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« La France est le pays européen qui attire le plus d’investissements étrangers »

Olivia Grégoire, Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, s'est exprimée sur le made in France pour votre magazine. Elle dresse un premier bilan chiffré de relocalisation et "estime que la reconquête made in France est en bonne voie".

Olivia Gregoire, Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme
Crédit photo : Alexandra Lebon
Par Baptiste Chuzeville. Publié le 8 juin 2023. Dernières modifications le 30 décembre 2023. Publier un commentaire.

Connaissez-vous les chiffres et la proportion du nombre de petites et moyennes entreprises qui fabriquent aujourd’hui des produits made in France ?

« Si on limite le made in France à la production réalisée sur le territoire, alors je pourrais vous donner le nombre de PME industrielles. Mais le made in France ce n’est pas que cela. Vous avez aussi des produits qui sont, en partie, fabriqués à l’étranger et le reste ici en France ou encore des matériaux qui peuvent être importés pour pouvoir fabriquer sur le sol français. Une chose est certaine : plus vous êtes une petite entreprise plus vous produisez localement. Et cela s’inscrit dans un contexte global de montée en puissance du localisme dans la production.

D’abord, parce que notre Gouvernement à tout fait pour favoriser le retour de la production et des emplois industriels en France. Et les résultats sont là : 1,7 million d’emplois créés depuis 2017, 300 usines créées et 158 relocalisations, et en levant de nombreux freins en baissant par exemple l’impôt sur les sociétés et les impôts de production. Et cela répond à une demande de plus en plus forte exprimée par les Français, principalement pour des raisons écologiques, d’avoir des produits locaux issus de circuit court. »

Quelles seraient les améliorations que l’État pourrait apporter au sujet du manque de main-d'œuvre et des délais trop long ?

« L’Etat mais aussi les collectivités locales et l’ensemble des pouvoirs publics ont un devoir d’exemplarité : on ne peut pas prôner la qualité de notre savoir-faire Made In France tout en faisant fabriquer nos produits à l’étranger, plus particulièrement en dehors de l’Europe. On l’a vu avec les mascottes pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 : aujourd’hui, nous n’avons pas la capacité de fabriquer massivement en France. Regardons la réalité en face. Il faut déjà le reconnaitre, mais ce problème ne date pas d’hier. Ça faisait des années que notre pays connaissait une désindustrialisation massive, et aujourd’hui nous avons inversé la tendance. Rien qu’en 2022, nous avons ouverts 150 sites industriels contre 70 fermetures.

Mais comme Rome ne s’est pas faite en un jour, cette reconquête de la production Made in France prend du temps même si nous sommes aujourd’hui sur la bonne voie grâce à tout ce qui a été entrepris depuis 6 ans pour booster la compétitivité de nos entreprises, encourager les investissements étrangers et réformer l’apprentissage pour en faire une filière d’excellence.  La valorisation de l’apprentissage est une brique majeure de notre objectif de plein emploi et la réforme des lycées professionnels y contribuera.

De façon plus générale, il est vrai que les recrutements dans le secteur de la mode font face à la double problématique des départs à la retraite à venir et des hausses de commande actuelles, tout en restant encore confrontés à un problème d’attractivité pour des métiers techniques. On sait tous que notre pays, dans plusieurs secteurs, connait des difficultés de recrutement.

Pour répondre aux tensions de recrutement et améliorer la formation de la filière, plusieurs actions ont déjà été mises en place dans le cadre du comité stratégique de filière Mode et Luxe et qui vont se poursuivre pour une nouvelle période 2023-2027 : je pense en particulier à la nouvelle dynamique donnée à l’Institut Français de la Mode pour devenir une grande école de mode de rang mondial ou à la campagne de communication « Savoir pour faire » destinée à valoriser les métiers techniques de la mode. »

Existe-t-il un programme pour aider les nouvelles entreprises à se lancer dans le made in France ?

« Il faut qu’il y ait de la production sur le sol national, pas un simple assemblage ou un bureau de design. Il faut fabriquer, construire et donc avoir ce que les douanes appellent une modification substantielle d’un produit fini. On peut se lancer dans le made in France en créant quelque chose de toute pièce, en localisant ou relocalisant une partie de sa production qu’on avait déplacé à l’étranger.

Pour cela, nous avons mis en place un certain nombre de dispositifs, d’abord dans France Relance, avec 782 projets de localisation ou de relocalisation d’activités de production soutenus comme par exemple la production de 50% des bottes pour enfants de l’entreprise Aigle. Cela représente 5,4Md€ d’investissements productifs et 1,6Md€ d’aides de l’État. Ces projets vont permettre de créer ou de conforter près de 100 000 emplois.

