Le velours : qu'est-ce que c'est ?
Le velours, tout savoir sur ce mode de tissage ancien, qui regagne en popularité.
Table des matières
Le velours : définition
Contrairement à ce que l’on peut croire, le velours n’est pas une matière. Il s’agit d’un mode de fabrication de tissu, c’est-à-dire un tissage. Le terme viendrait du latin « villosus », signifiant « couvert de poils » ou « velu ».
L’origine du velours est ancienne, puisqu’elle remonterait à l’Egypte antique, pour l’ornement des vêtements des pharaons. Mais certaines sources affirment que l’invention de ce « duvet de cygne » reviendrait à la région du Cachemire, entre l’Inde, le Pakistan et la Chine, voire même à la Perse. Ce ne serait qu’au XIVème siècle qu’il se serait répandu en Europe, en commençant par les grandes villes d’Italie. Les étoffes de velours faisaient alors partie des plus luxueuses et raffinées, permettant d’afficher son rang social, son pouvoir et sa richesse. Il faudra atteindre le XIXème siècle pour que le velours se démocratise, avant d’atteindre son apogée dans les années 60 et 70.
Le velours peut être fabriqué à partir de différentes fibres : naturelles (coton, soie, lin, laine…), artificielles (viscose) ou bien synthétiques (polyester, nylon…).
Ce type de tissage se repère facilement grâce à ses deux faces différentes :
- un verso lisse et mat ;
- un recto à poils serrés et coupés court.
Le velours est souvent caractérisé par son toucher doux et moelleux, par sa brillance, ainsi que par son tombé lourd.
Les différents types de velours
Il existe différents types de velours. Ses caractéristiques et son aspect varient en fonction de plusieurs critères.
Le mode de tissage
Le mode de fabrication du velours, incluant sa densité et sa longueur de poils, permet d’obtenir différentes étoffes. On distingue ainsi les « velours chaînes » des « velours trames », selon le type d’armures utilisé : il s’agit de la méthode d’entrecroisement des fils au moment du tissage.
Le velours côtelé est le plus répandu, avec son motif spécifique en relief, constitué de stries. Sa couleur varie en fonction de la luminosité. Il s’agit d’un tissu chaud, résistant et lourd, mais qui reste souple.
Il existe d’autres types de velours, comme :
- le velours frisé (qui forme des boucles) ;
- le velours ras (les poils sont coupés très court, créant une surface bien lisse) ;
- le velours ciselé (qui laisse apparaître un motif en relief) ;
- le velours peluche (qui a l’apparence d’une fausse fourrure) ;
- le velours milleraie (particulièrement fin) ;
- le velours minky (qui est tricoté et non tissé, ce qui le rend plus élastique) ;
- le velours frappé (qui subit des pressions pour aplatir les poils),
- le velours gaufré (certaines parties sont écrasées pour créer des nuances de couleurs et de brillance) ;
- etc.
Les fibres utilisées
La matière première utilisée pour la conception change également les propriétés physiques du velours. Ce sont les velours de coton ou les velours synthétiques qui sont les plus répandus.
Pour sa part, le velours de soie est le plus luxueux et le plus cher. Il se démarque par sa brillance et sa finesse.
Les velours synthétiques, contenant notamment de l’élasthanne, sont dédiés aux vêtements qui doivent être extensibles.
De son côté, le velours de laine est prisé pour son épaisseur et sa chaleur.
Où est produit le velours ?
Commençons tout d’abord par une petite remontée dans le temps pour mieux comprendre l’évolution des lieux de production. En Europe, au XIVème siècle, les tisseurs italiens étaient les premiers exportateurs de velours dans tout le continent. Gênes, Venise, Milan ou encore Florence étaient les principales villes recensées comme hauts-lieux de tissage. À l’époque, la fabrication est coûteuse et peu d’artisans maîtrisent la technique de conception.
Sous le règne de Louis XIV, au XVIIème siècle, la France se lança aussi plus intensément dans la production : Lyon devint ainsi la référence dans notre pays, suivie de Paris, Tours et Montpellier, autres villes emblématiques du velours. La manufacture de Cosserat à Amiens, l’un des berceaux de l’industrie textile, fut aussi un important lieu de fabrication du velours au XVIIIème siècle, et le resta pendant près de 200 ans.
Les ouvriers fabriquant le velours sont appelés les « veloutiers ».
De nos jours, la plupart des textiles sont tissés et confectionnés dans les pays asiatiques. Mais quelques entreprises européennes ont toutefois conservé ce savoir-faire, à l’instar de Velcorex (Matières Françaises) et Velours de Lyon pour la France, et Raymakers aux Pays-Bas.
