Ces marques qui produisent en France et à l’étranger
Il n'est pas rare pour une marque revendiquant le "made in France" d'avoir des sites de production en France mais aussi à l'étranger. Éclairage sur la situation.
Table des matières
Acheter du made in France qui n'en est pas
Entre les marques ayant une production exclusivement made in France, celles fabricant en France et à l’étranger et enfin celles usant et abusant du « franco-lavage », il est difficile de s’y retrouver.
D’ailleurs avez-vous déjà éprouvé le sentiment d’avoir été arnaqué.e après l’achat d’un produit que vous pensiez made in France et qui, en réalité, ne l’était pas ?
En créant notre site, marques-de-france.fr, nous souhaitions justement simplifier la lecture et apporter de la transparence. Toutefois cette tâche n’est pas si aisée, en particulier lorsque les marques ne réalisent pas 100% de leur production dans l’hexagone. Bien que nous nous attachons à être le plus précis possible, à la fois dans la description de la marque que sur les articles qui sont fabriqués en France et ceux qui ne le sont pas, la tentation de généraliser n’est jamais loin.
Par exemple, j’ai eu la désagréable surprise d’apprendre qu’un de mes collègues, qui était passé par notre site, avait acheté une yaourtière Moulinex. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu’elle arriva dans un carton estampillé « made in China ». La marque Moulinex, appartenant au groupe Seb, propose un produit fabriqué en France : le robot cuiseur Companion. Mais la yaourtière made in France est fabriquée par la marque Seb. Mon malaise était grand, j’avais le sentiment de l’avoir induit en erreur.
Même si les fiches des marques Seb et Moulinex mentionnent cette différence, je me suis rendue compte que nos fiches n’étaient pas encore suffisamment limpides pour éviter ce type d’erreur. Continuellement, nous réfléchissons à améliorer notre communication, afin de vous transmettre une information claire et précise.
Made in China
Une yaourtière Moulinex fabriquée en Chine.
Made in France
Une yaourtière Seb fabriquée en France, à Lourdes.
Reconnaître le made in France
Nous vous avons déjà partagé quelques conseils, avec l’article « Comment reconnaître un produit made in France ? » dont les principaux sont :
1. Le prix
Un produit fabriqué en France n’est jamais dans les premiers prix. On est dans la catégorie de la moyenne gamme à haute gamme. Mais parfois la différence de prix est ténue. Avec mon exemple de la yaourtière, la made in China de Moulinex est annoncée, sur les sites officiels de chaque marque, à 54,99€ contre 109,99€ pour la Seb fabriquée en France. Soit pratiquement le double, sauf que sur des sites revendeurs comme Darty ou Boulanger, la Seb est vendue au même prix de 81,99€. D’un coup la différence est moins importante et peut porter à confusion.
2. Le code barre
Défini par le code des douanes, les 3 premiers chiffres indiquent la provenance du produit. Si ces trois premiers chiffres sont compris entre 300 et 379, alors le produit est fabriqué en France.
3. Les labels et logos
Le label Origine France Garantie, créé par l’association de professionnels Pro France, et le label Entreprise du Patrimoine Vivant, récompense, pour le premier, des produits made in France et, pour le second, des entreprises françaises détenant un savoir-faire artisanal ou industriel exceptionnel.
Fabriquer en France et à l'étranger
Comme je vous l’indiquais, il peut être compliqué de s’y retrouver, surtout lorsque la marque possède de multiples sites de production aussi bien en France qu’à l’étranger.
Pour simplifier les critères de référencement, nous aurions pu les exclure, privilégier les marques qui produisent exclusivement en France. Mais nous trouvions la démarche injuste.
Produire en France est un véritable challenge. Alors qu’il serait plus simple de s’exporter aux portes de l’Union Européenne où les normes et le droit du travail sont moins stricts. Cependant, maintenir une production hexagonale permet de perpétuer la transmission des savoir-faire, afin d’éviter qu’une activité ne disparaisse, et participe également à l’économie locale, en créant des emplois. À travers notre démarche, nous souhaitions encourager toutes les marques qui ont délibérément choisi de produire en France, même s’il ne s’agit que d’un seul produit.
Si les marques optent pour cette production multi-pays, c’est pour assurer leur viabilité économique. La production asiatique et même européenne, permet d’augmenter les marges pour amortir les coûts de fonctionnement et générer des bénéfices nets pour investir dans de nouveaux process industriels, la R&D, etc.
Les marques françaises qui ont une ligne de production dans l’Hexagone, sont généralement sensibles aux démarches écoresponsables et aux conditions de travail des ouvriers. Ainsi nombre d’entre elles ont choisi un ou des pays de l’Union Européenne pour le reste de leur production. L’avantage majeur d’une production européenne est le respect des mêmes normes sanitaires et environnementales qu’en France. De plus, une production européenne participe également à réduire l’impact environnemental du transport. Ainsi l’attrait pour le Portugal, l’Espagne ou l’Italie dans la fabrication de chaussures et la maroquinerie ne se dément pas. Quant aux pays de l’Est, ils sont davantage tournés vers une production textile.
