NEO : Au coeur de la fabrication d’un sac de randonnée
Créée et engagée dans une fabrication locale et responsable l'entreprise NEO possède son propre atelier au bord du lac d’Annecy. On vous embarque avec nous au coeur de leur site de production.
Lors de notre dernière sortie, où nous vous avions fait découvrir la fabrication d’une paire de skis Dénériaz, nous vous avions fait part du prochain lieu de tournage, à quelques dizaines de mètres de l’atelier du champion olympique 2006. Nous sommes toujours dans la même zone artisanale au Sud d’Annecy, pour rencontrer Éric Roussel, le fondateur de la marque NEO.
Cette marque française a une petite particularité : à son lancement, elle était spécialisée dans la fabrication d’équipements pour le parapente. “Ce sport est très populaire ici et nous voulions arrêter d’acheter à l’autre bout du monde des équipements qu’on serait capable de produire sur les bords du lac”, nous explique Éric dès notre arrivée dans son showroom.
Depuis deux ans, la marque annécienne s’est aussi lancée dans la fabrication de sacs à dos ainsi que d’autres équipements comme des protections pour ordinateurs ou encore des trousses.
Sans plus attendre, j’allume la caméra, je branche les micros et, avec Emmanuel, nous nous lançons à la découverte de cette entreprise. Je sens que le fondateur a des choses à nous raconter.
Chaque morceau de tissu compte
La première partie que nous découvrons est l’endroit où la matière première est réceptionnée. Chez NEO, les tissus sont déroulés dans une première machine qui, grâce à des réglages prédéfinis, va réaliser les premières découpes pour outiller les couturières dans leur travail.
Éric profite de ce court instant dans cet espace bruyant pour nous expliquer l’importance du recyclage pour sa marque : “Les prix sont de plus en plus chers pour nous. On essaye donc d’utiliser chaque centimètre de tissu. Grâce à nos chutes, nous pouvons par exemple fabriquer des petits logos qui seront ensuite déposés sur nos produits. Les matériaux utilisés sont sélectionnés et/ou développés pour offrir le meilleur compromis durabilité/légèreté. NEO prône l‘esprit du bon sens, c’est pourquoi nous sommes fiers de participer, à notre échelle, à une consommation plus consciente et responsable. La qualité de notre savoir-faire garantit la robustesse de nos produits pour une utilisation sur du long terme. Dans une logique de consommation durable, nous proposons à tous nos clients un service “garantie et réparation” par l’atelier. Le bon sens, c’est aussi d’assurer à nos clients la réparation de nos produits à vie, plutôt que de les jeter quand une seule pièce est usée. Nous sommes fiers de participer, à notre échelle, à une consommation plus consciente et responsable.”
En plus des rouleaux de tissus, le rez-de-chaussée est réservé au stockage des petits composants que les couturières pourront utiliser pour la confection d’une sellette de parapente par exemple.
Une fois le tour du rez-de-chaussée fait, nous prenons la direction des escaliers pour nous rendre à l’étage supérieur.
Place à la fabrication
Emmanuel vous l’expliquait au début de la vidéo, NEO dessine, conçoit et fabrique tous ses produits. Nous arrivons donc dans une grande pièce où plusieurs dizaines de personnes sont en train de produire des sacs.
Première chose que j’aperçois en arrivant, tout est ouvert, tout le monde travaille côte à côte. Cette accessibilité, Éric nous la présente comme l’une des principales forces du made in France : “Le bureau de développement est là juste à côté des montagnes. Donc on peut aller tester les sacs et revenir rapidement pour faire les modifications sur nos machines. Et nous, on est juste à côté pour pouvoir faire des changements en production.”
Ici, le principe est simple : chaque personne est formée sur chacune des machines, chaque couturier(e) n’est pas fixé(e) sur un seul poste, il va réaliser plusieurs tâches du processus de fabrication des produits. D’un point de vue personnel, je trouve cette méthode de travail productive puisqu’elle évite les gestes répétés du travail à la chaîne.
En plus de travailler dans des locaux quasiment neufs, les équipes de NEO ont aussi accès à des machines neuves : “Nous faisons en sorte que chacune de nos machines n’ait aucun pépin puisque la réparation coûte plus chère en France”, explique le fondateur de la marque.