Ensuite, avec France 2030, qui permet aussi de soutenir la localisation de projets stratégiques et d’encourager le développement de start-up industrielles avec notamment le lancement de l’AAP « Première Usine » qui représente 88M€ d’aides d’Etat pour des projets dans nos territoires, dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la chimie ou encore de la robotique. Jamais un Gouvernement n’aura autant soutenu la réindustrialisation de la France !

J’en termine : le président vient de présenter au côté de Bruno Le Maire et Roland Lescure les contours du projet de loi Industrie verte. Nous réindustrialisons notre pays et nous allons poursuivre cette politique, avec la même constance, en continuant de baisser les impôts de production par exemple, en accompagnant nos plus petites entreprises, en réinvestissant dans des secteurs stratégiques qui doivent nous assurer une souveraineté en la matière et surtout en aidant à la décarbonation de notre industrie. »

30 mois après le lancement, quel est le bilan du plan "France Relance" ?

« Le plan France Relance, c’est 35 milliards d’euros bénéficient directement à notre industrie et qui ont permis d’accompagner 11 171 entreprises industrielles, dont 82% de TPE et PME, pour réaliser 16,1 milliards d’euros d’investissements productifs.

Nous avons un cap donné par le président de la République qui est d’accélérer notre reconquête économique et industrielle, pour assurer notre souveraineté, par la modernisation de notre industrie et surtout sa décarbonation, par la relocalisation de secteurs stratégiques comme la santé, l’agroalimentaire, les métaux, la chimie, et l’électronique. Cette politique en faveur du développement de nos entreprises nous continuons de la porter, avec dans un premier temps la baisse des impôts de production et à plus  long terme avec le plan «Industrie verte » présenté par le président.

En parallèle, le plan France 2030 ouvre un nouveau chapitre de la politique pour notre souveraineté économique afin de construire la France de la prochaine décennie avec pour but de mieux comprendre, mieux vivre, mieux produire. »

Que pourriez-vous conseiller aux investisseurs pour se lancer dans des projets made in France ?

« Depuis 4 ans, la France est le pays européen qui attire le plus d’investissements étrangers. En 2022, il y a eu 1725 projets d’investissements étrangers créateurs d’emplois, soit plus 7% par rapport à 2021. Ces investissements ont permis de créer ou maintenir près de 59 000 emplois. Il y a une concurrence étrangère qui est rude mais la France n’est pas en reste et puis surtout l’Etat met les moyens pour développer cette production locale et accroitre son indépendance stratégique dans de nombreux secteurs, notamment grâce aux plans France relance et France 2030.

La filière fait également preuve d’un grand sens du collectif, comme le démontre sa structuration au sein d’un comité stratégique de filière, avec différents dispositifs de soutien mis en place pour aider à la fabrication locale, les jeunes créateurs et la mode durable.

Je voudrais prendre l’exemple du secteur de la mode : notre territoire a réussi à maintenir une industrie du textile et du cuir qui connaît dernièrement une augmentation de la demande. Celle-ci est en partie portée, il est vrai, par le luxe et les entreprises du patrimoine vivant, mais nous avons aussi de belles réussites comme par exemple Kiabi qui est très engagé sur les questions de sourcing. »

Si on devait comparer avec les voisins européens, où est situé le made in France ?

« Nous ne sommes pas ni retard ni en avance. Nous connaissons en effet un déficit commercial qui fait que de nombreux produits consommés sont issus d’importations mais nos savoir-faire sont très attractifs et s’exportent massivement. Protégés par nos indications et appellation géographiques, nous sommes considérés à la pointe sur nombre de secteurs et produits qui font notre renommée. Combien de fois j’ai pu voir dans la presse, de jeunes artisans aux métiers méconnus dont ils sont parfois les derniers garants en France et dans le monde. 281 métiers d’art en France, je pense que nous sommes l’un des seuls pays à pouvoir compter sur un panel de métiers aussi large et divers, dans la production et le travail font fonctionner l’économie locale. Le meilleur accélérateur du Made in France ce sont nos artisans et notamment nos artisans d’art. Le secteur des métiers d’art c’est un chiffre d’affaires cumulé de 19 Mds€ en 2019, dont 8 Mds€ réalisés à l’export.

Quand je vois l’engouement qu’a provoqué l’appel à candidatures pour la Grande Exposition du Fabriqué en France à l’Elysée, 2452 candidatures en 6 semaines, je me dis que nous ne sommes pas en retard. On peut faire mieux, et on va continuer de le faire.

Et je viens de lancer, aux côtés de Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture, un plan ambitieux de soutien à nos 281 métiers d’art afin que ces métiers encore trop méconnus qui constituent pourtant un potentiel économique et de création d’emplois puissants, puissent se connaître, se faire connaître et se reconnaître. »

Quels sont vos objectifs et ceux de l’Etat à propos du fabriqué en France ?