Vendre à un prix juste
Tel est le défi de chaque marque : proposer un prix suffisamment élevé, par rapport aux coûts de production pour pérenniser l’activité, tout en étant acceptable pour le consommateur et reflétant le positionnement de la marque (prix d’acceptabilité). Pour approfondir le sujet sur le prix juste et le prix d’acceptabilité, je vous propose l’article : Quel est le prix juste d’un vêtement ? Quel est le coût du made in France ?
Personnellement, quand j’ai vu que des baskets de marques Nike, Adidas et même Veja étaient au même prix que le made in France, cela m’a convaincu de passer à l’achat. Je préfère que les 109€ de mes Ector servent à l’économie locale, plutôt que de payer la campagne publicitaire de Nike ou Adidas avec un guest rémunéré quelques dizaines de millions d’euros.
Mais revenons au nerf de la guerre, la différence entre le prix de vente (prix auquel le consommateur achète le produit) et le prix de revient (les coûts pour fabriquer le produit). Cette différence de prix doit assurer la viabilité économique de la marque pour rémunérer les salariés, payer les frais de structure et de fonctionnement, permettre également d’investir, etc.
Après avoir remué les internets pour trouver une réponse (pour le secteur textile), en moyenne le prix de vente (hors taxe) représente entre 2 et 4 fois le prix de revient. Autrement dit, pour un produit dont le coût de revient pour l’entreprise est de 20€ sera vendu entre 40 et 80€ HT, soit pour le client entre 48€ et 96€ TTC.
Bien entendu ces chiffres dépendent du secteur d’activité, de la stratégie de la marque et du volume de production. En effet la quantité produite et la mécanisation de l’activité vont permettre d’abaisser le coût de revient, en comparaison à une fabrication 100% manuelle.
De plus les marques qui font le choix d’être très compétitive, ont généralement un budget marketing serré : pas de packaging léché, ni campagne publicitaire et encore moins une égérie connue. Parmi les marques qui adoptent ce positionnement, vous trouverez une production mécanisée et un même prix toute l’année, pas de solde, ni vente-privée.
Il ne faut pas, pour autant, fustiger les marques qui quadruplent le prix de revient sous prétexte que certaines arrivent « à vivre » en simplement le doublant. Tirer les prix toujours à la baisse, ne permet pas à l’entreprise d’investir, de se faire connaître, d’innover, etc. Et même si certaines marques arrivent à bâtir une notoriété uniquement sur le bouche à oreille dites vous bien que c’est l’exception. D’autant plus qu’une marque qui vend son produit via un distributeur, voit sa marge de l’ordre de 30% en moyenne être divisée par 3.
Si cette marge vous surprend, ne devriez-vous pas plutôt vous demandez ce que cache un prix dérisoire, comme un t-shirt à moins de 5€. C’est le mini-reportage, proposé ci-dessous, qu’à réaliser Le Tatou en partenariat avec le collectif Ethique sur l’Etiquette membre du réseau européen Clean Clothes Campaign.
Jouer le jeu de la transparence vs le franco-lavage
Bien qu’on comprenne la nécessité pour certaines de marques de produire à l’étranger, personnellement je trouve qu’il est fort dommageable qu’elles ne soient pas transparentes sur le sujet. Enfin sur certains e-shop, la fiche technique ou la description du produit ne permettent pas de connaître l’origine de fabrication. Ces marques entretiennent ce flou, afin de laisser penser que toute leur production est française.
D’ailleurs cette pratique a un nom le « franco-lavage », à l’instar du greenwashing (pour les produits supposés bio alors qu’ils ne le sont pas).
Comme réglementairement il n’est pas obligatoire d’indiquer l’origine de fabrication d’un produit non comestible, sur les étiquettes fleurissent des mentions trompeuses comme : « Maison française de qualité depuis 1893 » ; « Création française » ; « Designed in France », ainsi que l’emploi excessif des couleurs : bleu-blanc-rouge.
Parmi les 350 marques que j’ai référencé, j’ai observé une minorité de cas où les informations étaient absentes. Ce sont d’ailleurs les grandes marques qui ont du mal à jouer la transparence.
Le plus généralement, celles qui ont un positionnement clair proposent, soit un onglet dédié aux produits made in France, soit précise ouvertement l’origine de fabrication dans la fiche technique.
Ci-après, un classement des marques référencées, d’après la précision de leurs informations disponibles sur leur e-shop.
Les bons élèves
Dans cette catégorie, les marques ne mentionnent l’origine de fabrication que pour les produits fabriqués en France.
Peuvent mieux faire
Contenu rédigé par Élodie Lapierre
Depuis plus de 10 ans, je suis chargée d’études en santé environnementale. J'ai toujours à coeur d’informer et sensibiliser les individus, afin qu’ils soient des consommateurs avertis et aguerris.Le site Marques de France est géré en toute indépendance et n’appartient à aucune entreprise privée. Toutes les recherches effectuées et tous les contenus rédigés répondent à un unique objectif : promouvoir les marques qui contribuent à l'économie française.