Le made in France : une solution pour limiter le changement climatique ?
Posons le constat dès le départ : le seul produit 100% écologique, celui qui ne pollue pas, est celui que l’on ne fabrique pas.

La made in France pour réduire son empreinte carbone
Quel que soit le mode de production, il y a forcément un impact pour notre planète. Nous utilisons les ressources, générons des déchets et nous utilisons les transports. Tout cela augmente la production de gaz à effet de serre (CO₂ eq), responsable du dérèglement climatique. Heureusement, certaines manières de produire se révèlent plus sobres, limitant ainsi leur empreinte carbone.
Le made in France est considéré comme une façon durable, éco-responsable et écologique de consommer.
Mais concrètement, en quoi peut-on dire que les produits fabriqués en France sont meilleurs pour la planète ? Permettent-ils vraiment de limiter notre impact sur le changement climatique ? Et quelles sont les pistes d’amélioration possibles pour une consommation française encore plus écologique ?

Un encadrement des substances chimiques nocives pour l’environnement et la santé humaine
Un produit fabriqué en France est soumis aux normes imposées par l’Union européenne via le règlement REACH, en vigueur depuis 2007. L’utilisation de substances chimiques dans l’industrie européenne est en effet réglementée, afin de protéger la santé humaine, mais aussi l’environnement.
Ce règlement encadre les substances naturelles ou artificielles que l’on retrouve dans la majorité des secteurs industriels : alimentation, textile, jouets, produits sanitaires, appareils électriques, emballages, cosmétiques, …
Parmi les substances soumises à restriction d’usage, citons par exemple le chrome (utilisé pour le tannage minéral), le nickel et le plomb, le mercure (thermomètre) ou encore le bisphénol A (tickets de caisse, biberons). En avril 2022, la Commission européenne a présenté une liste de plusieurs milliers de substances toxiques qui vont être interdites au sein des États membres, incluant désormais de nouveaux phtalates (le règlement européen n°1223/2009 interdit déjà l’utilisation de 8 phtalates), le formaldéhyde ou encore certains retardateurs de flamme.
Consommer un produit made in France, c’est donc en premier lieu l’assurance qu’il est exempt de substances dont l’impact environnemental et sanitaire a été prouvé et est jugé extrêmement préoccupant.
Une réduction des transports, donc de la production de gaz à effet de serre
La vidéo « Jamy retrace l’itinéraire d’un jean » nous offre une conclusion effarante : « Au moment où ce jean va arriver sur les étagères [en France], il aura consommé environ 11 000 L d’eau et parcouru 65 000 km. L’équivalent d’1 fois et demie le tour de la Terre. Et dire que cette toile a un peu été inventée à Nîmes dans le sud de la France ». Ce constat montre les dérives tant de la mondialisation que de l’industrie textile. Mais ce secteur, même s’il fait partie des plus polluants au monde, n’est bien sûr qu’un exemple parmi d’autres.
Un produit fabriqué en Chine devra parcourir au moins 8 000 km, généralement en avion ou bateau, juste pour arriver en France. Acheter un produit fini, qui a été fabriqué localement nécessitera donc toujours moins de transport. Confirmation avec la marque Tranquille Emile : « Notre sweat à capuche Le Confortable 3.0 aura parcouru 80 km de sa fabrication à son stockage laissant derrière lui l’empreinte carbone la plus faible possible. C’est plus de 100 fois moins qu’un produit fabriqué en Asie ! »
Les canaux de transports, distribution et logistique de l’Hexagone sont en effet plus courts que ceux d’autres pays étrangers. En réduisant ses émissions de gaz à effet de serre, la production française a donc un impact environnemental plus faible. La Fédération Indépendante du Made in France (FIMIF) indiquait d’ailleurs en 2016 que « l’importation d’un produit en France génère 58% plus d’émissions de CO₂ qu’un produit fabriqué en France ».