Tim Alongi, un ambassadeurs NEO
En novembre 2022, l’entreprise annécienne s’est lancée dans la fabrication de bagagerie, mais au moment de sa création, la marque était surtout réputée pour la production d’équipements de parapente. Lors de la présentation d’une future sellette de parapente acrobatique, Éric nous fait rencontrer Tim Alongi.
Je me rends compte alors quelques minutes plus tard que je viens de croiser le vice-champion du monde 2017 et quadruple champion de France de parapente freestyle. Le champion français est aujourd’hui devenu l’un des ambassadeurs de la marque dans le monde entier.
200 pièces pour fabriquer un sac à dos
Lors d’une récente interview, Antoine Fauqueur, le fondateur d’Unsibeaupas était revenu sur l’échec de sa marque où il expliquait qu’il fallait que l’entreprise se démarque par un savoir-faire ou des produits originaux.
Le savoir faire de NEO réside dans la maîtrise de la couture, de la sellerie à la maroquinerie, ce qui permet de coudre du fin et de l’épais. Grâce à une multitude de machines pour effectuer les diverses étapes de confection d’une sellette de parapente ou d’un sac à dos. Par exemple, pour développer un sac à dos NEO Sambuy, il leur a fallu environ quinze mois et pas moins de 13 prototypes. Les couturières et couturiers passent plus de 5h30 à assembler les 200 pièces nécessaires à la fabrication d’un seul sac à dos de voyage et réalisent pas moins de 100 étapes de production.
“Nous maîtrisons également divers techniques de confection, comme le collage et possédons des machines spécifiques pour offrir un produit de haute qualité. Cela vient compléter notre savoir-faire afin de fabriquer 100% de nos produits” assure Éric.
Pour terminer notre reportage, nous redescendons au rez-de-chaussée pour visiter la zone de stockage.
Les difficultés du made in France
Bon, comme d’un grand nombre d’entreprises, la partie stockage n’est pas le lieu le plus intéressant. Mais Emmanuel profite de cet instant pour échanger avec le directeur de NEO sur les difficultés liées au fabriqué français. “La difficulté, c’est d’avoir des gens qui veuillent travailler en production. Et ce n’est pas du tout dénigrant. Il y a plein de choses à faire et c’est hyper valorisant, tous les jours, de se dire : “Je vais fabriquer des beaux produits avec mes mains.” Et ça, c’est un petit peu compliqué aujourd’hui de trouver du monde qui veuille travailler et qui veuille passer des heures à fabriquer de beaux objets. C’est ça aussi le problème du made in France.”
Voilà 8 mois maintenant que je consacre la majorité de mes journées à la rédaction de sujet made in France. Avec toutes les rencontres que j’ai pu vous partager au sein de mes articles, le manque de main-d’œuvre est aujourd’hui l’un des plus gros soucis du fabriqué français. Lors de différentes enquêtes menées sur la consommation des produits locaux, le frein principal est le prix encore trop élevé pour la population. Si le coût de production est encore trop haut aujourd’hui, le manque de main-d’œuvre n’y est pas pour rien.
L’avantage d’avoir pu partager la visite de l’atelier NEO avec Éric, c’est qu’il ne se cache pas. Tout au long de la matinée, le fondateur a soulevé un grand nombre d’aspects du made in France. Il nous a souvent partagé son avis, que d’un point de vue personnel je trouvais juste. Aujourd’hui, produire en France est compliqué au niveau économique mais aussi au niveau de la main-d’œuvre. Pourtant, les produits bleu-blanc-rouge resteront toujours des articles de qualité.
Si vous cherchez d’autres produits français comme ceux de NEO, nous vous proposons de consulter toutes les marques proposant des :
Contenu rédigé par Baptiste Chuzeville
Fraichement diplômé d’un bachelor Journalisme au sein de l’ISCPA de Lyon, qu’il avait terminé par un stage de 5 mois au sein de notre rédaction, Baptiste s’est dirigé vers un master à l’ISFJ Lyon. Aujourd’hui alternant, il alimente la page magazine du site.
Bravo pour ce reportage, j’ai été ravie de découvrir les coulisses de Néo dont j’avais déjà entendu parler côté parapente. Le savoir-faire étendu à la filière, c’est tout ce en quoi je crois 😉