La marque bretonne Le Minor labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV)
Après plus de 18 mois de candidature, la marque bretonne Le Minor a reçu le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), un label qui récompense "l'excellence du savoir faire français".
« Ce label vient récompenser tout le travail de sauvegarde des savoir-faire qui nous anime depuis la reprise de la marque, et qui avait été initié par nos prédécesseurs.»
Voici la première réaction de Sylvain Flet, le patron de la fabrique de vêtement Le Minor, lorsque nous l’avons contacté pour évoquer la nouvelle labellisation de l’entreprise centenaire qu’il a reprise en 2018, avec son associé Jérôme Permingeat.
Ce nouveau titre vient mettre en avant les atouts de la marque bretonne, à savoir :
- L’intégration totale des savoir-faire, avec la maîtrise totale de la chaîne de valeur, depuis la réception de fil en pur coton ou en pur laine, jusqu’à la livraison d’un vêtement en maille (unique en France !). Un modèle défendu vertueusement, qui a permis de créer 40 emplois en tricotage et confection depuis 2018;
- Des savoir faire particulièrement rares : le remaillage, réservé à l’industrie du luxe ou encore le tricotage d’un jersey de coton lourd sur une machine des années 60, unique en France également;
- La reconstitution d’un savoir-faire pour la confection d’un manteau historique : le Kabig.
En plus d’apporter une reconnaissance sur le plan national et international, il permet aussi de bénéficier d’avantages économiques comme une augmentation du crédit d’impôt afin de favoriser l’innovation et la création.
Les réactions de Sylvain Flet
Joint par téléphone, le dirigeant nous partage sa satisfaction bien que la démarche fut longue et rigoureuse.
A-t-il été difficile pour la marque d’obtenir la reconnaissance EPV?
« La démarche est plutôt longue. Nous avons candidaté en octobre 2021, et reçu le label fin avril 2023. Pendant ces 18 mois, nous avons constitué un dossier assez consistant, et nos ateliers ont été audités. La longueur du processus est à l’image de la sélectivité du label. Cela prouve bien la légitimité et l’exigence d’un tel label.
L’audit et le dossier portent principalement sur les savoir-faire : nous avons pu défendre notre modèle de marque intégrée, et la transmission de nos savoir-faire, organisée grâce à la transmission en interne. Nous avons dû aussi prouver en quoi nos savoir-faire relevaient de “l’excellence” exigée par le label.
Notre jersey épais (400 gr/m2), le remaillage (une technique d’assemblage réservée à l’industrie du luxe), et la fabrication du Kabig (un vêtement breton historique, qui remonte au XIIème siècle) ont notamment pesé en faveur de notre dossier !
Enfin, notre statut de marque historique, avec ses archives (vêtements, photographies, catalogues) et sa bibliographie, a également joué un rôle, prouvant le statut “patrimonial” de Le Minor.«
Pourquoi avoir choisi EPV plutôt que d'autres labels comme Origine France Garantie ?
« Il existe plusieurs labels, textiles ou non, mais aucun ne résume aussi bien notre combat pour le maintien de nos savoir faire qu’EPV. Entreprise du Patrimoine Vivant, comme son nom l’indique, labellise l’entreprise dans son ensemble. C’est ce que nous voulions : que le label revienne aux personnes qui composent l’entreprise Le Minor, et que les savoir-faire des salariés soient célébrés et récompensés. Comparé à d’autres labels qui peuvent exister aujourd’hui, EPV est en outre assez connu du grand public et donc apporte une bonne notoriété.«
Quelle est l’importance que vous accordez au made in France ?
« Chez Le Minor, nous ne faisons pas du “made in France” pour faire du “Made in France”. Notre préoccupation quotidienne, et notre mission, ce sont les savoir-faire. Nous perpétuons l’intégration de nos savoir-faire dans nos ateliers de Guidel et de Quimper au nom du patrimoine. Il est important pour nous de continuer à créer de A à Z des vêtements dans notre territoire, comme nous le faisons depuis 100 ans, car les vêtements que nous créons – pulls marins, marinières – sont des emblèmes de la Bretagne et de la France. Quelle absurdité de délocaliser hors de France tout ou une partie de la fabrication d’une marinière !
Nous croyons aussi à une chose : c’est que la fabrication française doit rimer avec “qualité”. Nous pouvons nous vanter de fabriquer des vêtements vraiment durables, car ils sont solides et durent dans le temps. Cela est rendu possible grâce à la qualité de nos matières premières, mais surtout grâce aux gestes, nécessaires à la fabrication, que nous avons hérité des générations précédentes, et que nous continuons à transmettre dans nos ateliers.«
Contenu rédigé par Baptiste Chuzeville
Fraichement diplômé d’un bachelor Journalisme au sein de l’ISCPA de Lyon, qu’il avait terminé par un stage de 5 mois au sein de notre rédaction, Baptiste s’est dirigé vers un master à l’ISFJ Lyon. Aujourd’hui alternant, il alimente la page magazine du site.