Un mode de production moins énergivore
Enfin, ce sont également les modes de production qui impactent le bilan carbone d’un produit. Selon les usines de fabrication, les dépenses énergétiques et les taux de pollution peuvent être très variables. La FIMIF rappelle que « fabriquer en Chine requiert 64% plus d’énergie que de fabriquer en France, hors transports ». Cela s’explique entre autres par notre mix-énergétique et la modernité des infrastructures.
Certains produits fabriqués en France le sont aussi de façon artisanale ou à la main. Dans ces cas, le mode de production peut avoir une empreinte carbone encore plus réduite que celle d’un produit fabriqué industriellement. À titre d’exemple, la marque Azur & Gaïa fabrique à la main dans un atelier parisien des accessoires et jouets pour chats.
Choisir de consommer made in France, c’est aussi généralement privilégier la qualité à la quantité. Pour éviter le gaspillage généré par les invendus et surstocks, de nombreuses marques ont décidé de produire moins, mais mieux : en petites quantités limitées, voire même à la demande ou en précommande. Dans ces dernier cas, ne sont ainsi fabriqués que les produits qui seront réellement consommés.
Les matières premières : déterminantes pour réduire encore l’empreinte carbone du made in France
Pour juger de l’impact écologique d’un produit made in France, il est indispensable de tenir compte des matières premières. Pour prendre des exemples extrêmes, un produit fabriqué en France à partir de matières plastiques importées d’Asie n’aura clairement pas le même bilan carbone qu’un produit français issu de matières naturelles et locales.
L’origine des matières premières
Toutes les matières premières ne peuvent pas être issues de France, mais nous avons la chance d’en produire une partie.
Côté alimentation, aussi bien d’un point de vue céréalier et maraîcher, que de l’élevage animal, nous avons une grande diversité, assurant une certaine autonomie en « mangeant local ». D’ailleurs en privilégiant les produits de saison, les denrées alimentaires produites en France ne sont pas systématiquement plus chères que leurs équivalents étrangers. Tant du point de vue écologique qu’économique, il est donc plus logique de consommer des produits locaux et de saison. D’autant plus que tous les produits alimentaires ont l’obligation d’afficher leur origine de production !
Pour les matières premières utilisées dans l’univers textile, prenons maintenant l’exemple d’un vêtement en coton. Cette matière n’est que très rarement issue d’une production française (exemple : Jean Fil) : même la production à l’échelle européenne ne représente que 1% de la production mondiale. Les coûts de transport pour importer du coton feront donc obligatoirement augmenter l’empreinte carbone d’un produit, même fabriqué en France. A l’inverse, la filière de la laine tend à se relancer dans l’Hexagone. Issue de la tonte sanitaire des moutons, elle est produite localement et peut aussi y être filée, teinte et tissée. Au final, nous obtenons des produits 100% français, comme chez Laines Paysannes.
De même, chez la marque de cosmétiques Oden, les produits sont fabriqués à partir de plantes cultivées en France et non à partir d’ingrédients importés.

Le choix des matières premières
Les matières d’origine naturelle sont plus vertueuses que les matières synthétiques. Même les matières artificielles comme le lyocell, le Modal®, le Cupro®, ou le Tencel®, réputées écologiques car façonnées à partir de pulpes végétales, subissent des traitements chimiques afin de transformer la cellulose végétale en fibre textile.
Mais attendez, ce n’est pas si simple !
Le coton est une matière naturelle (fleur de coton), pourtant sa culture reste très problématique pour l’environnement. Elle nécessite l’utilisation de pesticides et elle a besoin de beaucoup d’eau, dans des pays qui souvent en manque (Grèce, Inde, Ouzbékistan…)
Alors comment choisir ?
La bonne nouvelle est qu’en France, nous trouvons de la laine, mais surtout du lin & du chanvre. La France est le 1er producteur de lin au monde et le 1er producteur européen de chanvre. Ces plantes sont faciles à cultiver. Elles se suffisent de l’eau de pluie (hors cas de sécheresse inhabituelle) et demandent peu ou pas d’intrant chimique. Or, ces matières premières peuvent être utilisées dans de nombreux secteurs : alimentation, textile, cosmétique, maison, etc.
De plus, les filatures de lin sont de retour en France ! Désormais, nous avons 3 filatures pour fabriquer des articles en lin 100% français. Pour le chanvre, il ne semble exister qu’un seul atelier de tissage français actuellement (Tissages d’Autan). Mais cette filière est en reconstruction et les indéniables avantages de la plante pourraient bien faire évoluer rapidement les choses.
Et pour aller plus loin, la manière de produire a aussi son impact : une matière première cultivée en agriculture biologique se révèlera plus écologique que celle cultivée en agriculture conventionnelle. Pour reprendre l’exemple du coton, sa culture en agriculture biologique réduirait de 46% les gaz à effet de serre par rapport à sa version conventionnelle. Pour vous y retrouver, suivez les labels comme GOTS (textile), AB, Ecocert ou encore Demeter.
Recyclage et upcycling de plus en plus répandus
L’upcycling ou réutilisation permet de revaloriser des matériaux ou des produits qui ne sont plus utilisés pour en créer de nouveaux, sans processus de transformation chimique ou thermique. C’est une nouvelle façon de faire du neuf avec de l’ancien dans une démarche d’économie circulaire. Un exemple concret : votre canapé a été créé à partir de palettes ? C’est de l’upcycling !
Les marques qui fabriquent en France dans les secteurs de la mode, de la décoration ou même des loisirs s’intéressent à ces process plus vertueux. Elles privilégient par exemple le recyclage pour certaines fibres textiles (coton, laine, …) ou pour des matières synthétiques (packaging de produits cosmétiques par exemple). En réduisant l’utilisation de matières nouvelles, le bilan carbone d’un produit final est également limité.

Le made in France pour répondre aux enjeux climatiques actuels
En conclusion, le made in France permet de réduire une partie de l’empreinte carbone d’un produit, limitant ainsi son impact sur le changement climatique.
Mais nous l’avons vu, d’autres paramètres doivent être pris en compte et c’est bien la totalité des étapes de production et de distribution (matières premières, transformations, transports, emballages, …) qui influent sur l’empreinte environnementale du produit final. C’est ce qu’on appelle le cycle de vie d’un produit. Sans analyse précise du cycle de vie (ACV), il n’est pas possible de déterminer précisément et factuellement l’empreinte carbone dudit produit.
Pour finir, un vent d’optimisme continue de souffler sur le made in France. Les fabricants et les consommateurs sont de plus en plus nombreux à s’engager dans cette voie.

Contenu rédigé par Élodie Lapierre
Depuis plus de 15 ans, après des études en toxicologie et santé environnementale, j'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française et permettent de limiter notre impact environnemental.