermorégulatrices, cela permet d’assurer une sensation de fraîcheur en été et de chaleur en hiver.

Contenu rédigé par Baptiste Chuzeville
Fraichement diplômé d’un bachelor Journalisme au sein de l’ISCPA de Lyon, qu’il avait terminé par un stage de 5 mois au sein de notre rédaction, Baptiste s’est dirigé vers un master à l’ISFJ Lyon. Aujourd’hui alternant, il alimente la page magazine du site.