(sources : Le Temps, Rochefort en histoire, La Croix, France 3 régions)
Quelles sont les étapes de fabrication du velours ?
1. Le filage
Comme pour toutes les confections textiles, la fabrication commence par le filage de la matière première, permettant d’obtenir les fils.
2. Le tissage
Nous l’avons vu, le velours change selon le mode de tissage effectué au moment de sa conception. De nos jours, les métiers à tisser automatiques ont remplacé les machines artisanales et manuelles de l’époque. Pour faire simple, la technique la plus utilisée dans l’industrie actuellement consiste à assembler deux épaisseurs de tissus l’une au-dessus de l’autre. La chaine de pièce sert à confectionner la croisure de fond, c’est-à-dire la structure principale. Une chaine supplémentaire, dite « chaine spéciale » ou « chaine poil », permet de créer la surface texturée. Les boucles constituées lors de l’assemblage des deux couches sont coupées au couteau ou au rasoir. Les deux épaisseurs sont ensuite séparées, ce qui permet aux fils dépassant à la verticale de créer cette fameuse texture typique du velours. L’orientation des poils déterminera la façon dont l’étoffe prendra la lumière (les poils vers le haut réfléchissent moins la lumière que les poils vers le bas)
3. Les finitions
Après le tissage, le velours subira différents traitements, afin d’obtenir la texture et l’aspect souhaités : collage ou cirage pour fixer le poil, vaporisation (teinture), brossage ou encore tonte.
Les différentes utilisations du velours
De nombreux vêtements en velours
L’industrie textile est le principal débouché du velours.
Nous l’avons vu, le velours a tout d’abord été l’apanage des classes sociales les plus aisées, des nobles de la Renaissance aux familles royales. Il était aussi porté par les religieux. Il est ensuite devenu plus populaire, atteignant son apogée à la fin des Trente Glorieuses en France. Le velours est, entre autres, devenu une pièce iconique du style hippie, décliné en de nouvelles couleurs et formes. Les ouvriers portent aussi des pantalons de velours en laine, les « largeots », appréciés pour leur chaleur et leur solidité.
Si le velours a perdu en popularité dans les décennies qui ont suivi, associé à une image vieillotte et terne, il regagne depuis quelques années ses lettres de noblesse. Il se réinvite ainsi dans les dressings comme dans les intérieurs. Le fameux velours rouge royal a aujourd’hui laissé place à une grande variété de coloris (vert, bleu, noir, beige, jaune, gris…), imprimés et motifs.
Nous retrouvons ainsi du velours dans la confection de nombreuses pièces de prêt-à-porter pour femmes, hommes et enfants : pantalons (le velours étant une bonne alternative au denim), robes, jupes, chemises, vestes, manteaux, blousons, salopettes, shorts, jogging, combinaisons, pyjamas, peignoirs, robes de chambre, sous-vêtements, etc.
Le velours de soie est aussi utilisé pour les vêtements haut-de-gamme et de haute couture, comme les robes de soirée ou les costumes.
Associé à des fibres d’élasthanne lui apportant de la flexibilité, il peut aussi servir pour la confection de vêtements de sports, comme les leggings et justaucorps de gymnastique, mais aussi les textiles dédiés à la danse, au patinage artistique ou encore au yoga.
Du côté des accessoires, citons les bananes, chouchous, bandeaux, casquettes, bérets, gants ou même bijoux en velours.
Certaines chaussures sont aussi fabriquées en velours, notamment parce que son aspect peut rappeler la suédine, ce simili-cuir ressemblant à de la peau de daim. La maroquinerie profite aussi des qualités du velours, par exemple pour les sacs-à-mains, sacoche banane, coffrets ou portefeuilles.
Les autres utilisations du velours
Le velours se retrouve aussi dans nos intérieurs : le linge de maison, l’ameublement ou encore la décoration exploitent ses nombreux atouts.
Il s’adapte à différents styles, du plus vintage au plus sophistiqué, en passant par un style bohème ou encore cocooning. Nous le retrouvons ainsi pour la confection de canapés, plaids, coussins, chaises, tabourets, fauteuils, teintures, luminaires, tapisseries, housses, rideaux, etc.
Le velours donne aussi cet aspect si particulier aux peluches.
Enfin, notons qu’il est également très présent dans l’art religieux, par le biais de cadres, bourses à quêter, agenouilloirs ou bibelots divers.
Quels sont les avantages du velours ?