« Accélérer. Le président de la République a été très clair là-dessus et je vais me permettre de le paraphraser : « Réindustrialiser, c’est créer du pouvoir d’achat, financer notre modèle social, construire un avenir pour nos enfants. »

Il a tout dit. Si on regarde un peu dans le rétroviseur, on se rend compte que la crise sanitaire a été révélatrice de dépendances insupportables pour notre économie et plus important encore notre vie quotidienne. Venir à manquer de choses aussi banales que des masques, de paracétamol ou de moutarde n’est pas acceptable au 21e siècle pour un pays comme le nôtre et nos concitoyens. On en a bien conscience.

C’est pour cela que nous souhaitons renforcer les chaînes de valeurs et d’approvisionnement pour permettre à la France et à l’Europe de tenir son indépendance stratégique. Je précise bien l’Europe car nous ne pouvons, et ne devons pas tout faire chez nous. Utilisons les spécificités de chacun et ses avantages pour créer des champions européens. La tâche est ardue et immense, partageons nous le travail et la responsabilité de sa réussite pour une France forte dans une Europe plus indépendante.

Enfin, je pense indispensable de sécuriser le consommateur dans ses achats. Il existe encore trop de « french washing ». Beaucoup d’entreprises se prévalent d’être des entreprises françaises, dont le produit est designé en France, assemblé en France, emballé en France etc. Ces allégations, certes vraies, peuvent tromper le consommateur avec des drapeaux français partout, laissant croire à un réel impact sur notre industrie. Il n’en est rien. Il faut donc mieux encadrer ces pratiques, comme il faut mieux encadrer ce qu’indiquent certains labels. Leur nombre montre que l’écosystème du fabriqué en France est dynamique mais il doit créer de la confiance chez les consommateurs avant d’en booster les ventes. J’ai demandé à la DGCCRF d’être particulièrement vigilante. »

Quels sont aujourd’hui les secteurs qui se portent le mieux lorsqu'on parle de made in France ?

« Beaucoup de secteurs se portent bien. Il y a évidemment le luxe, qui est une des vitrines de la France. En 2022, le secteur du luxe a vu ses bénéfices augmenter de 23% sur an, soit 4,5 milliards d’euros supplémentaires. Nous sommes dans une période de mutation économique, parce que les envies des consommateurs évoluent mais aussi parce que les modèles de nos secteurs doivent s’adapter aux grands changements de notre siècle, à commencer par la transition écologique. Le secteur de l’habillement en est l’un des meilleurs exemples. Il connait aujourd’hui de profond changement, que ce soit dans les décisions d’achat des consommateurs, que dans l’évolution de ses modèles économiques. Est-ce qu’il y a des difficultés chez certaines enseignes ? Oui. Est-ce que pour autant l’ensemble du secteur est mal en point ? Non. Il y a de nombreuses enseignes qui fonctionnent très bien et même mieux encore. »

Avez-vous l’intention de faire quelque chose pour réduire les fermetures des boutiques qui fabrique français ?

« Nous assistons ces derniers temps à la fermeture d’enseignes de mode, dont quelques-unes peuvent avoir des ateliers en France. Il faut saluer à ce titre le travail des agents de l’Etat, en région, qui interviennent auprès de nos entreprises en difficulté pour trouver les leviers et dispositifs de soutien adaptés.

Cette conjoncture difficile ne doit pas pour autant occulter le dynamisme de cette filière qui bénéficie de nombreux atouts. Depuis 6 ans, nous avons porté une politique en faveur de la production en France et surtout de la baisse des couts pour les entreprises, que ce soit par la baisse des impôts de production, que nous allons poursuivre, ou la baisse des charges pour les salariés. »

A titre personnel, est-ce que vous consommez made in France ?

« J’aime consommer localement si c’est votre question, même si je ne le fais pas exclusivement, comme tout le monde je pense. On a de nombreux petits artisans, commerçants qui font un travail remarquable, que ce soit dans les métiers de bouche, la nourriture, l’habillement, les jouets pour ma fille, ou même dans le bâtiment. En tant que ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, c’est mon devoir de les accompagner et de mettre en valeur ces beaux métiers qui font rayonner notre pays. Et c’est ce que je fais en tant que citoyenne en préférant me tourner vers des artisans de proximité. »


Marques de France - Avatar - Baptiste Chuzeville

Contenu rédigé par Baptiste Chuzeville

Fraichement diplômé d’un bachelor Journalisme au sein de l’ISCPA de Lyon, qu’il avait terminé par un stage de 5 mois au sein de notre rédaction, Baptiste s’est dirigé vers un master à l’ISFJ Lyon. Aujourd’hui alternant, il alimente la page magazine du site.

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