Après les critiques, un fabricant de mascottes des JO 2024 va augmenter sa production en France
Bonne nouvelle ! Après la petite polémique sur les mascottes en peluche de Paris 2024, l’un des fabricants a décidé d’augmenter la production de son usine bretonne.

Une polémique et un constat pragmatique
Lorsque le public avait découvert mi-novembre que seulement 15% des mascottes des JO Paris 2024 seraient fabriquées en France, la polémique ne cessait d’enfler.
Il y a d’abord eu un constat pragmatique : en France, nous n’avons plus le tissu industriel suffisant pour fabriquer les 2,2 millions de peluches attendues par le comité olympique d’ici à 2024. Pendant un moment, il a même été proposé de mobiliser le groupement « Savoir Faire Ensemble ». Ce groupement avait déjà permis de rassembler de très nombreux ateliers de confection textile, qui étaient à l’arrêt pendant la crise de la covid-19.
Sa mobilisation avait permis de fabriquer, en masse, des masques alors qu’on était en pleine pénurie. Seulement fabriquer un masque n’est pas la même chose que confectionner une peluche. Aussi bien d’un point de vue technique que de normes, les deux sont très différents… Et surtout les ateliers de confection textiles ont réouvert et leurs carnets de commandes sont déjà complets.
Ensuite, il y a eu l’émotion et la reprise politique. Une occasion de fabriquer en France qui nous échappe (encore), alors que le gouvernement souhaite à travers son plan France Relance re-densifier le maillage industriel.

Les fabricants français n'ont pas tardé à réagir
L’entreprise Doudou et Compagnie, co-titulaire du marché auprès de l’autre entreprise française Gipsy*, a décidé dans ce tourbillon médiatique d’augmenter sa capacité de production.
Alain Joly, PDG de Doudou et Compagnie, a affirmé vouloir produire 50% des Phryges (le nom des mascottes) dans son atelier français. Soit 600.000 peluches contre les 200.000 précédemment annoncées !
Concrètement cela se traduit par l’embauche et la formation de 45 couturières supplémentaires d’ici fin 2023, alors qu’elles ne sont actuellement que 15. La production devra passer de 700 peluches fabriquées par jour à 1500, sans oublier les autres modèles de la marque made in France Maïlou Tradition.
Quadrupler les effectifs, tout en tenant compte d’un temps d’apprentissage et de formation pour les nouvelles arrivées est un véritable défi pour cette entreprise dont l’atelier de fabrication est situé en Bretagne. Même si l’entreprise est en croissance et a déjà investi pour l’extension de son usine bretonne, à la fin des JO de Paris 2024, ce sont 45 postes qu’il faudra péreniser.

Qui dit fabrication française, dit prix de vente plus élevé
Même s’il a été demandé aux distributeurs de revoir leurs marges à la baisse, le prix public de la mascotte Phryge made in France sera forcément plus élevé que son équivalente chinoise. Selon les tailles, la mascotte des JO 2024 fabriquée en France est annoncée à 39,90€ contre 26,90€ pour sa version asiatique.
La question est : “est-ce que les supporters français vont jouer le jeu et accepter de payer 10€ supplémentaires pour soutenir cette initiative ?”, d’autant plus dans un contexte d’inflation. C’est une observation récurrente, cette distorsion entre la volonté d’avoir de plus en plus de produits fabriqués en France et l’achat toujours aussi massif de produits importés, sous couvert qu’ils sont moins chers. Les sujets liés au “prix juste”, au “consommez moins, consommez mieux” et à la responsabilité individuelle ont encore de beaux jours devant eux.
Origine France Garantie appelle à la mobilisation
Entre temps, l’association PRO France détenteur de la certification Origine France Garantie a d’ailleurs lancé un appel sur les réseaux sociaux, le 29 novembre, avec pour objectif de ne pas produire autant de peluches. En effet, d’après l’association les 2 millions de peluches annoncées aboutirait inévitablement à un gâchis lorsqu’on regarde les ventes des mascottes les précédentes éditions. PRO France annonce 1 million de mascottes vendues pour les JO de Londres en 2012 et un peu plus d’1 million encore pour les JO de Rio 2016 (les derniers JO de Tokyo ont été exclus compte tenu des circonstances particulières liées à la Covid 19).
*L’entreprise française Gipsy n’a aucun atelier de fabrication en France. Toute la phase de production est réalisée en Chine.

Contenu rédigé par Emmanuel Montecer
Passionné par le numérique depuis mon adolescence, j’en fais aujourd’hui mon métier. Je suis le co-fondateur de Marques de France, le guide en ligne dédié au made in France.