Une grande polyvalence
Le velours a l’avantage de se décliner presque à l’infini, en fonction de son mode de confection, des fibres choisies (seules ou en mélange) et des traitements appliqués. Cette grande variété permet de répondre à de nombreuses utilisations textiles et de correspondre à tous les styles, avec une parfaite adaptabilité.
Une étoffe qui absorbe la lumière et le son
La texture particulière du velours lui apporte brillance et luminosité. Il permet de créer des jeux de lumières, des couleurs plus ou moins claires ou foncées, selon la façon dont il a été confectionné.
Mais c’est aussi un tissu qui absorbe et atténue les bruits, créant une sensation feutrée et douce, particulièrement prisée dans le domaine de l’ameublement. Cette ambiance de velours est par exemple typique des salles de cinéma ou des théâtres.
Des textiles confortables et robustes
C’est aussi sa solidité qui fait la réputation du velours. Les tissus velours sont résistants et doux, ce qui les rend agréables à porter. Leur tissage les rend tolérant à la tension et à l’usure. Leur opacité et leur épaisseur naturelles leur permettent également d’être des isolants et chauds.
Le velours peut généralement être conservé pendant de longues années, s’il est bien entretenu. En vieillissant, il a l’avantage de se patiner naturellement, un peu comme le fait le cuir.
Quels sont les inconvénients et limites du velours ?
Des défauts qui varient selon la fibre utilisée
Nous l’avons vu, le velours peut être fabriqué à partir de différentes matières premières, qui vont jouer sur ses caractéristiques, en lui conférant certains avantages, mais aussi inconvénients.
Chaque fibre présente ainsi ses limites. Par exemple :
- le velours de soie est cher à l’achat (comptez plusieurs centaines d’euros le mètre) et sa confection interroge sur le bien-être animal (élevage et traitement des vers à soie) ;
- le velours de coton (conventionnel) est issu d’une matière première gourmande en eau et en pesticide, qui pollue l’environnement et présente des risques sanitaires pour les humains ;
- le velours de polyester est issu d’une matière première non renouvelable et polluante (le pétrole), nocive autant pour l’environnement que pour la santé des travailleurs.
Une qualité variable
La qualité du velours dépend de plusieurs critères. Ce type de tissage peut être sujet à des accrocs, au rétrécissement ou à l’effilochement. Si le prix n’est pas toujours gage de qualité, il rentre souvent en ligne de compte avec le velours : les velours haut de gamme sont souvent réputés comme plus résistants, mais sont fatalement plus onéreux. Fiez-vous surtout à la composition de l’étoffe et à son poids pour apprécier sa qualité.
Un tissu salissant et à l’entretien délicat
Le velours a le principal inconvénient d’accrocher les saletés, comme la poussière et les poils d’animaux. C’est particulièrement le cas pour les tissus d’ameublement, qui sont d’autant plus difficiles à entretenir. Rideaux, tapis ou housses doivent ainsi être régulièrement nettoyés pour rester sains, d’autant plus si vous souffrez d’allergies ou de maladies respiratoires. Vous pouvez pratiquer un brossage régulier à contresens du poil pour limiter l’accumulation, à l’aide d’une brosse spécifique ou d’un aspirateur.
Le velours n’apprécie pas l’eau ni les détergents trop agressifs, ce qui rend son lavage plus délicat que d’autres textiles. Son entretien dépendra aussi de la matière première utilisée. Fiez-vous toujours aux recommandations indiquées sur les étiquettes.
En machine à laver, le velours est généralement lavé à basse température (30°C) et avec un faible essorage. Optez pour un séchage à plat, à l’air libre. Pour les grosses pièces en velours, privilégiez un nettoyage à sec.
Les taches seront tamponnées à l’aide d’un tissu ou d’une éponge légèrement humidifiée. Le bicarbonate, le talc ou la terre de Sommières font aussi partie des produits conseillés pour l’entretien du velours.
Contenu rédigé par Marion Mesbah
Après plusieurs années d’expérience dans le milieu du web, surtout comme rédactrice, Marion continue à écrire sur des sujets qui la passionnent : les plantes, les animaux de compagnie, mais aussi la consommation responsable.Ayant gardé la capacité d'émerveillement d'un enfant de 6 ans, elle est systématiquement fascinée par la moindre couleur, texture, faune ou flore offerte par la nature. Et c'est entre autres pour tenter de préserver cette beauté fragile qu'elle est convaincue que nous, humains, devons modifier notre façon de consommer. Acheter en conscience, privilégier la qualité & la durabilité, se tourner vers le local,… autant de pistes qui, si elles ne sont pas parfaites, permettent de tendre vers une plus grande frugalité.