Le made in France en perte de vitesse depuis 1965
L'INSEE a publié un rapport expliquant le déclin continu du made in France entre 1965 et 2019, marqué notamment par l'appauvrissement de son industrie.

Une étude publiée par l’INSEE fait état d’une constante décroissance, au cours des dernières décennies, du « made in France » défini comme le « contenu en valeur ajoutée française de la demande intérieure finale française ». Le rapport construit à partir des comptes nationaux et des données internationales de commerce montre que la part du made in France a baissé de 89% à 78% entre 1965 et 2019. Soit près de 11 points de pourcentage perdus sur tous les secteurs confondus. Un déclin provoqué par la mondialisation et accentué par l’expansion du commerce chinois depuis le début des années 2000.
En découpant par branche d’activité, on remarque que l’industrie est le secteur le plus touché avec une chute de -43 points de %, devant l’agriculture (- 20,1 points de %) et les services marchands (-12,7 points de %). Puis viennent l’énergie (- 10,8 points de %), la construction (- 4 points de %) qui semblent mieux résister à la concurrence étrangère. Les services non-marchands (- 1 point de %) font figure d’exception et ne sont pas menacés.
La désindustrialisation gagne en moyenne 0,6 point de pourcentage par an depuis 30 ans et devient un sujet alarmant. Il témoigne d’une dépendance de plus en plus forte envers les importations et la perte lente de notre souveraineté économique. L’INSEE tient à rappeler que dans l’industrie manufacturière, « la hausse de valeur ajoutée totale rapportée à la hausse de valeur ajoutée de l’établissement supplémentaire est de 2 ». Autrement dit, si une usine ou un atelier produisant 1 milliard d’euros de valeur ajoutée venait à s’installer en France plutôt qu’à l’étranger, la valeur ajoutée augmenterait en France de 2 milliards d’euros (fournisseurs, distributeurs, etc.). D’où l’enjeu de préserver son industrie manufacturière et de relocaliser la production sur notre sol.
L’énergie est la seule branche qui a su rebondir après un déclin. Notamment grâce au développement du parc nucléaire pour la production d’électricité dans les années 1980. Une activité qui s’accélérera dans les années à venir avec le déploiement prévu de nouveaux réacteurs pressurisés européens (EPR).

Nos voisins européens dans la même tendance
Même si cela peut inquiéter, le « made in France » reste tout de même dans la moyenne de ses voisins européens. Les Italiens, les Allemands et les Espagnols peuvent remarquer des baisses sensiblement proches de leur « made in ». Le produit en France a diminué dans une proportion comparable à celle de ses grands voisins européens depuis 1965 :
- France : -10,9 pts de %
- Allemagne : -12 pts de %
- Espagne : -9,8 pts de %
- Italie : -9,7 pts de %
L’INSEE souligne, malgré tout, que les pays de grande taille (dont ceux cités ci-dessus) sont logiquement plus autonomes et se satisfont plus facilement avec leur propre production. Les plus petits pays, comme l’Irlande et les Pays‑Bas, ont des taux de « made in » plus faibles (respectivement 44 % et 63 % de part de « made in ») car ils sont mieux intégrés au commerce international.

La Chine et les États-Unis confirment leur suprématie
Entre 2000 et 2019, la part de la Chine dans les contenus importés de la demande finale française, le « made in China » (ou « made in PRC« ), a augmenté de 5 points pour atteindre 7,3 % en 2019, soit plus que la part de l’Italie (6,7 %) et de l’Espagne (6,4 %) du contenu importé des produits consommés en France. Dès le début des années 2010, on observe la France importe plus facilement depuis l’ex-empire du Milieu que depuis ses pays frontaliers latins. Une performance marquée particulièrement par les produits informatiques qui proviennent quasi exclusivement de Chine et des biens du champ manufacturier (articles d’habillement, équipements électriques, meubles, etc.)
L’Allemagne (12 %) et les États-Unis (11,8 %) sont respectivement les deux pays dont le contenu importé des produits consommés en France provient. Des positions qui pourraient prochainement s’inverser lors du prochain rapport compte tenu de l’évolution des courbes.


Contenu rédigé par Emmanuel Montecer
Passionné par le numérique depuis mon adolescence, j’en fais aujourd’hui mon métier. Je suis le co-fondateur de Marques de France, le guide en ligne dédié au made in France.